L’engagement de l’administration Biden en décembre 2022 de prendre « plus de 100 mesures » en faveur de normes environnementales nettement plus strictes dans le domaine des biens de consommation est en train de se concrétiser. Mais les associations de consommateurs prédisent que les Américains paieront plus cher pour des produits moins performants, et que les fabricants feront face à des pénuries et à des ruptures de la chaîne d’approvisionnement.
« Au cours des derniers mois, l’administration Biden a adopté de nouvelles normes pour les lave-linge, les lave-vaisselle et d’autres types d’appareils ménagers. A chaque fois, il s’agit d’un renforcement de normes déjà très strictes », a déclaré O.H. Skinner, directeur exécutif de l’Alliance for Consumers, à Epoch Times.
« La majorité des produits actuellement sur le marché ne répondront plus aux normes et devront être modifiés ou retirés du marché », a ajouté M. Skinner. « Les produits de tous les jours dont les gens ont vraiment envie vont devenir plus chers ou vont disparaître, et ce qui sera sur le marché sera plus cher mais pas meilleur. Les gens vont se demander pourquoi leur vie s’est dégradée ».
Ces nouvelles réglementations du ministère de l’énergie viennent s’ajouter à celles déjà mises en place par l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA), notamment concernant les émissions des pots d’échappement et les centrales électriques. De plus, des efforts ont été déployés pour interdire les cuisinières à gaz, ce qui, selon les critiques, aura des conséquences similaires sur ces secteurs d’activité. Nombre de ces nouvelles réglementations seront finalisées d’ici l’année prochaine et les fabricants auront plusieurs années pour s’y conformer.
En décembre 2022, la Maison Blanche a annoncé que « l’administration Biden-Harris a dépassé son objectif de 100 mesures pour 2022 en matière de renforcement des normes d’efficacité énergétique pour toute une série d’appareils et d’équipements et pour réduire les coûts pour les familles américaines ». L’annonce fait état de 110 nouvelles réglementations promulguées par les agences fédérales sur « tout ce qui concerne les climatiseurs et les chaudières, les lave-linge et les sèche-linge, les appareils de cuisine et les chauffe-eau, ainsi que les équipements commerciaux et industriels ».
Selon l’administration Biden : « Une fois finalisées, ces normes réduiront les émissions de gaz à effet de serre d’environ 2,4 milliards de tonnes, soit l’équivalent des émissions de carbone de 10 millions de foyers, de 17 millions de voitures à essence ou de 21 centrales électriques au charbon sur une période de 30 ans. Les économies prévues pour les consommateurs grâce à ces normes s’élèveraient à 570 milliards de dollars cumulés et, pour un ménage moyen, cela se traduirait par des économies annuelles d’au moins 100 dollars.
Ces mesures suivent un scénario bien connu : cela commence par des rumeurs de nouvelles directives, suivies par des démentis officiels, puis par la mise en place de diktats draconiens. Par exemple, des informations ont circulé selon lesquelles la Consumer Product Safety Commission (Commission de sécurité des produits de consommation) interdisait les cuisinières à gaz en raison de prétendus problèmes de sécurité, suscitant un tollé en janvier. La Commission a démenti ces informations, et les médias ont tourné en dérision tous ceux qui y croyaient. Pourtant, cette annonce a été rapidement suivie par l’adoption de nouvelles normes environnementales par le ministère de l’environnement, qui interdisent de fait la fabrication de 50% des cuisinières à gaz actuellement disponibles sur le marché.
Les normes du ministère de l’environnement ont suscité des critiques de la part des républicains de la Chambre des représentants qui, dans une lettre adressée à la ministre, Mme Granholm, le 21 mars, y voient une « tentative évidente d’interdire les appareils à gaz dont bénéficient des millions d’Américains ».
« Votre tentative d’interdire les appareils à gaz n’a aucun fondement juridique et ne relève pas de votre compétence », ont déclaré les représentants du Parti républicain. « Le ministère de l’énergie bénéficie d’un soutien bipartisan, et vos actions visant à satisfaire le programme climatique radical de l’administration Biden ne donnent pas une bonne image du ministère ».
Alors que les associations de défense des consommateurs doutent que ces nouvelles mesures puissent permettre aux Américains de réaliser des économies, de leur côté les fabricants d’appareils électroménagers prédisent que les consommateurs ne seront pas satisfaits de ces produits mais n’auront pas d’autres choix que de les acheter.
Les nouveaux appareils électroménagers seront « plus proches des années 1950 » que de 2020
Au lieu de permettre aux fabricants d’appareils électroménagers d’innover et d’intégrer les caractéristiques recherchées par les consommateurs, « ils devront repenser la conception de leurs produits et les rendre plus proches des années 1950 que de 2020 », a déclaré Jill Notini, porte-parole de l’Association des fabricants d’appareils électroménagers.
Les fabricants expliquent avoir essayé de discuter avec le ministère de l’énergie dans l’espoir de simplifier ces nouvelles règles, les agences gouvernementales et l’industrie étant connues pour coopérer lors de l’élaboration de nouvelles normes, mais ils disent s’être heurtés à un mur avec l’administration Biden.
