Le numéro un chinois est sorti renforcé du XIXe congrès du Parti communiste chinois (PCC), faisant entrer à l’unanimité des 2.300 délégués son propre nom dans la charte du parti avant d’obtenir un nouveau mandat de cinq ans à la tête du pays le plus peuplé du monde.
Dans un discours fleuve à l’ouverture du congrès, il n’a laissé aucun espoir d’assouplissement du régime, dont l’autoritarisme s’est déjà renforcé durant ses cinq premières années de pouvoir.
Ayant réussi à écarter du pouvoir Jiang Zemin et sa clique, responsables de la corruption généralisée et du lancement en 1999 d’une persécution à grande échelle contre le mouvement spirituel Falun Gong, Xi Jinping aura au moins sur ce point fait quelque chose de bien pour la Chine. Mais si la corruption disparaît peu à peu, la persécution envers le Falun Gong continue même si dans certaines régions elle est devenue petit à petit un peu moins acharnée.
Quant au système communiste en lui-même, Xi n’a donné aucun signe indiquant un changement à court ou long terme. « Chacun d’entre nous doit en faire davantage pour défendre l’autorité du parti et le système socialiste chinois et s’opposer résolument à toute parole et action de nature à les saper », a-t-il intimé à ses camarades, auxquels il a annoncé l’entrée dans « une nouvelle ère du socialisme à la chinoise ».
Un discours qui annonce une poursuite de « la répression des dissidents au nom de la défense de la sécurité nationale », selon Patrick Poon, d’Amnesty International.
Sous Xi Jinping, la Chine s’est dotée d’un arsenal juridique permettant de réprimer les voix discordantes, particulièrement sur l’internet.
« Encouragé par les lois sur la sécurité nationale imposées par Xi, la police continuera probablement à poursuivre quiconque ose critiquer la politique du gouvernement », prévoit depuis Hong Kong Frances Eve, de l’association des Défenseurs chinois des droits de l’homme (CHRD). « La répression, les arrestations, la surveillance omniprésente et la censure vont s’accroître ».
En juillet dernier, le dissident Liu Xiaobo, seul Chinois à obtenir un prix Nobel de la paix mais inconnu de la majorité de ses compatriotes, est mort en détention d’un cancer sans que le régime cède aux appels de l’Occident à le laisser partir à l’étranger. Sa veuve, la poétesse Liu Xia, reste depuis 2010 en résidence surveillée, sans qu’aucune charge n’ait jamais été portée contre elle.
Les libertés « sont constamment attaquées en Chine aujourd’hui », assure Margaret Lewis, spécialiste du droit chinois à l’Université Seton Hall aux États-Unis.
L’ère Xi Jinping s’est déjà signalée en 2015 par l’interpellation de quelque 200 avocats et militants des droits de l’homme, dont quelques-uns ont depuis été condamnés à des peines de prison ferme.
Lors du congrès qui s’est achevé mardi, l’avocat Yu Wensheng a tenté de défier le régime en adressant une lettre ouverte aux délégués.
« Le Parti communiste chinois parle de liberté, de démocratie, d’égalité et d’État de droit, mais rien de cela n’existe en Chine », a-t-il écrit dans sa missive. « L’élite et les plus riches détiennent le pouvoir et la corruption est partout ».
L’avocat a été interpellé immédiatement après avoir diffusé sa lettre, consultable sur internet mais pas en Chine. La police l’a interrogé pendant trois heures le jour même du discours d’ouverture de Xi Jinping, a-t-il précisé dans une autre déclaration diffusée en ligne.
Yu Wensheng, qui s’est fait connaître l’an dernier en portant plainte contre la municipalité de Pékin en raison de la pollution atmosphérique endémique dans la capitale, a expliqué à l’AFP avoir décidé d’écrire son message du fait de la détérioration des droits de l’homme en Chine ces dernières années, « particulièrement les arrestations d’avocats à grande échelle ».
Terrence Holiday, expert en droit chinois à l’Université Northwestern (États-Unis), juge la lettre de Yu Wensheng « extraordinairement courageuse ».
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