DÉCRYPTAGE – Après de longues semaines de consultations, Emmanuel Macron a finalement choisi de nommer le 5 septembre Michel Barnier à Matignon. Sa nomination a suscité des réactions partagées de la part de la presse étrangère. Si certains titres de presse retiennent de lui son « intransigeance » au moment des négociations du Brexit, ou qu’il doit sa nomination au parti de Marine Le Pen, d’autres soulignent sa solide carrière politique et sa capacité de dialogue.
Un « dur » lors des négociations du Brexit
La presse d’outre-Manche n’a pas manqué de réagir à la nomination de l’ancien commissaire européen au marché intérieur et aux services. « Guess who’s back ! » (« Devinez qui revient ! », ndlr), lancent les journalistes David Wilcock, Taryn Pedler et Peter Allen dans le titre d’un article publié la semaine dernière sur le site du média conservateur Daily Mail.
Il faut dire que la presse de droite anglaise garde un souvenir amer de Michel Barnier, souvent vu comme une personnalité politique assez sévère au moment des discussions entre Bruxelles et Londres lorsqu’il était négociateur en chef du Brexit pour l’UE.
Nos confrères du média cité précédemment n’hésitent pas à parler de lui comme un « Brexit hardliner » (« Un partisan d’une ligne dure sur les négociations du Brexit », ndlr), et la « bête noire » des soutiens du départ du Royaume-Uni de l’Union européenne. D’ailleurs, la nomination de Michel Barnier a également fait réagir l’ancien député européen et homme fort du Brexit Nigel Farage : « Michel Barnier devient le nouveau Premier ministre français. Un fanatique de l’UE qui fera l’affaire du vendu Starmer (l’actuel Premier ministre britannique, ndlr) », a-t-il publié sur le réseau social X le 5 septembre.
Mais les journalistes du Daily Mail ne s’arrêtent pas là dans leur article. Ils ironisent aussi sur l’âge et la carrière politique du nouveau locataire de Matignon. « Le négociateur de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, fait un retour fracassant en étant nommé Premier ministre le plus âgé de l’histoire de la France par le président Macron désespéré de mettre fin à l’impasse politique à Paris », peut-on lire dans la suite du titre.
« Il était pratiquement invisible dans la vie politique française depuis qu’il n’a pas réussi à obtenir l’investiture du parti de droite Les Républicains pour défier Macron à l’élection présidentielle en 2022 », raillent les journalistes.
Nommé avec « la bénédiction du RN »
Du côté de nos voisins transpyrénéens, on souhaite davantage mettre en évidence que l’ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac a été nommé Premier ministre grâce au Rassemblement national. Le quotidien de centre gauche espagnol El País estime qu’ « avec la nomination du conservateur Barnier au poste de Premier ministre, le président français remet de facto la clé de l’Assemblée nationale à l’extrême droite, qu’il avait appelé à neutraliser lors des élections législatives ».
Même chose du côté du journal de centre droit El Mundo, qui dans un article intitulé : « Michel Barnier, le nouveau Premier ministre de Macron avec la bénédiction de Le Pen » regrette que le chef de l’État qui a « lancé un appel à l’unité des partis pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir », se soit « appuyé sur le leader du RN pour obtenir la nomination de l’ancien commissaire européen ».
Par ailleurs, El Mundo s’inquiète également de l’étiquette politique du nouveau chef de gouvernement français qui, selon lui, ne correspond pas aux résultats des élections législatives anticipées. « Ce n’est pas son expérience qui pose un problème, mais le fait qu’il soit de droite alors que c’est la gauche qui a remporté la majorité aux élections législatives de juillet », peut-on y lire.
Pour les deux titres de presse espagnols, la nomination de Michel Barnier tient aussi au fait qu’Emmanuel Macron cherchait quelqu’un qui lui ressemble et « qui ne remettrait pas en cause ses réformes déjà approuvées, comme celle sur les retraites ».
« Une réputation d’homme pragmatique et à l’écoute »
Si l’arrivée de l’ancien négociateur en chef du Brexit pour l’Union européenne à la rue de Varenne n’a pas convaincu une partie de la presse britannique et espagnole, il n’en est pas de même pour certains autres médias américains ou européens.
CNN semble avoir dressé un portrait plutôt positif de l’ancien ministre de l’Agriculture et de la Pêche de Nicolas Sarkozy, dépeignant un « europhile convaincu […] membre du parti Les Républicains, qui représente la droite traditionnelle » et qui « est surtout connu sur la scène internationale pour son rôle de médiateur dans la sortie du Royaume-Uni de l’UE ».
Chez nos confrères néerlandais de De Telegraaf, on met aussi en avant quelqu’un qui est « considéré comme un homme politique expérimenté » et qui « jouit d’une grande notoriété internationale ».
Enfin, du côté du quotidien irlandais The Irish Times, on estime que Michel Barnier « apporte à cette tâche [poste de Premier ministre, ndlr], une réputation d’homme patient, pragmatique, médiateur et à l’écoute ».
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