Des délégués de l’opposition vénézuélienne participent à une « médiation » de la Norvège pour tenter de résoudre la crise au Venezuela, a annoncé l’opposant Juan Guaido tout en soulignant qu’il n’y a pour l’heure « aucune négociation » avec le gouvernement de Nicolas Maduro.
« Il n’y a aucun type de négociations », a dit Juan Guaido lors d’une réunion politique jeudi à Caracas, mais des « efforts entrepris par la Norvège pour une médiation », que le pays scandinave préparait depuis plusieurs mois. La radiotélévision publique norvégienne NRK a affirmé que des « négociations de paix » s’étaient tenues entre des représentants du pouvoir vénézuélien et de l’opposition cette semaine à Oslo.
« Nous avons des délégués en Norvège », a reconnu Juan Guaido, sans toutefois dire si cette « médiation » avait pris fin ou si elle était toujours en cours. C’est « la deuxième fois » que le gouvernement norvégien invite des représentants des deux camps pour tenter une « médiation dans cette crise qui a pris des proportions internationales », selon lui.
L’opposant de centre-droit s’est proclamé président par intérim le 23 janvier et il est reconnu comme tel par une cinquantaine de pays. Il tente depuis de déloger Nicolas Maduro, qu’il qualifie d’« usurpateur » depuis l’élection présidentielle « frauduleuse » de mai 2018 qui a permis au chef de l’Etat socialiste de se maintenir au pouvoir.
Le seul et unique objectif d’un quelconque rapprochement doit être la « fin de l’usurpation » de la part de Nicolas Maduro, et la mise en place d’un « gouvernement de transition » qui organiserait alors des « élections libres », a encore indiqué Juan Guaido. « Nous ne pouvons ni confirmer ni démentir l’implication norvégienne dans des processus de paix ou des initiatives de dialogue », a commenté une porte-parole de la diplomatie norvégienne, Ane Haavardsdatter Lunde, auprès de l’AFP.
Selon NRK, les négociations d’Oslo, dans un endroit tenu secret, ont duré « plusieurs jours » et les deux délégations devaient regagner Caracas ce jeudi. Plusieurs médias sud-américains, comme le journal Alnavio, ont aussi évoqué ces discussions, qui seraient une première depuis le soulèvement manqué du 30 avril auquel avait appelé Juan Guaido. Aucun élément n’a filtré sur leur teneur, ni sur leur issue.
Selon les différents médias, elle impliqueraient, côté Maduro, le ministre de la Communication Jorge Rodriguez et le gouverneur de la province de Miranda, Hector Rodriguez. L’opposition serait quant à elle représentée par l’ancien député Gerardo Blyde, l’ex-ministre Fernando Martinez Mottola ainsi que le vice-président du Parlement, Stalin Gonzalez. Jorge Rodriguez est « à l’étranger pour une mission très importante », avait déclaré Nicolas Maduro mercredi.
« Le groupe de contact, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège, le groupe de Lima ainsi que d’autres initiatives nous aident à trouver une solution à la crise », avait de son côté tweeté Juan Guaido. Pays hôte du prix Nobel de la paix et où ont été négociés les accords israélo-palestiniens d’Oslo, la Norvège a une longue tradition de « facilitateur » dans les processus de paix à travers le monde, notamment dans celui, réussi, entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en 2016.
Si de nombreux Etats européens ont reconnu Juan Guaido, le pays scandinave s’est contenté d’appeler à de nouvelles élections libres, une position perçue comme illustrant une volonté de jouer les intermédiaires entre les deux camps. A la même époque, la cheffe de la diplomatie norvégienne Ine Eriksen Søreide avait dit que son pays était « prêt à contribuer si et quand les parties le souhaitent ». Leiv Marsteintredet, professeur à l’université de Bergen et un des spécialistes norvégiens des questions sud-américaines, se veut prudent.
« On est encore à un stade précoce et je pense donc qu’il est très irréaliste d’attendre des résultats rapides », a-t-il expliqué à l’AFP. « Mais que les deux parties soient désireuses de parler est un changement récent qui peut justifier un optimisme prudent ». Au Venezuela, la crise politique se double de la pire crise économique de l’histoire récente de ce pays aux plus grandes réserves de pétrole au monde. L’inflation devrait atteindre 10.000.000% cette année, selon le Fonds monétaire international, et les pénuries se multiplient, tout comme les pannes de courant.
D.C avec AFP
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