Le régime chinois vient de licencier un fonctionnaire ayant publié sur les médias sociaux des informations sur les souffrances des habitants de Xi’an, soumis aux règles strictes du Covid‑19, et critiqué la gestion de l’épidémie par la ville.
Le fonctionnaire a évoqué dans son message la situation d’un homme de 31 ans ayant marché huit jours et huit nuits jusqu’à sa ville natale en raison de son manque de revenus, de l’absence de transports publics et de la peur de la quarantaine à Xi’an.
Deux autres travailleurs migrants de Xi’an ont fait de même, l’un à vélo pendant 10 heures dans la nuit glaciale, l’autre en traversant à la nage une rivière gelée.
Cependant, le message du fonctionnaire a été qualifié de rumeur, retiré d’Internet et censuré par le régime.
« Un fonctionnaire ordinaire connaît très bien les règles du Parti communiste chinois (PCC). Il n’ose pas dire des choses qui pourraient mettre le régime en colère, sans compter que le fonctionnaire licencié est un haut fonctionnaire », a déclaré Tang Jingyuan, commentateur américain des affaires chinoises, pour Epoch Times le 8 janvier. « Même un fonctionnaire autocensuré est licencié à cause d’un message en ligne, vous pouvez imaginer à quel point le régime chinois contrôle étroitement les propos des gens. »
« Après étude, nous avons décidé de licencier Song Wentao du poste de directeur adjoint du département de l’organisation de la division de la construction populaire », a annoncé le 6 janvier la All‑China Federation of Returned Overseas Chinese (ACFROC).
L’ACFROC est un organe clé du Département de travail du Front uni, dont le rôle est d’influencer les élites et les organisations à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine pour qu’elles soutiennent le régime. M. Song, en tant que haut fonctionnaire de l’ACFROC, avait l’habitude de visiter différentes villes chinoises pour vérifier leurs performances en matière de réintégration des Chinois revenus de l’étranger.
La notification du Centre de signalement des réseaux de la province de Shaanxi, le 4 janvier, explique la raison du licenciement de M. Song.
« Le compte Qingfengmingyue Lou a posté un article intitulé ‘Les peines des gens de Xi’an : pourquoi certains d’entre eux ont fui Xi’an et ont même risqué leur vie et enfreint la loi’ sur WeChat le 2 janvier », a annoncé le centre. « Le compte est détenu par Song Wentao. »
Le centre a affirmé que le post de M. Song rassemblait les plaintes des gens en ligne, « ignorant tous les efforts des habitants contre l’épidémie ».
Ce que M. Song a posté, selon le centre, n’est pas vrai. Mais les habitants de Xi’an et les annonces de la police locale ont confirmé les cas décrits dans son post.
M. Song a détaillé dans son post certaines situations vécues par les habitants de Xi’an sous le strict confinement. Par exemple, les gens n’ont aucune solution pour acheter de la nourriture ou d’autres produits de première nécessité. Ils ne peuvent pas se rendre dans les hôpitaux.
« Les habitants de Xi’an s’inquiètent davantage de mourir de maladie ou de faim que du Covid‑19 », conclut M. Song dans son message.
Dans son message, M. Song a énuméré trois hommes qui ont fui la ville lorsque le régime a annoncé le confinement, mais qui ont été arrêtés par la police avant d’arriver chez eux dans d’autres villes de la province du Shaanxi. Xi’an est la capitale de la province du Shaanxi, dans le nord‑ouest de la Chine. En raison de la mise en quarantaine, le régime a arrêté tous les transports publics à Xi’an, et les gens ne peuvent pas évacuer la ville, ni en train, ni en bus, voiture ou avion.
« Sans accessoires ni GPS, [l’homme de 31 ans] a marché huit jours et huit nuits, escaladé de vastes montagnes, pataugé dans des rivières glacées, traversé le bassin du fleuve Yangtze depuis le bassin du fleuve Jaune et franchi le Qinling, la ligne qui sépare le nord du sud de la Chine », écrit M. Song.
L’homme mentionné par M. Song est originaire d’une zone rurale de la ville d’Ankang, dans le sud du Shaanxi, où les gens se nourrissent de ce qu’ils cultivent. À Xi’an, l’homme louait une chambre dans un village proche de l’aéroport de Xianyang et gagnait sa vie en vendant des vêtements dans un stand de vendeur ambulant.
Après le confinement de la ville, l’homme ne pouvait plus gagner d’argent, mais devait acheter de la nourriture et payer son loyer. Il a décidé de rentrer chez lui, bien qu’il n’y ait pas de transports publics et que des postes de contrôle empêchent les gens de se déplacer dans chaque village et commune.
L’homme a quitté sa chambre louée le 16 décembre et a été arrêté par la police dans le district de Ningshan le 24 décembre, à environ 120 km de l’aéroport. Pendant ces huit jours, il n’a fait de sieste qu’en début d’après‑midi, lorsqu’il y avait du soleil. Le reste du temps, il a continué à marcher parce qu’il faisait trop froid pour dormir.
M. Song a regretté que le personnel médical ait effectué les tests dans les rues de Xi’an. « Après la neige, le vent était fort et froid. Les travailleurs médicaux dans les rues devaient pulvériser des désinfectants entre les tests. Presque toutes leurs mains étaient bleues à cause du froid. »
M. Song a exprimé sa tristesse pour tous les habitants ordinaires de Xi’an qui étaient enfermés chez eux mais ne pouvaient pas obtenir de nourriture, qui étaient malades mais ne pouvaient pas recevoir de traitement, et qui ont été forcés de passer des tests alors que le système de code de santé que le régime utilise pour effectuer les tests était en panne.
M. Song a critiqué les fonctionnaires de Xi’an qui ont strictement interdit aux gens de s’entraider, et qui exploitent cette situation pour faire de l’argent. Il a cité des exemples :
Une marchande de légumes a trouvé un moyen d’acheter et d’expédier des légumes dans le quartier résidentiel où elle vit, mais les surveillants du quartier ne lui ont pas permis de les vendre. Le gouvernement de Xi’an a placé des gardiens dans chaque complexe résidentiel pour empêcher les habitants de sortir de chez eux. Dans le même temps, il a ordonné à tous les habitants d’acheter des légumes uniquement auprès d’une entreprise peu fiable. M. Song a partagé la publicité de l’entreprise qui montrait que le prix d’une boîte de légumes était de 438 yuans (60 €).
Le 8 janvier, une vidéo sur Xi’an s’est rapidement répandue sur les médias sociaux chinois avant d’être censurée. Dans la vidéo, deux employés du régime distribuaient de la nourriture à une famille et demandaient à l’habitant de remercier le gouvernement avant de prendre la nourriture.
Le 5 janvier, un article a révélé que certains habitants de Xi’an avaient été invités à s’autocensurer.
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