Face à ce qu’un dirigeant industriel a décrit comme étant une « avalanche » de nouvelles normes, les fabricants de lave-vaisselle et de lave-linge se retrouvent obligés de concevoir des appareils qui réduisent d’un tiers leur consommation d’eau et d’énergie. En outre, les nouvelles normes du ministère de l’environnement élimineront 98 % des lave-linge à chargement par le haut actuellement déjà sur le marché, imposeront des machines plus grandes, et supprimeront l’agitateur central permettant d’augmenter les performances de nettoyage.
Selon les fabricants, ces normes vont augmenter de 200 dollars le coût d’un lave-linge à l’achat et vont également signer la fin des sèche-linges moins coûteux. Les fours à micro-ondes figurent également sur la liste des appareils visés.
Sous la houlette du procureur général du Tennessee, Jonathan Skrmetti, 21 procureurs généraux d’État ont écrit le 2 mai à la secrétaire du ministère de l’énergie, Jennifer Granholm, pour lui faire part de leur inquiétude face à cette nouvelle tentative du ministère de décider des appareils électroménagers que les Américains peuvent ou ne peuvent pas acheter.
« Le plan de l’administration visant à microgérer les choix des citoyens en matière d’appareils ménagers se traduira par un choix plus restreint, des fonctionnalités moindres et des coûts plus élevés pour les consommateurs », a déclaré Jonathan Skrmetti, procureur général du Tennessee, à Epoch Times.
« Les normes, légalement, ne tiennent pas la route parce qu’elles reposent sur un raisonnement simpliste et des données incertaines », a déclaré M. Skrmetti. « Ce type d’ingérence bureaucratique dépasse largement le champ d’action du gouvernement fédéral tel qu’il est envisagé par la Constitution. »
La lettre des avocats généraux critique, entre autres, la « confiance aveugle » que le ministère de l’environnement accorde aux estimations du groupe de travail sur le coût social des gaz à effet de serre qui lui a rendu ses conclusions, estimations qui sont « fondamentalement erronées et ne constituent pas une mesure fiable sur laquelle fonder une action administrative ». En outre, les avocats généraux accusent les ordonnances du ministère de fouler aux pieds les principes constitutionnels du pays, « d’ignorer les réactions et les préférences des consommateurs » et de « négliger les coûts que les fabricants devront supporter pour se conformer aux nouvelles normes ».
Les états démocrates se rallient à l’agenda vert
Les réglementations ne sont pas seulement le fait des agences fédérales ; les états gérés par la gauche ont également décidé d’interdire les véhicules à moteur à combustion interne (ICE), les cuisinières à gaz, le chauffage au gaz ainsi que d’autres produits fonctionnant avec des combustibles fossiles. En réponse à ces exigences en matière d’émissions automobiles, Stellantis, propriétaire des marques Dodge, Chrysler et Jeep, a déclaré qu’il allait réduire ses livraisons de voitures à essence vers certains états (la Californie, New York, le Massachusetts, le Vermont, le Maine, la Pennsylvanie, le Connecticut, le Rhode Island, Washington, l’Oregon, le New Jersey, le Maryland, le Colorado, le Minnesota, le Nevada, la Virginie et le Nouveau Mexique), afin de se conformer aux nouvelles normes en vigueur dans ces états. Ceux-ci espèrent convaincre les consommateurs d’acheter des véhicules électriques dans les dix prochaines années.
Un concessionnaire automobile du Delaware a expliqué au Wall Street Journal que ses livraisons régulières de modèles populaires de Jeep à essence allait s’arrêter, mais qu’il proposerait à la place des SUV électriques, coûtant 20.000 dollars de plus que leurs équivalents à essence. Si les subventions fédérales ne convainquent pas suffisamment de consommateurs de passer aux VE, les constructeurs automobiles pourraient être amenés à réduire le nombre de voitures à essence qu’ils produisent pour rester dans le cadre des normes attendues, calculées en termes de part du parc automobile.
La Californie a décidé que les VE devront représenter 100 % des nouvelles ventes d’ici 2035, contre environ un cinquième aujourd’hui. Les constructeurs automobiles qui n’atteindront pas ce seuil pourront acheter des crédits de régulation à des fabricants de VE par exemple Tesla, mais cela contribuera à rendre le coût des voitures à essence encore plus élevé.
« La majorité des voitures actuellement vendues n’existeront plus et seront remplacées par des voitures électriques, qui pour l’instant ne représentent qu’une petite part de marché », a déclaré M. Skinner. « En remplaçant la majorité des voitures en circulation par des voitures plus chères, des voitures que nous ne pourrons peut-être jamais fabriquer en nombre suffisant pour reproduire le mode de vie actuel, il est tout à fait logique de prédire que dans l’avenir les acteurs gouvernementaux voudront un monde dans lequel moins de gens auront accès à une voiture ».
