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Charlie Hebdo publie un livre pour célébrer ses disparus, près de dix ans après l’attentat de 2015

novembre 29, 2024 13:32, Last Updated: novembre 29, 2024 13:32
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À l’approche du 10e anniversaire de l’attentat islamiste ayant décimé sa rédaction, Charlie Hebdo rend hommage à ses « disparus » dans un livre poignant, destiné à « faire mentir les terroristes » qui se réjouissaient, le 7 janvier 2015, d’avoir « tué » le journal.

Douze personnes ont perdu la vie dans l’attaque par les frères Kouachi de l’hebdomadaire satirique, cible de menaces jihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006. Parmi elles, huit membres de la rédaction : les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychiatre et psychanalyste Elsa Cayat, l’économiste Bernard Maris et le correcteur Mustapha Ourrad.

Attendu le 5 décembre aux éditions Les Échappés, Charlie Liberté, le journal de leur vie célèbre leur travail à travers une sélection de dessins, de textes et de témoignages sur plus de 200 pages. Les dernières sont également dédiées à l’ancien webmaster de l’hebdomadaire, Simon Fieschi, grièvement blessé en 2015 et décédé en octobre à 40 ans, une semaine avant que l’ouvrage ne parte à l’impression…

« L’idée, c’était de parler des disparus », de « ce qu’ils ont fait aussi avant d’être à Charlie » et de « comment » ils y sont arrivés, relate auprès de l’AFP Gérard Biard, le rédacteur en chef du journal. Pour « continuer, en quelque sorte, à les faire vivre et à faire mentir les deux terroristes qui, après avoir commis leur massacre, sont sortis de la rédaction » en criant « On a tué Charlie Hebdo ! », poursuit le journaliste.

« Ils n’ont pas tué Charlie Hebdo« 

« Ils n’ont pas tué Charlie Hebdo« , qui s’écoule chaque semaine à 50.000 exemplaires, selon Gérard Biard. Quant aux disparus, « eux non plus ne sont pas morts », leur œuvre n’ayant « pas pris une ride », fait-il valoir.

Outre leurs créations pour l’hebdomadaire à l’humour corrosif – de Maurice et Patapon, les chien et chat anticapitalistes de Charb, à la rubrique « Charlie Divan » d’Elsa Cayat -, le livre revient sur les premières esquisses de Cabu, lauréat à 19 ans d’un concours pour une marque de stylos, la fascination d’Honoré pour les animaux ou encore l’amour de la langue française de Mustapha Ourrad…

Il s’agit de donner au lecteur l’« envie d’être libre comme ils l’ont été », explique Riss, le directeur de Charlie, dans l’introduction du livre.

« On ne fait pas Charlie Hebdo par hasard », souligne M. Biard, rappelant que François Cavanna et le professeur Choron l’ont fondé en 1970 pour « y écrire et y lire ce qu’ils ne pouvaient pas lire ailleurs » et contourner la censure du pouvoir gaulliste visant leur magazine Hara Kiri.

Dénoncer « l’emprise de toutes les religions » sur les libertés

« Charlie Liberté » inaugure ainsi les commémorations des dix ans des attentats de janvier 2015 contre le journal, une policière de Montrouge et l’Hyper Cacher, qui ont fait 17 morts. L’hebdomadaire sortira également en janvier un numéro spécial de 32 pages, comprenant les meilleurs dessins du concours international de caricatures #RiredeDieu qu’il a lancé jusqu’à mi-décembre pour dénoncer « l’emprise de toutes les religions » sur les libertés.

Il y retracera aussi l’emballement autour des caricatures de Mahomet, à l’origine de violentes manifestations dans les pays musulmans, initialement publiées en 2005 par le quotidien danois Jyllands-Posten et reprises par l’hebdomadaire en 2006.

Charlie Hebdo avait republié ces dessins en 2020, « pièces à conviction » à la veille de l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015, de même que la couverture conçue en 2006 par Cabu, « délibérément mal comprise » par ses détracteurs, selon M. Biard.

Cette Une, dans laquelle Mahomet « débordé par les intégristes » juge que « c’est dur d’être aimé par des cons », figure dans Charlie Liberté.

En 2015, une semaine après la tuerie, le journal avait représenté le prophète tenant une pancarte « Je suis Charlie », sous le titre « Tout est pardonné ». Charlie s’autocensure-t-il depuis ? « On n’a jamais fait un dessin simplement parce que cela nous amusait (…) Aujourd’hui, pour critiquer, pour parler de ce qu’est l’idéologie islamiste, il n’y a plus besoin de dessiner Mahomet. Tout le monde a compris que Mahomet était un prétexte » pour les terroristes, assure Gérard Biard.

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