Cambremer : cet Ehpad est squatté par des migrants, les copropriétaires portent plainte

Par Sarita Modmesaïb
11 novembre 2024 08:14 Mis à jour: 11 novembre 2024 08:14

L’ancien Ehpad de Cambremer (Calvados) est actuellement occupé illégalement par 35 migrants, créant une nouvelle difficulté pour les copropriétaires laissés dans une détresse financière.

En février dernier, les seniors de cet Ehpad de La Pommeraie avaient déménagé à Villers-sur-Mer, regroupés avec l’Ehpad de Saint-Gatien-des-Bois par le groupe DomusVi.

« Les chambres appartiennent à de petits investisseurs, qui ont été conseillés pour investir dans des chambres médicalisées achetées 150 000 euros entre 2010 et 2012, explique Maître Benjamin Cabagno, l’avocat des 24 copropriétaires des 40 chambres sur Actu.fr. Les revenus étaient garantis pour 20 ans, et en fait ça n’a duré que dix ans, car DomusVi n’a pas renouvelé son bail ».

Nombre de ces investisseurs se retrouvent maintenant en difficulté financière, devant payer un prêt sans percevoir de loyer. Aussi le syndic de copropriété s’est-il mis en quête d’une solution de reprise. L’installation d’un nouvel Ehpad serait compliqué car l’agrément a disparu avec le déménagement.

Expulser ou transformer en en hébergement d’urgence

Alors, depuis que des squatteurs ont investi les lieux, la colère s’est emparée des copropriétaires car ils avaient justement proposé aux services sociaux de transformer le bâtiment en structure d’accueil de demandeurs d’asile. «  Je m’étais rapproché du Département et de toutes les structures d’hébergement d’urgence comme le Samu social, pour leur dire qu’on avait des locaux disponibles pour accueillir des personnes en difficulté. On aurait pu signer une convention avec un loyer, qui aurait permis de réemployer le site, affirme Maître Benjamin Cabagno. Personne ne nous a répondu. »

Seulement, aujourd’hui, les 35 demandeurs d’asile, adultes et enfants, délogés d’un squat de Lisieux, occupent illégalement ce site. Les copropriétaires font alors face à une nouvelle difficulté, pratiquer les démarches nécessaires à l’expulsion de ces squatteurs. Ils appréhendent de devoir réaliser cette démarche les faisant passer pour des « méchants », alors même qu’ils ne demandaient qu’a recevoir ces demandeurs d’asile, mais dans le respect des lois.

En outre, l’occupation illégale des locaux pose également le problème de la responsabilité juridique des propriétaires en cas d’accident. En effet, « deux cuves Antargaz n’étaient plus aux normes, assure Christèle Clément, la représentante du syndic de copropriété sur Actu.fr. En abandonnant l’exploitation, DomusVi a refusé de les rénover. Il n’est pas envisageable de les rouvrir, mais on ne peut pas savoir si les gens à l’intérieur ne l’ont pas déjà fait…  »

Sachant que les locaux ne sont également pas adaptés aux enfants, la dangerosité du site est donc avérée avec l’occupation de ces familles. Le syndic a donc déposé une plainte le 31 octobre dernier, réclamant une expulsion rapide des occupants.

L’avocat des copropriétaires rappelle toutefois qu’ils restent ouverts à une proposition d’un organisme pour transformer les lieux en hébergement d’urgence, lequel permettrait aux deux parties, migrants et copropriétaires, d’obtenir satisfaction en toute légalité.

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