Donald Trump, président élu des États-Unis, a annoncé son intention d’abolir l’Accord de partenariat transatlantique (TPP) après son arrivée à la Maison Blanche, laissant certains pays désespérés. Le Chili et le Pérou ont finalement adhéré aux accords commerciaux alternatifs menés par la Chine dans la région Asie-Pacifique. Le monde constate à contrecœur que Donald Trump, qui proclame comme priorité les intérêts américains, peut abandonner le poste de « président mondial » bienfaiteur. Le Financial Times prévoit que ce poste serait partagé entre la Chine et la chancelière allemande Angela Merkel. Dans deux articles intitulés China Pledges to Lead the Way on Global Trade (La Chine s’engage à ouvrir la voie au commerce international) et Merkel takes liberal-democratic stand in post-Trump world (Merkel prend une position libérale-démocratique dans le monde après l’arrivée de Trump), ce journal accorde la mission de la mondialisation économique à la Chine et celle de la défense des valeurs occidentales à Merkel.
La Chine a été la première à bénéficier de la mondialisation
En août dernier, j’ai cité les résultats d’une étude publiée par Branko Milanovic, ancien économiste principal de la Banque mondiale et John E. Roemer, professeur de sciences politiques à l’université de Yale. Il montre que deux pays en développement, la Chine et l’Inde, connaissent une croissance économique rapide grâce à la mondialisation, alors que dans les pays développés, l’écart entre les riches et les pauvres est en train de se creuser. L’étude arrive à une triste conclusion : bien que la mondialisation conduise inévitablement à l’augmentation du revenu et à la réduction de l’écart entre les revenus au niveau mondial, elle a aggravé l’inégalité dans les pays développés. Ainsi, la mondialisation peut être perçue dans les pays développés comme un phénomène augmentant l’inégalité.
Une autre étude menée par Justin Pierce, économiste à la Réserve fédérale, et Peter Schott, professeur à la Yale School of Management, arrive à la conclusion que depuis que les États-Unis avaient accordé en 2000 à la Chine le statut de relations commerciales normales et permanentes (PNTR, permanent normal trade relations), la moitié des emplois perdus dans l’industrie manufacturière américaine peut être attribuée à l’augmentation des importations en provenance de Chine.
En outre, les suicides et les décès du même type étaient beaucoup plus élevés dans les secteurs les plus touchés par le PNTR. Une augmentation du chômage de seulement 1% a entraîné une augmentation du taux de suicides de 11%. Selon le rapport, les hommes blancs ont été les plus affectés, car ils sont plus susceptibles de travailler dans le secteur manufacturier que les autres groupes de population.
Par contre, le régime chinois n’a rien perdu et n’a fait que bénéficier de la mondialisation, ce qui se manifeste sous quatre aspects principaux :
Forte hausse du PIB : le PIB de la Chine a augmenté 48 fois, passant de 216,8 milliards de dollars en 1978 – la première année de la réforme et de l’ouverture de ce pays – à 10 980 milliards de dollars en 2015.
Transformation de l’importateur net de capitaux en principal exportateur de capitaux : avant sa réforme et son ouverture, la Chine n’accordait de l’aide étrangère qu’aux pays « frères » et n’effectuait pas d’investissement à l’étranger. Vers 2015, la Chine est devenue le deuxième plus grand investisseur étranger au monde ; ses investissements étrangers directs dépassaient 1 000 milliards de dollars.
De nombreux milliardaires : la Chine compte plus de milliardaires que n’importe quel autre pays. Un quart des 2 188 milliardaires dans le monde sont chinois. Avant la réforme et l’ouverture, il n’y avait pas de riches en Chine, mais en 2015, il y avait 568 milliardaires, ce qui dépassait le nombre aux États-Unis (535).
Importante classe moyenne : une importante classe moyenne s’est développée en Chine, constituant plus de 20% de sa population. Selon le Global Wealth Report 2015 du Crédit Suisse, la Chine a la plus nombreuse classe moyenne du monde (109 millions), dépassant les 92 millions des États-Unis.