En outre, il a ajouté que de nombreux VE actuellement vendus sont des voitures plus petites, ce qui est intéressant pour les conducteurs proches des villes ou qui parcourent de courtes distances et avec peu de passagers. Mais elles ne conviennent pas forcément aux familles ou aux habitants des zones rurales.
« Le coût d’une voiture capable de transporter en toute sécurité une famille de cinq personnes va être énorme, bien au-delà de ce à quoi les gens sont habitués aujourd’hui », a déclaré M. Skinner. « Beaucoup de ces voitures électriques à 50.000 dollars sont essentiellement des berlines ; lorsque Chevrolet sortira un Suburban électrique [le SUV phare de la marque], je frémis à l’idée du nombre de batteries qu’il lui faudra. »
Étant donné que de nombreux produits moins chers seront éliminés du marché, le coût des « 110 actions » dont parle M. Biden affectera probablement le plus lourdement les Américains à faible revenu. Outre le fait que les consommateurs ne pourront plus acheter les produits qu’ils souhaitent réellement, les fabricants préviennent que des pénuries sont à prévoir.
Une coalition de constructeurs automobiles, d’entreprises du bâtiment et d’entreprises de composants électriques, a adressé une lettre à M. Biden le 22 mai dans laquelle ils l’informent que sa transition énergétique, y compris ses projets d’expansion à marche forcée du réseau électrique et du réseau de recharge des véhicules électriques, les met dans une situation de pénurie critique car ils disent ne pas disposer de matériaux essentiels, en particulier l’acier électrique, en quantité suffisante.
« Les moteurs électriques, les transformateurs, les batteries de véhicules électriques, les générateurs et autres types d’équipements électriques indispensables, tous ont besoin d’acier électrique », ont-ils écrit. « Les pénuries d’acier électrique sur le marché intérieur engendrent des problèmes importants et persistants au niveau de la chaîne d’approvisionnement de nos industries ».
Se pose notamment le problème de la réalisation des objectifs de production de VE et de la capacité à rétablir le courant après les coupures d’électricité. Ils citent également « un inventaire insuffisant des transformateurs de distribution utilisés dans les nouvelles constructions résidentielles et commerciales ». Et « malgré le fait que deux fabricants nationaux se sont récemment engagés à augmenter […] la production, cela ne sera pas suffisant pour atteindre les objectifs d’électrification et satisfaire la demande créée par l’IIJA [loi sur les infrastructures] et l’IRA [loi sur la réduction de l’inflation] ».
De plus en plus, les États-Unis sont obligés de se tourner vers la Chine pour pallier ces pénuries.
Dépendance à l’égard de la Chine
Selon certains économistes, cette transition à marche forcée voulue par l’administration Biden rendra l’Amérique plus dépendante de la Chine.
« La stratégie Biden qui consiste à se découpler de la Chine, en ce qui concerne les matériaux critiques dont l’administration a besoin pour ses grandes idées sur la transition énergétique, relève de l’utopie pure et simple », a déclaré Steve Hanke, professeur d’économie appliquée à l’université Johns Hopkins, à Epoch Times.
M. Hanke, qui a fait partie du Conseil des experts économiques sous Reagan, rappelle que la Chine domine largement le monde dans ce qu’il appelle les « trois M » : 1) l’ingénierie minière et minérale, 2) l’ingénierie métallurgique et 3) la science et l’ingénierie des matériaux ».
Ces industries sont essentielles pour fournir les matières premières et les composants des éoliennes, des panneaux solaires et des véhicules électriques. Or, c’est la Chine qui contrôle la production et le raffinage d’un grand nombre de ses minéraux.
Selon un rapport de la Brookings Institution datant de juillet 2022, « la demande de ces minéraux essentiels – notamment le nickel, le cuivre, le lithium et le cobalt – va augmenter, en grande partie en raison de leur utilisation dans le secteur des énergies renouvelables. La demande devrait quadrupler d’ici 2040 selon le scénario de développement durable de l’Agence internationale de l’énergie, qui prévoit une augmentation de la température mondiale bien inférieure à 2°C si l’ensemble de la communauté internationale agit à l’unisson. Dans le cadre d’un scénario de zéro émission net, cette demande serait multipliée par six. (…) Et la Chine est l’acteur dominant dans le traitement des minerais au niveau mondial ».
En outre, M. Hanke cite le cas des minéraux de terres rares comme le néodyme, le dysprosium et le terbium, qui sont nécessaires pour produire les aimants que l’on trouve dans les éoliennes et les véhicules électriques. Une éolienne de 3 mégawatts à entraînement direct contient près de deux tonnes de ces aimants, a indiqué M. Hanke dans une tribune du 4 mai.
« Fait étonnant, écrit-il, la Chine gère 90 % de la production des aimants de terres rares ». La transition vers les énergies renouvelables donne donc à la Chine l’influence stratégique sur les minerais que l’OPEP a sur la production de pétrole.
« Si les États-Unis insistent pour bousculer la Chine dans le domaine des matériaux critiques, celle-ci peut riposter, et riposter fort », a déclaré M. Hanke. Comme l’a dit Deng Xiaoping en 1987, « le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a des terres rares ».
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