L’Australie a exigé jeudi de la Chine que le cas de l’écrivain détenu Yang Hengjun, un dissident naturalisé australien, soit traité de « manière juste et transparente », une querelle qui devrait aggraver des relations bilatérales déjà tendues.
Le romancier défenseur de la démocratie, ancien diplomate, est porté disparu depuis son retour la semaine dernière à Canton, dans le sud de la Chine, en provenance des États-Unis, selon ses proches. Son ami et collègue Chongyi Feng a déclaré à l’AFP qu’il pensait que M. Yang avait été arrêté pour « espionnage ». Les autorités chinoises n’ont pas précisé ce qui avait motivé son placement en détention.
« Des représentants de notre ambassade à Pékin rencontreront les autorités chinoises ce matin (jeudi) pour demander de clarifier la nature de sa détention », a déclaré dans un communiqué la ministre des Affaires étrangères Marise Payne. « Nous continuerons à communiquer avec la Chine pour faire en sorte que cette affaire soit traitée de manière juste et transparente. »
L’écrivain de 53 ans, qui fut qualifié à un moment de blogueur politique chinois « le plus influent », a acquis la nationalité australienne en 2000. Il est actuellement chercheur invité à l’Université Columbia de New York. Yang Hengjun travailla un temps pour le ministère chinois des Affaires étrangères dans la province de Hainan (sud), avant de partir en 1992 pour Hong Kong puis en 1997 pour les États-Unis, où il a collaboré avec le cabinet de réflexion Atlantic Council.
Il est l’auteur de plusieurs romans d’espionnage à teneur politique et d’un blog en mandarin très suivi. Ses critiques contre le gouvernement chinois ont déjà fait de lui une cible. Il s’était évaporé quelques jours en 2011 durant une visite en Chine avant d’affirmer que cette « disparition » était en fait un malentendu.
La détention en Chine de deux Canadiens soupçonnés d’avoir mené des activités « menaçant la sécurité nationale » était déjà largement perçue en Occident comme des représailles de Pékin après l’arrestation quelques jours plus tôt au Canada de Meng Wanzhou, dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei.
« Tout cela ne fait que renforcer l’impression que visiter la Chine n’est pas sûr et que les services de sécurité vont de plus en plus s’en prendre aux gens pour ce qu’ils disent à l’extérieur de la Chine », s’est inquiété le sinologue Bill Bishop. Les relations entre la Chine et l’Australie sont également tendues depuis quelques mois.
L’Australie a annoncé en août que Huawei serait exclu du déploiement du réseau 5G sur son sol, citant des risques pour la sécurité. Les deux pays se livrent aussi à une lutte d’influence dans le Pacifique. Les amis de M. Yang avaient initialement fait part de leur inquiétude quand l’écrivain n’est pas monté à bord de l’avion qui devait l’amener de Canton à Shanghai le 19 janvier. En Australie, de nombreuses voix dénoncent le choix de la Chine de ne pas avoir informé rapidement les autorités australiennes de son arrestation.
« On ne peut pas enjoliver la situation. C’est un ressortissant australien, qui a été placé en détention en Chine », a déclaré le chef de l’opposition travailliste Bill Shorten. « C’est très préoccupant. Ce n’est pas comme ça que doivent être menées les relations entre nos deux pays, pas du tout comme ça. » L’ancien Premier ministre Kevin Rudd, spécialiste de la Chine, a souligné sur Twitter que le blogueur était un Australien « comme nous tous, avec des droits égaux et des protections ».
Aux termes d’un accord bilatéral consulaire de 2000, la Chine avait trois jours calendaires pour informer Canberra de la détention de M. Yang et autoriser des visites consulaires, sauf si l’intéressé renonçait à ce droit. Le groupe de défense des écrivains PEN a accusé la Chine de répression contre les auteurs. « Il est évident que M. Yang n’aurait pas été arrêté s’il n’était pas l’auteur d’écrits critiques », a-t-il déploré.
D.C avec AFP
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