Après les violentes réactions de pays musulmans face aux autodafés du Coran en Suède, le Service de la sûreté suédoise (Säpo) a annoncé jeudi sa décision de relever son niveau d’alerte terroriste de 3 à 4 sur une échelle de 5. La menace d’attentats « persistera pendant longtemps » dans le pays, a d’ores et déjà prévenu la cheffe des services de renseignements suédois, Charlotte von Essen, lors d’une conférence de presse. Le niveau d’alerte en Suède n’a jamais été aussi haut depuis 2016, époque à laquelle le groupe État islamique lançait des menaces terroristes à l’encontre du continent européen.
Le monde islamique en fureur
Le 31 juillet, Salwan Momika, un réfugié irakien de 37 ans, et Salwan Najem ont piétiné un exemplaire du texte sacré islamique avant de l’incendier, comme ils l’avaient déjà fait fin juin devant la plus grande mosquée de la capitale suédoise, déclenchant au passage l’ire d’Ankara, déjà peu enclin à accueillir la candidature suédoise au sein de l’Otan. « Il est inacceptable de permettre ces actes anti-islamiques sous prétexte de liberté d’expression », s’était étranglé, sur Twitter, Hakan Fidan, le chef de la diplomatie turque. Les deux hommes avaient également organisé le 20 juillet une autre manifestation, devant l’ambassade d’Irak à Stockholm, lors de laquelle ils avaient profané le livre sans le brûler.
Comme en juin, les dernières actions de profanation ont provoqué de vives tensions entre Stockholm et le monde musulman, poussant la police suédoise à rappeler que les autorisations de rassemblement étaient délivrées au nom de la liberté de réunion garantie par la Constitution, sans que cela ne signifie toutefois un aval des autorités sur ce qu’il s’y produit. Des arguments qui n’avaient pas porté dans les pays du Proche-Orient, l’Arabie saoudite et l’Irak appelant à une réunion extraordinaire, tandis que l’Irak menaçait de rompre ses relations. À Bagdad, l’ambassade de Suède était, elle, incendiée, avant d’être rapatriée temporairement à Stockholm. En réponse, le pays scandinave avait alors accru les contrôles à ses frontières, sans, en revanche, relever le niveau d’alerte terroriste.
Al-Qaida profère des menaces terroristes
La semaine dernière, c’est l’ambassade suédoise à Beyrouth qui a été visée par un cocktail Molotov, sans que le projectile n’explose. Et au cours du week-end, le groupe terroriste al-Qaeda a appelé à perpétrer des attentats terroristes dans le pays scandinave par la voix de son agence de propagande al-Sahab, lançant que la Suède et le Danemark, où ont également eu lieu des autodafés du Coran, n’avaient « rien appris de Charlie Hebdo ». Un message sur trois pages « extrêmement violent », fustige Magnus Ranstorp, professeur associé et chercheur sur le terrorisme à l’Académie norvégienne de la défense.
Si le niveau de la menace terroriste a donc été élevé, plusieurs pays n’avaient pas attendu la Suède afin d’alerter sur le risque d’attentat dans le pays causé par ces évènements. Dimanche, la diplomatie britannique a déclaré que les actions terroristes y étaient aujourd’hui « très probables ». Du côté des États-Unis, c’est depuis le 26 juillet qu’on recommande aux ressortissants américains souhaitant se rendre en Suède de faire preuve d’une « prudence accrue » à cause du risque de « terrorisme ».
En parallèle du rehaussement de la menace d’alerte, les autorités envisagent de restreindre les manifestations durant lesquelles une profanation du Coran pourrait avoir lieu, mais elles pourraient se heurter à la majorité parlementaire, hostile à une pareille mesure.
Risque de terrorisme lors des JO
Le 19 mai, lors d’un voyage aux États-Unis, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est lui aussi alarmé d’une « reprise » de la menace « terroriste islamiste » en Europe, craignant un risque lors des Jeux olympiques qui auront lieu en France à partir du mois de juillet 2024. De quoi l’inciter à demander au gouvernement américain de renforcer la coopération policière sur ce dossier avant le coup d’envoi de l’évènement international.
« On est venu leur rappeler que pour les Européens et pour la France, le risque premier est le terrorisme islamiste sunnite et que la collaboration antiterroriste entre services de renseignement est absolument indispensable », a souligné Gérald Darmanin dans un entretien à l’AFP à New York. « Au moment où les Américains ont peut-être une vision plus nationale des contestations – suprémacisme blanc, fusillades à répétition, complotisme – il ne faut pas qu’ils oublient ce qui pour nous apparaît en Europe comme la première menace : le terrorisme sunnite », a insisté le ministre français, qui a en outre déploré le « départ des Américains d’Afghanistan » et celui de la France de « la bande sahélo-saharienne », « la reconstitution de cellules de Daech [groupe État islamique] au Levant, qui font que ces menaces exogènes, dans la perspective des grands événements que va organiser la France, sont des moments de risques importants d’attentats terroristes ».
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