Le 5 juillet 2020, un chauffeur de bus est mort, roué de coups par deux jeunes hommes qui avaient refusé de porter leur masque, malgré le rappel du chauffeur. Trois minutes d’images, dépourvues de son, pour essayer de comprendre : au procès des agresseurs d’un chauffeur de bus tué il y a trois ans à Bayonne, la cour d’assises s’est attachée à reconstituer la scène, lundi, à partir de la vidéosurveillance.
Ce 5 juillet 2020, vers 14h00, les deux accusés, Wyssem Manai et Maxime Guyennon, 25 ans aujourd’hui, montent dans un bus conduit par la victime, Philippe Monguillot, 59 ans, pour se rendre à la gare de la ville. La vidéo montre le chauffeur se diriger vers les deux jeunes, par l’extérieur, pour exiger de l’un d’eux qu’il achète des billets à la borne de l’arrêt.
À 19h00, les deux garçons, accompagnés d’un troisième, remontent dans un bus conduit par le même chauffeur, pour rentrer chez eux. Ils affirment être « entrés directement par l’arrière » du véhicule, « sans avoir vu qui était le conducteur ». Le trio est rejoint par un quatrième individu durant le trajet. C’est là que le conducteur, masque sanitaire pendu à l’oreille, s’approche d’eux et leur reproche de ne pas en porter un. Sur les images, on voit d’autres passagers mettre précipitamment le leur à ce moment-là.
Le ton monte, un coup de tête est donné
Le ton monte et le chauffeur semble leur demander de descendre, tandis que le groupe, véhément, l’entoure. Le conducteur assène alors à Wyssem Manai un coup de tête, qualifié de « soudain » par un policier à l’audience. « Ce qui m’a choqué, c’est que ça a explosé d’un coup », abonde Maxime Guyennon. Philippe Monguillot tire ensuite l’un des jeunes vers l’extérieur, où les violences continuent à l’arrière du bus, dans l’angle mort des caméras. Les deux accusés admettent avoir porté « plusieurs coups de poing et de pied » sur la victime au sol.
Le chauffeur « se relève dans un état groggy, instable sur ses membres inférieurs, avec une désorientation dans l’espace et une capacité de réaction fortement amputée », explique à la cour le médecin légiste auteur de l’autopsie. Il évoque un « traumatisme clairement centré sur le crâne et la face ».
Alors que le chauffeur semble vouloir regagner sa cabine, Wyssem Manai lui assène un dernier coup de poing. Il « chute comme un poids mort », estime le médecin. L’autopsie relie la cause du décès à une « chute sur un plan dur », qui a entraîné une hémorragie crânienne importante. « On a une fracture de 17 cm » de la nuque au front, précise l’expert.
Les jeunes agresseurs avaient pris la fuite
Après la chute, les deux jeunes hommes avaient pris la fuite car ils ne pensaient pas « que ça pouvait aller aussi loin », selon les termes de Maxime Guyennon, qui a tenu à « présenter ses excuses » à la famille, « même si elles paraissent futiles ». « Si je pouvais donner ma vie pour Philippe Monguillot, je le ferais », a aussi déclaré Wyssem Manai.
Quand les proches du défunt viennent témoigner à la barre, les deux accusés baissent la tête, qu’ils tiennent entre leurs mains. « Je me dis qu’ils ont dû y aller comme des bourrins et je refuse d’entendre que les victimes sont dans le box », lance Manon, 24 ans, une des trois filles. « Notre deuil n’a pas commencé parce qu’on attendait ce procès et je pense que même après, il ne se terminera jamais », dit sa sœur Marie, 21 ans, la plus jeune. Leur mère, Véronique Monguillot, 55 ans, évoque sa « survie » depuis le drame. « On n’a pas le droit de détruire une femme et trois jeunes femmes », accuse-t-elle avant de se rasseoir, un portrait de son mari sur les genoux.
Le procès doit s’achever jeudi. Un troisième accusé, qui devait comparaître pour avoir aidé les deux autres à fuir en leur fournissant un logement, sera jugé ultérieurement pour raison médicale.
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