Le président LR du Sénat Gérard Larcher met en garde l’exécutif des « risques d’accidentologie » à l’automne lors de l’examen du budget, évoquant une possible censure si le gouvernement ne s’emploie pas à redresser les finances publiques, dans un entretien accordé à l’AFP.
Avant les « états généraux » des Républicains samedi à Paris, le deuxième personnage de l’État, qui annonce être candidat à sa succession en septembre, préfère parler d’un « accord politique global » avec la majorité plutôt que des noms qui circulent pour Matignon en cas de remaniement, avec « un premier test » sur l’immigration.
« La période budgétaire va être très difficile », prévient M. Larcher, parlant même d’une « période à risque d’accidentologie pour l’exécutif » qui ne dispose que d’une majorité relative pour adopter le projet de loi de finances.
Comme l’an dernier, le gouvernement pourrait « aller de 49.3 en 49.3 » pour passer en force, mais le recours à l’arme constitutionnelle ne serait pas forcément sans conséquence cette fois-ci : « Il peut y avoir une censure du gouvernement », glisse-t-il.
Crédibilité financière de la France
L’année dernière, la majorité de droite du Sénat avait rejeté le budget qu’elle avait dénoncé comme « une folie dépensière », contraignant la Première ministre Élisabeth Borne à recourir au 49.3. À l’Assemblée nationale, les différentes motions de censure déposées par l’opposition n’avaient alors pas obtenu les voix suffisantes pour faire tomber le gouvernement, la soixantaine de députés LR n’ayant pas joint leurs voix à celles de l’opposition.
Cette année, il pourrait donc en aller autrement si le gouvernement présente un projet de budget qui ne redresse pas suffisamment les finances de l’État aux yeux de LR. « Si le budget n’est pas raisonné, il va y avoir un problème de crédibilité financière du pays », prévient le président du Sénat où la majorité de droite a l’habitude chaque automne de retoquer le projet de budget gouvernemental pour réduire la dépense publique.
Et si un LR ou un ex-LR comme le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin remplaçait Élisabeth Borne à Matignon ? M. Larcher refuse d’entrer dans le débat sur l’éventuel successeur : « Je ne crois pas du tout à un accord autour d’un nom sans qu’il y ait un accord global ».
Au passage, il salue le travail de la Première ministre qui, à ses yeux, « fait plutôt pas mal le job dans des circonstances qui restent très compliquées ». Le président du Sénat se dit toutefois désabusé par la « méthode » du gouvernement, prenant comme exemple la récente annonce de la revalorisation de 1,5% au 1er juillet du point d’indice des fonctionnaires, sans avoir pris soin d’en informer préalablement les collectivités locales.
Pour « une ligne autonome »
Mais le président du Sénat attend surtout qu’Emmanuel Macron adresse enfin « un signal »: « Le président de la République n’a pas bougé depuis un an. (Pour) un accord politique global, c’est vraiment à lui qu’en revient l’initiative et à nous de l’apprécier », souligne-t-il. « Un accord ne peut reposer que sur un projet, un contrat, une majorité », insiste M. Larcher.
Pour le moment, M. Larcher est partisan d’une stratégie de « cabotage » avec la majorité présidentielle. « On avance texte par texte et on arrive à se mettre d’accord ou pas », explique-t-il. Le président du Sénat plaide pour « une ligne autonome (de LR par rapport à la majorité, Ndlr) qui n’exclut pas du texte par texte ».
« Le premier test » pour les relations entre LR et la majorité sera la « question migratoire », assure M. Larcher, qui observe que l’attaque au couteau jeudi dernier à Annecy par un réfugié syrien « a touché les gens au cœur ». « Ils ont le sentiment d’un dysfonctionnement », observe-t-il, avant de lancer un avertissement au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qu’il a rencontré le 6 juin sur le projet de loi sur l’immigration.
« J’ai été clair : si on garde les propositions sur les métiers en tension, ce sera non. Il n’y aura pas d’accord », martèle-t-il, alors que Mme Borne a tendu mercredi soir la main aux LR en se disant prête à discuter des « modalités » de cette création d’un titre de séjour spécifique pour les travailleurs sans papier dans ces secteurs.
Par ailleurs, M. Larcher dit ne pas attendre de « bouleversements » des sénatoriales de septembre. Une stabilité qu’il aimerait étendre au Plateau, où il siège depuis 2014 après un premier mandat entre 2008 et 2011. « Je suis candidat à la présidence », confirme-t-il à l’AFP.
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