Toutefois, la Chine ne s’est pas complètement adaptée à la mondialisation. Elle a refusé de s’aligner sur la démocratie, les droits de l’homme et la politique universelle. Dès le début de l’arrivée au pouvoir de l’ancien dirigeant Hu Jintao, le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) a souvent proclamé son intention d’empêcher une révolution de couleur. Il a déclaré explicitement son rejet de « l’infiltration » des valeurs occidentales.
De même que la dynastie des Qing qui voulait à l’époque coloniale « préserver le système chinois tout en introduisant la technologie occidentale », aujourd’hui, le PCC veut conserver le marxisme et le maoïsme en utilisant la science et la technologie occidentales.
La Chine peut-elle devenir le porte-drapeau de la mondialisation ?
En matière de puissance militaire, la Chine occupe la troisième place mondiale. Toutefois, il existe un écart important par rapport aux États-Unis, surtout concernant l’armée de l’air et la puissance de combat naval, nécessaires pour une intervention au niveau mondial.
Quant à la puissance économique, bien que le PIB de la Chine et des États-Unis dépasse les 10 000 milliards de dollars, on note une grande différence dans le PIB par habitant. Alors que le nombre de riches en Chine dépasse celui des États-Unis, le nombre de pauvres en Chine occupe la deuxième place mondiale, après l’Inde. Le montant des dépenses de la Chine pour « maintenir la sécurité nationale » au Xinjiang et au Tibet est équivalent au montant de ses dépenses militaires, bien qu’il est destiné uniquement à la stabilité interne. Ces points montrent déjà qu’il ne sera pas possible pour la Chine de mener la mondialisation comme le faisait les États-Unis.
Hu Jintao avait introduit le terme de « modèle chinois » et un groupe de chercheurs chinois et étrangers a proclamé que « le consensus de Pékin remplacera le consensus de Washington ». Ces déclarations ont été écartées après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping.
Le gouvernement chinois est bien conscient de ses faiblesses. Bien qu’il soit très attrayant de devenir un leader mondial, Pékin sait clairement que la gestion de son système financier est une lourde tâche.
Dans le dernier graphique des Black Swans (cygnes noirs) du marché financier mondial publié par la Société Générale, la Chine a été considérée comme un pays au « risque économique » le plus important, compte tenu de sa bulle immobilière, de sa dette et de ses prêts douteux. Les experts estiment également à 20% le risque d’un « atterrissage dur » de la Chine.
Les médias chinois lancent aujourd’hui des slogans tels que « Oubliez l’immobilier et protégez les réserves en devises ». Les réserves en devises sont confrontées à un risque d’épuisement rapide et constituent une fragilité du système financier. Le gouvernement chinois essaie de protéger la monnaie des États-Unis au lieu de sa propre monnaie ! Bien que le yuan soit devenu l’une des cinq monnaies de réserve du Fonds monétaire international, sa force est bien inférieure à celle du dollar américain.
En somme, le statut de leader mondial des États-Unis dépendait de trois facteurs. Premièrement, c’est une très grande puissance militaire. Deuxièmement, le dollar américain est la devise de réserve mondiale et les États-Unis vendaient leurs obligations partout dans le monde. Troisièmement, les États-Unis soutenaient économiquement le monde entier.
La Chine n’a aucun de ces pouvoirs. Elle ne peut pas prendre la place des États-Unis. Ses valeurs ne sont pas compatibles avec le monde occidental et le yuan chinois n’occupe pas une forte position internationale.
He Qinglian, éminente auteure et économiste chinoise actuellement installée aux États-Unis, a publié les ouvrages suivants : China’s Pitfalls (Les pièges de la Chine), consacré à la corruption lors de la réforme économique en Chine des années 1990 et The Fog of Censorship: Media Control in China (Le brouillard de la censure : le contrôle des médias en Chine) qui traite de la manipulation et du contrôle de la presse. Elle est spécialiste des questions sociales et économiques de la Chine contemporaine.
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