Le Soudan, où des militaires ont pris le pouvoir lundi après la dissolution des autorités de transition, en place depuis la destitution de l’autocrate Omar el-Béchir en 2019, est un pays situé entre le Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne, confronté à une grave crise économique.
Entre l’Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient, le Soudan partage ses frontières avec le Soudan du Sud, la Centrafrique, le Tchad, la Libye, l’Egypte, l’Erythrée et l’Ethiopie, et dispose d’une façade maritime sur la mer Rouge.
En 2011, le plus grand pays d’Afrique
Avant la sécession du Sud en 2011, c’était le plus grand pays d’Afrique. Sa superficie atteint désormais près de 1,88 million de km2, partiellement désertique.
Sa population de 43,8 millions d’habitants (Banque mondiale 2020), majoritairement musulmane, se caractérise par une forte diversité ethnique. L’arabe est la langue officielle. La charia (loi islamique) instaurée en 1983 puis gelée, a de nouveau été appliquée sous le régime de Béchir.
En 1989, Omar el-Béchir prend la direction du pays puis destitué
En 1989, Omar el-Béchir prend la direction de cet ancien condominium anglo-égyptien, indépendant depuis 1956, après un coup d’Etat militaire soutenu par les islamistes. Il est élu président en 2010 puis en 2015 lors de scrutins boycottés par l’opposition.
Il est destitué par l’armée le 11 avril 2019, après quatre mois d’une contestation populaire déclenchée par le triplement du prix du pain. En juillet, militaires et contestataires signent un accord de transition de trois ans.
Le président déchu a depuis été condamné pour corruption. Il est également jugé à Khartoum pour le putsch qui l’a amené au pouvoir.
Tensions entre militaires et civils
Lundi, après des semaines de tensions entre militaires et civils qui se partagent le pouvoir depuis 2019, l’armée a arrêté la quasi-totalité des dirigeants civils, notamment le Premier ministre parce qu’il refusait de soutenir un « coup d’Etat », selon le ministère de l’Information.
Le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête des autorités de transition, a annoncé la dissolution du gouvernement et du Conseil de souveraineté et décrété l’état d’urgence dans l’ensemble du pays.
Après une première guerre civile (1955-1972), un second conflit entre Nord et Sud fait deux millions de morts entre 1983 et 2005.
Zones frontalières riches en pétrole
Un accord de paix est signé en 2005 et le Soudan du Sud proclame son indépendance le 9 juillet 2011.
Au printemps 2012, les relations Nord-Sud s’enveniment dans des zones frontalières riches en pétrole. Des combats opposent les deux armées.
A partir de 2003, la région du Darfour (ouest) est secouée par un conflit opposant les forces soudanaises à des rebelles de minorités ethniques, provoquant plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés essentiellement les premières années, selon l’ONU.
En août, le Soudan a annoncé son intention de remettre Omar el-Béchir à la Cour pénale internationale (CPI), réclamé depuis plus de dix ans pour « génocide » et crimes contre l’humanité lors du conflit au Darfour.
De nombreuses mines d’or illégales
Le Soudan, qui compte de nombreuses mines d’or illégales, est l’un des pays les plus pauvres du monde, classé 170e sur 189 pour son Indice de développement humain (Pnud 2020).
La sécession du Sud a plombé l’économie soudanaise, privée des trois quarts de ses réserves de pétrole et de l’essentiel des revenus de l’or noir.
Le Soudan a également pâti de vingt ans d’embargo américain en raison de violations des droits humains et de liens avec le « terrorisme », jusqu’en 2017, et de son inscription sur la liste noire américaine des pays soutenant le « terrorisme », jusqu’en décembre 2020, freinant les investisseurs étrangers.
Le pays pratique une politique d’austérité en échange de l’effacement de sa dette par le Fonds monétaire international (FMI), avec une suppression de subventions, notamment sur les carburants. L’inflation avoisine les 400%. La crise est encore aggravée par des blocages de manifestants.
Le pays connaît par ailleurs des inondations dévastatrices.
Des sites classés au patrimoine mondial de l’humanité
Les civilisations anciennes du Soudan ont érigé davantage de pyramides que celles d’Egypte mais restent largement méconnues.
Le site archéologique de l’île de Méroé (220 km au nord de Khartoum), classé au patrimoine mondial de l’humanité, a fait l’objet d’une exposition au Louvre en 2010.
Cette civilisation (du IIIe siècle avant J.-C. au IVe siècle après J.-C.) avait emprunté des traits culturels à l’Egypte pharaonique, à la Grèce puis à Rome, s’ajoutant à un substrat africain.
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