Alors que l’explosion meurtrière de l’hôpital de Gaza fait la une des journaux, l’armée israélienne et le groupe terroriste du Hamas s’échangent des accusations, mais des preuves de plus en plus nombreuses montrent qu’il s’agirait d’une roquette mal tirée par l’organisation terroriste du Jihad islamique, et que cet accident a été transformé en un fallacieux récit anti-israélien.
Voici ce que l’on sait à ce jour.
De l’explosion au blâme
Vers 19 heures, heure locale, le 17 octobre, une explosion a secoué l’hôpital al-Ahli de Gaza City.
L’hôpital est situé dans le centre de la bande de Gaza, où Israël effectue ce qu’il appelle des frappes de précision dirigées contre le groupe terroriste du Hamas depuis que ses agents ont mené des raids contre des communautés israéliennes le 7 octobre, tuant des centaines de civils.
Des scènes horribles de l’explosion de l’hôpital ont été largement diffusées, des images vidéo montrent une grosse boule de feu près du bâtiment et des photos du terrain de l’hôpital jonché de corps de personnes décédées, dont des enfants.
Le Hamas a accusé l’aviation israélienne d’être responsable de l’explosion et du « massacre horrible », tandis que les autorités palestiniennes ont affirmé que l’explosion avait tué pas moins de 500 personnes.
L’armée israélienne a déclaré que l’incident a été causé par une roquette tirée par des terroristes en direction d’Israël, qui a échoué en plein vol et s’est écrasée sur le terrain de l’hôpital. Les responsables israéliens ont expliqué que l’explosion relativement importante qui s’est produite sur le terrain de l’hôpital résultait de la combinaison d’une ogive et d’un carburant non consommé par le projectile.
Depuis les premiers démentis des forces israéliennes, de nombreux éléments de preuve sont apparus, notamment des images du site de l’explosion concordant avec les types de projectiles tirés par le Hamas et d’autres groupes terroristes. De même, des communications ont été interceptées qui semblent résulter d’échanges entre des agents du Hamas à propos de l’incident. Ces éléments donnent ainsi du crédit à la version israélienne des faits.
Un certain nombre d’organes de presse ont rapidement repris la thèse défendue par le Hamas, à savoir que les frappes aériennes israéliennes étaient à l’origine de l’explosion et du carnage.
Certains membres du Congrès américain se sont également emparés de la question : l’élue Rashida Tlaib (Parti démocrate – Michigan), proche de l’extrême-gauche, a posté sur X qu’Israël « venait de bombarder » l’hôpital, « tuant 500 Palestiniens (médecins, enfants, patients) juste comme ça ».
Toutefois, un certain nombre d’experts indépendants – et les services de renseignement américains – ont jeté un doute sérieux sur cette affirmation.
La question va au délà de la simple culpabilité, et a des implications sur la stabilité régionale.
Après l’explosion, des manifestants ont jeté des pierres sur les forces de sécurité palestiniennes en Cisjordanie et sur la police anti-émeute en Jordanie voisine, exprimant ainsi leur colère.
Ailleurs au Liban, des manifestants ont tenté d’enlever les barbelés qui bloquaient l’accès à l’ambassade américaine de Beyrouth.
Un sommet prévu en Jordanie entre le président Joe Biden, le roi Abdallah II de Jordanie, le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi et le président palestinien Mahmoud Abbas a été annulé lorsque M. Abbas s’est retiré en signe de protestation contre l’explosion de l’hôpital.
« Cette guerre, qui est entrée dans une phase dangereuse, va plonger la région dans un désastre indescriptible », a averti le roi Abdallah.
Que s’est-il donc réellement passé ?
Réclamations et demandes reconventionnelles
Les vidéos et les images examinées par Epoch Times à l’intérieur et autour de l’hôpital ont montré environ deux douzaines de véhicules incendiés sur le terrain.
Des bâtiments aux fenêtres soufflées entouraient le parking, comme le montrent certaines vidéos, ainsi qu’un cratère relativement petit de plusieurs dizaines de centimètres de diamètre au sol.
Autour du lieu apparent de l’explosion, des arbres et des bâtiments portaient des traces de dégâts incendiaires. Ils étaient toujours debout et non réduits en ruines, ce qui, selon certains, aurait été le cas si l’explosion avait été provoquée par une arme israélienne à impact de fort calibre.
« Nous n’avons aucun des indicateurs d’une frappe aérienne, aucun », a souligné Michael Knights, de l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient, expert en questions militaires et de sécurité, dans le Wall Street Journal.
La taille importante de la boule de feu et de l’incendie qui s’en est suivi ont été utilisés comme argument par ceux qui cherchent à faire porter le chapeau à Israël.
Justin Bronk, chercheur principal à l’Institut royal des services unis du Royaume-Uni, a expliqué à la BBC qu’il est difficile de savoir exactement ce qui s’est passé sans mener une enquête plus approfondie.
Cependant, selon lui, il semble que l’explosion ait été causée par la chute d’une section de fusée sur le parking, le carburant d’une voiture et le propulseur d’un projectile provoquant l’énorme boule de feu et l’incendie qui s’ensuivit.
La taille du cratère en point de mire
La taille du cratère est un élément de preuve important.
