Pour la première fois, Santé publique France a mesuré les niveaux d’imprégnation de la population française par six familles de substances présentes dans l’environnement et cherché à identifier les sources d’exposition probables – produits ménagers, cosmétiques, emballages alimentaires, etc.
Bisphénols, phtalates, solvants, parabènes… Une vaste étude publiée mardi montre que six « polluants du quotidien » dont on connaît encore mal les effets « sont présents dans l’organisme de tous les Français », alors que le gouvernement présente sa feuille de route contre les perturbateurs endocriniens.
« Nous nous sommes intéressés à ces substances parce qu’il y a une préoccupation sanitaire, mais en aucun cas on ne peut prédire si les valeurs retrouvées représentent un risque sanitaire pour la population », car on manque encore de connaissances sur le sujet, a précisé Clémence Fillol, responsable de la surveillance biologique à Santé publique France.
Des conséquences sanitaires encore mal connues
L’organisme public rappelle toutefois que certains de ces produits sont des perturbateurs endocriniens ou des cancérigènes avérés ou suspectés. Les substances recherchées sont les bisphénols (A,S et F), les phtalates, les parabènes, les éthers de glycol, les retardateurs de flamme bromés et les composés perfluorés.
Elles entrent dans la composition d’emballages alimentaires, de peintures, d’ustensiles de cuisine, de cosmétiques ou de produits ménagers. L’usage de certaines est déjà très retreint (bisphénol A, interdit en France dans tous les contenants alimentaires depuis 2015, certains phtalates et composés perfluorés).
Santé publique France : de nombreux polluants chimiques mesurés chez les adultes et les enfants – Générations Futures https://t.co/RvXwfkQAVd
— Dany (@AudranDany) September 3, 2019
L’Agence de sécurité sanitaire (Anses) devra notamment établir une liste de perturbateurs endocriniens, en expertisant au moins six substances en 2020, puis neuf par an à partir de 2021.
En 2017, l’agence a déjà publié une série d’avis sur cinq substances, faisant notamment état « d’un possible effet perturbateur endocrinien » pour le triclocarban, utilisé comme antibactérien et antifongique.
Le SNPE vise également à renforcer les mesures de contrôle, notamment dans le cadre de la règlementation européenne, et favoriser la recherche de produits de substitution.
Les niveaux d’imprégnations sont plus élevés chez les enfants
Les résultats publiés par Santé publique France s’inscrivent dans le cadre d’Esteban – Étude de santé sur l’environnement, la bio-surveillance, l’activité physique et la nutrition -, un programme de recherche lancé en 2014 pour suivre l’état de santé de la population, et en particulier son exposition aux polluants.
Les mesures ont été réalisées entre 2014 et 2016 sur un échantillon représentatif de la population générale, composé d’environ 1 100 enfants et 2 500 adultes habitant en France continentale. Pour la plupart des substances, les niveaux d’imprégnation retrouvés sont « comparables à ceux d’autres études menées à l’étranger, notamment aux États-Unis et au Canada ». Ils étaient toutefois plus faibles pour les parabènes et les retardateurs de flamme.
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— Fabien Prévots (@fabienprevots) September 3, 2019
Santé publique France souligne aussi que « des niveaux d’imprégnation plus élevés sont retrouvés chez les enfants », ce qui peut s’expliquer par le fait qu’ils touchent et portent davantage les objets à la bouche, qu’ils sont plus exposés aux poussières domestiques ou que leur poids est relativement plus faible par rapport à leurs apport alimentaire.
Aérer son logement
Les participants ont également répondu à des questionnaires sur leurs habitudes de vie, qui permettent de faire des hypothèses sur les sources d’exposition aux polluants.
Les résultats montrent notamment que « l’utilisation de produits cosmétiques et de soins augmente les niveaux d’imprégnation des parabènes et des éthers de glycol » et que « plus le logement est aéré » fréquemment « plus les niveaux d’imprégnation » en composés perfluorés et en retardateurs de flamme bromés « sont bas ».
Les informations sur la présence de perturbateurs dans les produits de consommation courante seront disponibles pour le grand public sur un site sur les produits chimiques, qui doit être lancé avant la fin de l’année.
Deux autres volets de l’étude, portant sur l’exposition aux métaux et aux pesticides, seront publiés ultérieurement.
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