Lorsque la vice-présidente américaine Kamala Harris est montée sur scène, lors de son premier rassemblement en tant que candidate à l’élection présidentielle le 23 juillet, la chanson Freedom de Beyoncé – le nouvel hymne de campagne des Démocrates – résonnait dans les haut-parleurs. Cette chanson allait devenir le cri de ralliement de la candidate, et aussi une partie du message à destination des électeurs.
« Au nom de nos enfants, de nos petits-enfants et de tous ceux qui se sont sacrifiés si chèrement pour notre liberté, nous devons être dignes de ce moment », a déclaré Mme Harris dans un discours prononcé un mois plus tard lors de la convention nationale du Parti démocrate (DNC) à Chicago. Au cours de sa courte campagne (à peine six semaines) pour devenir le nouveau porte-drapeau du Parti démocrate, Mme Harris a cherché à réunir les appels à la liberté et un autre principe normalement associé au message politique des républicains : le patriotisme.
« Les Démocrates essaient de leur voler la vedette, de remettre l’idée de liberté et de patriotisme » au cœur du programme, selon J. Edwin Benton, professeur de sciences politiques à l’université de Floride du Sud.
Ces sujets porteurs ont été la clé des discours de Harris depuis le lancement de sa campagne et contrastent avec les accusations de racisme lancées par Biden contre Trump. Bien que Mme Harris n’ait pas vraiment abandonné ce message, elle a adopté un ton plus positif et tente de réduire l’avance de Trump dans les sondages des États clés.
La réponse de Trump à ce nouveau message ne s’est pas fait attendre. Selon lui, l’élection n’est pas un choix entre les Démocrates et les Républicains, mais entre « le communisme et la liberté ».
Selon un sondage Reuters/Ipsos du 27 août, Harris gagne du terrain sur Trump sur les questions de l’économie et de la criminalité – 43 % des électeurs font confiance à Trump sur l’économie, contre 40 % pour Harris. Les candidats sont à égalité à 40 % sur la question de la criminalité.
Trump conserve une avance de 42 à 37 % sur Harris auprès des électeurs indépendants, selon le sondage YouGov du 27 août.
Changement de message
Tim Walz, candidat démocrate à la vice-présidence, a également évoqué la notion de liberté dans son discours de convention.
« Lorsque nous, les Démocrates, parlons de liberté, nous pensons à la liberté d’améliorer sa vie et celle des gens qu’on aime. La liberté de prendre ses propres décisions en matière de santé », a déclaré M. Walz.
Dès sa première semaine de campagne, Harris a expliqué vouloir défendre six libertés fondamentales : le droit de vote, le droit d’être à l’abri de la violence par armes à feu, le droit de vivre sans crainte du sectarisme ou de la haine, le droit d’aimer ouvertement qui ont veut, le droit d’apprendre « toute notre histoire » en matière de violence raciale et le droit pour les femmes de prendre des décisions en matière de procréation sans ingérence de la part du gouvernement.
Le thème est directement tiré du discours sur l’état de l’Union prononcé en 1941 par l’ancien président américain Franklin D. Roosevelt, connu sous le nom de « discours sur les quatre libertés ».
S’adressant à une nation au bord de la guerre, Roosevelt a décrit un monde « fondé sur quatre libertés humaines essentielles » : la liberté de parole et d’expression, la liberté de culte, la liberté de vivre à l’abri du besoin et la liberté de ne pas craindre une agression militaire extérieure.
Plusieurs dizaines d’années plus tard, la liberté est devenue l’une des caractéristiques centrales du message des Républicains lors des campagnes électorales, dès avant Reagan et jusqu’au président George W. Bush.
Lors de son discours inaugural en tant que gouverneur de Californie en 1967, Ronald Reagan expliquait que la liberté était une « chose fragile » qui n’était « jamais à plus d’une génération de s’éteindre ».
« Elle doit être combattue et défendue constamment par chaque génération, car elle n’arrive qu’une fois à un peuple. Ceux qui ont connu la liberté et l’ont perdue ne l’ont plus jamais connue », avait-il déclaré.
Bush a prononcé le mot « liberté » à 13 reprises dans son discours au Congrès et au peuple américain, neuf jours après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center.
Message stratégique
Pour certains observateurs, cet accent mis sur la liberté est un succès.
« Je pense que c’est un thème gagnant », a déclaré Elaine Kamarck, directrice du Center for Effective Public Management à la Brookings Institution, lors d’une discussion en ligne organisée par le groupe de réflexion le 26 août dernier.
« Les Démocrates ont également intégré le concept de liberté positive, selon lequel le gouvernement peut aider les gens à réaliser des choses qu’ils ne pourraient pas faire sans cette aide supplémentaire. »
« Ils proposent une définition très spécifique du patriotisme, qui est, oui à l’amour du pays, mais l’amour du pays uniquement parce que c’est une démocratie pluraliste qui accueille toutes sortes de personnes », a déclaré M. Dionne qui est également intervenu dans l’échange.
Le dernier soir de la convention démocrate, les participants ont brandi des drapeaux américains dans l’ensemble du United Center, aux cris de « USA, USA, USA » lors de nombreux discours.
« C’est maintenant à notre tour de faire ce que les générations qui nous ont précédés ont fait […] et d’assumer l’énorme responsabilité qui accompagne le plus grand privilège sur terre. Le privilège et la fierté d’être Américain », a déclaré Harris dans son discours de convention.
Trump invoque le patriotisme depuis qu’il a lancé sa première campagne présidentielle en 2015, comme en témoigne son slogan « Make America Great Again » (Rendre l’Amérique à sa grandeur). Le drapeau américain est un élément essentiel de ses rassemblements et de ses produits dérivés, et on peut le voir sur la queue de son avion, le Trump Force One.
David Schultz, professeur de sciences politiques à l’université Hamline, estime qu’il est judicieux de la part de Harris de faire campagne sur le patriotisme et la liberté.
« C’est un message qui s’adresse en partie aux centristes. C’est un message qui plaît aussi aux progressistes. C’est aussi un message généralement réservé aux Républicains. Il s’agit d’une démarche intelligente », a-t-il déclaré à Epoch Times.
Aaron Dusso, professeur de sciences politiques à l’université d’Indiana à Indianapolis, partage ce sentiment, les qualifiant de « concepts américains de base ».
« Les Démocrates ont laissé les Républicains s’approprier ces concepts pendant longtemps, sans trop se battre. Je pense que c’est une erreur. Des concepts comme ceux-ci, qui sont automatiquement associés à des choses positives dans l’esprit des gens […] sont extrêmement précieux pour quiconque essaie de communiquer avec le grand public », a-t-il déclaré à Epoch Times.
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