Ils sont à l’abri dans leur nid, sur la cime d’un arbre qui surplombe une végétation calcinée : un couple de touyouyous, une espèce de cigogne emblématique du Pantanal brésilien, symbolise la résilience de ce sanctuaire de biodiversité ravagé par les flammes.
Monogames, les touyouyous, échassiers d’environ 1,5 mètres de haut, abandonnent rarement leur nid, sauf s’ils se sentent menacés. C’est ce qui est arrivé à ce couple, qui a dû s’éloigner pour échapper à des feux de forêt l’an dernier. De retour cette année, ils ont vu à nouveau les flammes s’approcher dangereusement de l’arbre où ils sont perchés, au cœur de la plus vaste zone humide de la planète.
3451 foyers d’incendie identifiés depuis janvier
Dans cette région située au sud de l’Amazonie, les incendies de grande envergure ont lieu habituellement au second semestre. Mais ils sont arrivés plus tôt cette année, avec pas moins de 3451 foyers d’incendie identifiés depuis janvier, vingt fois plus qu’en 2023 à la même époque.
D’une validité de six mois, il permet de déployer davantage de moyens plus rapidement pour combattre ces incendies que les spécialistes attribuent à une sécheresse extrême, et à des départs de feux volontaires pour l’expansion des terres agricoles sur la forêt, souvent devenus incontrôlables.
🔥🇧🇷 La plus grande zone humide de la planète, le Pantanal, sanctuaire de biodiversité au sud de l’Amazonie, est en proie aux incendies. Depuis le début du mois, 1.729 foyers ont été identifiés par satellite dans la zone, selon l’Institut brésilien de recherches spatiales (INPE). pic.twitter.com/3N1jcTAGjV
— GEO (@GEOfr) June 28, 2024
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ce week-end montrent une longue « muraille de feu » éclairer la nuit dans la forêt, en arrière-plan des festivités de la Saint-Jean dans la ville de Corumba, dans le Mato Grosso do Sul.
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— Paula Schmitt (@schmittpaula) June 23, 2024
Une opération de sauvetage
Mais cette fois, les touyouyous ont été sauvés par une opération coordonnée par une ONG et plusieurs organes publics. La mission : créer une sorte de périmètre de sécurité autour du nid, perché sur un lapacho (Handroanthus impetiginosus), un des plus grands arbres du Pantanal.
Les pompiers ont nettoyé la végétation aux alentours pour éviter que le feu ne se propage, puis ont arrosé la zone pendant 48 heures pour rafraîchir le sol. Un hélicoptère a également aspergé de l’eau sur les lieux, méticuleusement, pour éviter de mouiller ou d’endommager le nid.
Une initiative couronnée de succès : le couple est sain et sauf et n’a pas dû s’exiler comme l’an passé. « Il faut célébrer ces petites victoires, car c’est ce qui nous donne la motivation pour continuer », dit à l’AFP le biologiste Sergio Barreto de Aguiar, 42 ans, responsable technique de l’Institut de l’Homme du Pantanal (IHP), qui a pris part à cette opération avec les pompiers et le Groupe de secours technique aux animaux (Gretap-MS).
De leur nom scientifique jabiru mycteria, les touyouyous sont reconnaissables par leur col rouge, leur plumage blanc et leur tête, leur bec et leurs pattes noires. Ils se nourrissent de poissons, de petits mollusques et de crustacés.
Le touyouyou, bio-indicateur de l’écosystème
Cette espèce est considérée comme un symbole du Pantanal, raison de plus pour surveiller de près leur nid. « Nous venons régulièrement pour voir si le feu n’est pas revenu, et les pompiers sont toujours à disposition pour asperger les lieux à nouveau si nécessaire », assure Sergio Barreto de Aguiar.
Le touyouyou est aussi bio-indicateur, qui témoigne de la bonne santé de l’écosystème. « C’est une espèce qui souffre beaucoup lors de cette période (d’incendies). Quand on voit ces animaux bio-indicateurs, qui sont au sommet de la chaîne alimentaire, cela veut dire que le reste de la faune est également présente », précise le biologiste.
Mais tous les oiseaux n’ont pas eu la même chance que le couple de touyouyous. Non loin de leur nid, un pivert a été retrouvé mort, sans signe de brûlure ou de lésions externes.
« C’est le problème des incendies, ils peuvent être mortels non seulement à cause des brûlures, mais aussi à cause de l’inhalation de fumée, qui cause des problèmes respiratoires. Nous avons retrouvé de nombreux oiseaux morts pour cette raison », déplore Sergio Barreto de Aguiar.
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