Alors que sous la pression de la mobilisation du monde agricole, Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont récemment réaffirmé l’opposition de la France à la signature d’un accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, le traité de libre-échange UE-Nouvelle-Zélande devrait entrer en vigueur au cours de l’année 2024. Que contient cet accord également décrié par les paysans français et pourquoi est-il remis en cause ?
Beaucoup de droits de douane supprimés
En marge d’un déplacement en Haute-Garonne vendredi dernier, le Premier ministre, Gabriel Attal assurait que la France « s’oppose de manière claire, comme elle l’a fait depuis le premier jour par la voix du président de la République à la signature du traité Mercosur ».
Ce mardi 30 janvier, Emmanuel Macron a expliqué depuis la Suède qu’il ne souhaite pas qu’un accord entre le vieux continent et les pays d’Amérique du Sud soit signé à cause de « règles qui ne sont pas homogènes avec les nôtres ». Des mots qui ne risquent pas d’être suffisants pour désamorcer la crise avec le monde agricole, en colère depuis deux mois, entre autres contre le libre-échangisme.
En effet, le traité commercial entre l’UE et la Nouvelle-Zélande, signé l’été dernier et définitivement ratifié par l’exécutif européen le 27 novembre, va entrer en vigueur cette année après sa ratification par Wellington. Cet accord, qui permettrait selon la Commission européenne « d’augmenter le commerce bilatéral de 30% en l’espace d’une décennie » et qui comprend des « engagements sans précédent en matière de durabilité, notamment le respect de l’accord de Paris sur le climat et des droits fondamentaux du travail » prévoit de supprimer totalement les droits de douane pour certains produits en provenance de la Nouvelle-Zélande, comme les kiwis, les pommes ou le miel et une réduction des droits sur des contingents de beurre, de lait en poudre, de viande ovine et bovine.
Concernant les exportations de produits européens, l’accord supprime les droits de douane pour des produits industriels (médicaments, pièces de véhicules) et des aliments (vin, viande porcine, chocolat, mousseux).
La crainte d’une concurrence déloyale
Cet accord entre Bruxelles et Wellington n’est pas sans inquiéter les producteurs de lait français qui craignent l’arrivée de produits laitiers nettement moins chers et donc en capacité de les concurrencer fortement malgré les limites d’exportation fixées (15.000 tonnes par an). Idem pour les éleveurs de bovins et d’ovins qui ne voient pas d’un bon œil l’importation de 38.000 tonnes de viande ovine et de 10.000 tonnes de viande bovine.
Le système de production néo-zélandais radicalement différent du français a aussi de quoi alimenter les peurs. Les exploitations y sont très grandes, l’élevage y est intensif et il n’est pas rare de trouver plusieurs fermes à « 1000 vaches ».
« Face à un pays dont la production agricole hyper-compétitive représente 80% des exportations totales du pays, quels seront les gains pour l’UE sur le plan agricole ? Quels seront les gains sur le plan sanitaire et environnemental ? », avait alerté dans un communiqué publié le 1er juillet 2022, le syndicat majoritaire agricole, la FNSEA, avant de rajouter qu’il serait vigilant « à ce que les secteurs de production sensibles que sont la viande bovine, la viande ovine et les produits laitiers ne soient pas victimes d’importations qui dérèglent les marchés ».
La Coordination rurale avait quant à elle critiqué la Commission européenne qui « nous fait comprendre qu’avec cet accord, elle ne veut plus d’élevage en Europe ».
En plus, les différents produits néo-zélandais ne sont pas soumis aux mêmes normes que les produits européens. À titre d’exemple, l’atrazine est un herbicide utilisé par les exploitants agricoles en Nouvelle-Zélande, alors qu’il a été interdit en Europe en 2003, et rien dans l’accord n’empêche son utilisation pour les produits exportés vers l’UE.
Un vrai sujet quand on sait que l’excès de normes et la concurrence déloyale sont à la base de la colère des agriculteurs français qui gronde depuis la fin du mois de novembre.
Un accord néfaste pour l’environnement ?
Ce traité commercial est également remis en cause pour son impact négatif sur l’environnement. Certains pointent même du doigt des contradictions entre les engagements européens de respect des objectifs du Green Deal et la signature de cet accord de libre-échange.
Ces échanges renforcés entre l’Europe et le pays océanien, séparés par 20.000 kilomètres, vont nécessiter davantage de transports maritimes et vont donc engendrer l’émission de plus de gaz à effets de serre. D’ailleurs, une étude d’impact publiée par la Commission européenne en 2022 précisait que l’accord entraînerait une augmentation importante des émissions de gaz à effets de serre via le transport maritime et la production de viandes et de produits laitiers, de secteurs générant beaucoup de méthane, un gaz très polluant.
Une analyse partagée par des ONG environnementales et des syndicats agricoles tels qu’Attac ou la Confédération paysanne qui estiment que cet accord UE-Nouvelle-Zélande va « aggraver le réchauffement climatique ».
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