L’armée israélienne a indiqué qu’en l’absence d’un grand cratère ou de dommages importants causés par l’explosion aux bâtiments avoisinants, la preuve est faite que l’explosion n’a pas été provoquée par l’une de ses ordonnances.
« Le seul endroit endommagé se trouve à l’extérieur de l’hôpital, sur le parking, où l’on peut voir des signes d’incendie, mais pas de cratères ni de dommages structurels sur les bâtiments voisins », a souligné le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole des forces de défense israéliennes (FDI), dans un communiqué publié le 18 octobre.
M. Hagari a fait valoir que toute attaque aérienne aurait causé des dégâts bien plus importants, et de nature différente.
« Nous aurions vu des cratères et des dommages structurels sur les bâtiments, deux éléments qui n’ont pas été identifiés dans cet incident », a-t-il ajouté.
Il a donné des exemples de cratères causés par des munitions air-sol – et ils sont beaucoup plus grands que ceux observés sur le parking de l’hôpital al-Ahli.
M. Hagari a indiqué que de nombreuses sources – renseignements, systèmes opérationnels et images aériennes – montraient que l’explosion avait été causée par une roquette mal tirée par un groupe terroriste sympathisant du Hamas, le Jihad islamique, qui a tiré le projectile depuis un cimetière voisin.
Il a précisé qu’à 18h59, heure locale, une dizaine de roquettes ont été tirées par des agents du Djihad islamique et que, quelques instants plus tard, une explosion a été signalée à l’hôpital.
En outre, M. Hagari a expliqué que l’armée israélienne avait intercepté des communications entre des agents du Hamas qui montrent qu’ils savaient qu’une roquette du Jihad islamique mal tirée avait provoqué l’explosion de l’hôpital, mais qu’ils avaient décidé de dire qu’il s’agissait d’un missile israélien.
« D’après nos renseignements, le Hamas a vérifié les rapports, a compris qu’il s’agissait d’une roquette du Jihad islamique ayant mal fonctionné et a décidé de lancer une campagne médiatique mondiale pour cacher ce qui s’était réellement passé. Ils sont allés jusqu’à gonfler le nombre de victimes. »
Communications du Hamas interceptées
L’enregistrement d’une conversation entre plusieurs agents du Hamas, rendu public par l’armée israélienne, confirme le récit de M. Hagari, à savoir qu’il s’agissait d’une roquette du Jihad islamique tirée par erreur à proximité de l’hôpital.
« Ils disent que les éclats d’obus du missile sont des éclats locaux et non des éclats israéliens », mentionne l’un des hommes sur l’enregistrement.
« Qu’est-ce que tu dis ? » demande l’autre.
Après une brève pause, le premier homme dit : « Ils ont tiré depuis le cimetière derrière l’hôpital ».
Même si Epoch Times n’a pas été en mesure de vérifier l’authenticité de l’enregistrement, il s’agit d’un autre élément de preuve suggérant qu’Israël n’est pas à l’origine de l’explosion, mais qu’il s’agit bel et bien d’un tir de roquette avorté venant des forces terroristes.
M. Hagari a également indiqué que, depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, environ 450 roquettes lancées par des organisations terroristes en direction d’Israël ont en fait attéri dans la bande de Gaza.
En outre, des images brutes partagées par les FDI montrent apparemment une roquette visant Israël qui « s’est trompée de cible et a explosé à 18h59, au moment même où un hôpital a été touché à Gaza ».
Les images montrent une fusée filant dans le ciel avant d’exploser en l’air dans une pluie de débris, suivis d’une explosion au sol, puis d’un brasier.
RAW FOOTAGE: A rocket aimed at Israel misfired and exploded at 18:59—the same moment a hospital was hit in Gaza. pic.twitter.com/Kf5xJazSap
— Israel Defense Forces (@IDF) October 17, 2023
Par ailleurs, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson, a déclaré que les États-Unis continuaient à recueillir des informations sur l’incident, mais que les premières évaluations des services de renseignement exonéraient l’armée israélienne de toute responsabilité dans l’explosion.
« Notre évaluation récente, reposant sur l’analyse des images aériennes, des interceptions et des informations de source ouverte, est qu’Israël n’est pas responsable de l’explosion de l’hôpital de Gaza », a-t-elle souligné dans un communiqué de presse publié sur X.
Mme Watson n’a pas désigné de coupable potentiel, mais Joe Biden a levé un peu plus le voile sur la version des faits retenues par les Américains, en déclarant au premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors de sa visite en Israël le 18 octobre, qu’ «il semble que ce soit l’autre équipe qui l’ait fait, et non vous».
Au fur et à mesure que l’on découvre des informations sur l’explosion, Netanyahu a affirmé sur X que « ce sont les terroristes barbares de Gaza qui ont attaqué l’hôpital de Gaza, et non les FDI ».
« Ceux qui ont brutalement assassiné nos enfants assassinent également leurs propres enfants », a-t-il ajouté.
Environ 1400 Israéliens ont été tués lorsque des terroristes du Hamas ont franchi une barrière de sécurité le 7 octobre et se sont infiltrés dans les communautés, tuant de sang-froid des civils, dont des enfants.
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