Le Burkina Faso était sous le choc lundi au lendemain d’un attentat dans la capitale Ouagadougou ayant coûté la vie à 18 personnes, Burkinabè et étrangers, qui rappelle le mode opératoire d’une attaque jihadiste sanglante il y a un an et demi. Un deuil national de trois jours a été décrété par les autorités à compter de lundi.
Le lieu de l’attaque, fréquenté par les expatriés
L’attaque « terroriste », menée par des jihadistes présumés, a visé à partir de 21H00 dimanche soir le café-restaurant Aziz Istanbul, dans le centre-ville de Ouagadougou, particulièrement fréquenté par des expatriés au moment de la retransmission de grands matchs de football. « Ils ont commencé à tirer sur la terrasse, on est monté par l’escalier jusqu’en haut, on était couché par terre, les assaillants sont venus, ils ont pointé leurs fusils sur nous (…) je ne comprenais pas leur langue, c’était de l’arabe ou quoi », a raconté un rescapé, interrogé dans un hôpital à Ouagadougou par la télévision nationale.
Lors d’un point de presse, la procureure du Burkina Faso, Maïza Sérémé, a affirmé que les « assaillants étaient très jeunes, de peau claire et noire ». « Ils sont allés au combat pour mourir », a-t-elle lancé. « Ils se sont remorqués sur une moto pour arriver sur le lieu du crime. Chacun des terroristes était armé d’un AK47 » (fusils d’assaut Kalachnikov, NDLR), a-t-elle ajouté. Selon la procureure, l’attentat a fait 18 morts, dont huit Burkinabè et sept étrangers (un Français, une Canadienne, un Sénégalais, un Nigérian, un Turc et deux Koweïtiennes), précisant que « trois victimes » n’avaient pas encore pu être identifiées. La plus jeune victime ayant succombé durant cette attaque avait 15 ans, a-t-elle souligné, précisant que parmi les 22 blessés figuraient plusieurs enfants et cinq agents des forces de défense et de sécurité. Au total, 40 personnes ont été libérées lors de l’assaut de ces forces, a-t-elle précisé. Par ailleurs, selon Ottawa, une deuxième personne de nationalité canadienne figure parmi les victimes.
Une attaque similaire à l’attentat jihadiste de janvier 2016
La procureure a relevé des « similitudes dans le mode opératoire » avec l’attaque jihadiste sanglante du 15 janvier 2016. Un commando avait alors attaqué avec des armes automatiques le café Cappuccino – situé à 200 mètres du restaurant Aziz Istanbul – et plusieurs autres établissements dont l’hôtel de luxe Splendid. Cette attaque, revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avait fait 30 morts et 71 blessés, en majorité des étrangers. Les opérations des forces de l’ordre contre les auteurs de l’attaque de dimanche soir, retranchés dans le café-restaurant, ont duré toute la nuit. Après avoir évacué le périmètre, les forces de sécurité – gendarmerie, police et armée – ont donné l’assaut vers 22H15 contre les assaillants retranchés dans l’immeuble qui abrite le café, selon un officier de gendarmerie sous couvert d’anonymat. Lundi soir, un périmètre de sécurité autour du café-restaurant Aziz Istanbul était maintenu, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a condamné lundi « l’attentat ignoble » en assurant que « le Burkina Faso se relèvera de cette épreuve car son vaillant peuple opposera une résistance sans concession au terrorisme ».
« Accélérer la mise en place du G5 Sahel »
Son homologue français Emmanuel Macron a condamné cette « attaque terroriste » avant de s’entretenir avec M. Kaboré. Les deux présidents sont convenus « de l’urgence de mettre en oeuvre les décisions prises lors du sommet de Bamako du 2 juillet et d’accélérer la mise en place de la force du G5 Sahel ». La France, présente dans la zone sahélo-saharienne avec 4 000 hommes engagés dans l’opération antijihadiste Barkhane, a poussé à la création d’une force militaire conjointe des pays du G5 Sahel – Mauritanie, Tchad, Mali, Niger et Burkina Faso – qui devrait compter 5 000 hommes.
Face à la dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences jihadistes, le G5 a réactivé en février à Bamako ce projet de force conjointe, initialement lancé en novembre 2015. Frontalier du Mali et du Niger, le Burkina Faso est depuis 2015 le théâtre d’attaques régulières de groupes jihadistes qui sévissent dans tout le Sahel. En décembre 2016, une douzaine de soldats burkinabè ont été tués dans une attaque contre un détachement de l’armée basé dans le nord du pays. En octobre 2016, une précédente attaque avait fait six morts, quatre militaires et deux civils. Plusieurs enlèvements ont aussi été perpétrés, de Burkinabè comme d’étrangers. Un Australien et un Roumain, enlevés en 2015, sont toujours captifs de groupes islamistes liés à Al-Qaïda.
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