Cotulla, l’autoproclamée « capitale hôtelière » du pétrole texan, avec ses 24 bâtiments pour 4.200 habitants, profite de la bonne santé des cours sur les marchés, mais reste sur ses gardes, quatre ans après avoir pris de plein fouet l’éclatement de la dernière bulle.
Sur le passage du plus gros bassin de production de pétrole du monde, le bassin permien, et du plus large port d’exportation de pétrole du pays, Corpus Christi, la commune voit défiler les camions remplis de cuves de pétrole ou de sable, matériau indispensable à l’extraction du pétrole de schiste, une industrie au poids prépondérant au Texas.
Leur activité frénétique tranche avec la froideur des façades d’hôtels qui se dressent dès l’arrivée dans l’agglomération, aux noms dignes d’une station balnéaire: Hampton Inn, Candlewood, Malana, Baymont… Les plages du golfe du Mexique sont pourtant loin de ce territoire de seulement cinq kilomètres carrés, où 24 enseignes se disputent le gîte. « La question que j’entends le plus souvent chez les nouveaux arrivants, c’est pourquoi autant d’hôtels? », s’amuse Stéphanie Patel, gérant de La Quinta et de ses 65 chambres.
La position centrale de Cotulla, en plein sur le bassin de production pétrolière d’Eagle Ford, le deuxième du pays, et proche du bassin permien, lui a permis de devenir un point de passage obligé pour l’industrie, mais aussi pour le commerce avec le Mexique grâce à l’une des routes les plus longues du pays. L’Interstate 35 relie le Minnesota, près du Canada, à la commune frontalière de Laredo, au sud.
Le lien avec les hydrocarbures s’est renforcé encore un peu plus dernièrement, avec la construction à la sortie de la ville d’un oléoduc qui reliera le poumon pétrolier d’Eagle Ford au port de Corpus Christi, à 200 kilomètres de là. La relation entre Cotulla et le pétrole ne date pas d’hier. Au tournant des années 2010, alors qu’Eagle Ford devenait la destination par excellence de la ruée vers l’or noir et que le prix du baril dépassait régulièrement les 100 dollars, le centre-ville s’est transformé en chantier géant.
« C’était complètement fou, les gens étaient à deux doigts de planter leur tente pour rester ici », se rappelle Larry Dovalina, administrateur de la ville. « Nous avions probablement l’Holiday Inn le plus cher des Etats-Unis, la chambre était entre 200 et 300 dollars avec un taux d’occupation à 100% », raconte-t-il, nostalgique, en référence à la chaîne d’hôtellerie américaine.
Mais en octobre 2014, alors que l’euphorie bat son plein sur les marchés, la bulle pétrolière éclate brusquement en raison d’une production mondiale supérieure à la demande. De plus de 100 dollars le baril, les cours ont fondu de plus de moitié en six mois, avant de toucher le fond un an après à 26 dollars. « L’industrie était tétanisée, car elle ne savait pas jusqu’où cette dégringolade pouvait aller », se remémore Andy Lipow, analyste pour la société d’investissement Lipow Oil Associates.
Les projets d’investissements et le personnel ont subi des coupes massives, laissant exsangues des secteurs qui en dépendaient fortement, à l’image de la restauration. Et donc, de l’hôtellerie. A Cotulla, le taux de remplissage et le prix de la nuit d’hôtel ont chuté, menant même l’un des établissements, le Malana, jusqu’à la banqueroute.
La contagion s’est étendue aux finances locales. Très dépendante de la santé de son fleuron, la ville a vu son trésor fiscal fondre d’un tiers durant la crise, à moins de 400.000 dollars. Il peine depuis à retrouver son niveau, car le prix moyen d’une chambre oscille désormais entre 80 et 100 dollars, et le taux d’occupation ne s’est pas totalement reconstitué.
Pour ne pas revivre la même crise, Cotulla veut désormais diversifier son économie, à l’image du développement d’un aéroport, ou de l’accent mis sur le bétail, l’une des autres spécialités texanes. Elle fait aussi plus de pédagogie: chaque deuxième mardi du mois, une réunion rassemble notamment dirigeants d’hôtels et représentants de grands groupes pétroliers, tel que Halliburton.
Mais une angoisse demeure. « Avec le boom du pétrole, on a vu pousser ces hôtels à plusieurs millions de dollars. Qu’est-ce qui arrivera le jour où ce sera terminé? Voilà ma seule crainte », s’inquiète Carl Childers, résident de Cotulla depuis 50 ans.
D.C avec AFP
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