Mike Gaskins est un défenseur de la santé des femmes, un chercheur indépendant et un auteur qui a passé une grande partie de la dernière décennie à explorer l’histoire et la science douteuses du contrôle des naissances.
Dans une interview récente, Martha Rosenberg, collaboratrice d’Epoch Times, l’a interrogé sur son livre publié en 2019, In the Name of the Pill (Au nom de la pilule), l’aboutissement de son enquête, qui a récemment été mis à jour dans sa version audiobook.
Martha Rosenberg : À l’exception d’une étude de 2016 établissant un lien entre la contraception hormonale à la dépression, les pilules contraceptives font rarement parler d’elles. Pourtant, votre livre publié en 2019, In the Name of the Pill, retire le rideau couvrant les questions de sécurité non résolues et en cours que peu abordent. Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire ce livre et à ce moment-là ?
Mike Gaskins : Il y a quelques années, j’ai entendu une conférence d’un expert en maladies auto-immunes qui expliquait comment les perturbateurs endocriniens qui imitent les œstrogènes naturels jouent un rôle crucial dans ces maladies, mais lorsque je l’ai interrogé sur la pilule en particulier, il a répondu qu’elle ne jouait « aucun » rôle. En fait, il a dit qu’elle n’avait jamais été liée à aucune de ces maladies.
Plus tard, je suis allé sur Internet et j’ai découvert une étude qui établissait un lien important entre la pilule et la maladie auto-immune qu’est le lupus. J’ai pensé que l’expert ne devait pas être au courant de cette étude, jusqu’à ce qu’il soit cité dans ce même article, disant que cela ne signifiait pas que les femmes devaient arrêter de prendre la pilule. Je me suis alors intéressé à la raison pour laquelle la communauté médicale semble vouloir minimiser les risques de la pilule et j’ai commencé mes recherches.
Mme Rosenberg : À la lumière des liens scientifiquement documentés entre la pilule et les caillots de sang, le cancer du sein, le lupus, la sclérose en plaques, la maladie de Crohn et 10 autres effets que vous citez, comment expliquer le « laissez-passer » médical dont la pilule a bénéficié depuis plus de 50 ans ?
M. Gaskins : Il y a eu plusieurs facteurs. La pilule était fortement liée au mouvement de libération des femmes dans les années 1960 et 1970, et les gens ne voulaient pas avoir l’air de critiquer ce mouvement. (Dans une certaine mesure, c’est la même chose aujourd’hui.) Deuxièmement, la pilule a fait ses débuts à une époque où la surpopulation mondiale était un problème énorme, fréquemment déploré dans les journaux télévisés du soir par Walter Cronkite et ses semblables.
Certains se souviennent peut-être de la croissance démographique zéro (CDZ). La surpopulation était un problème si important que certaines des premières féministes ont eu l’impression que leur mouvement était utilisé pour promouvoir la pilule. Entretemps, les responsables de la santé du monde entier observaient la situation parce qu’ils savaient qu’une promotion réussie de la pilule aux États-Unis aurait des répercussions sur sa réception dans le monde entier.
Mme Rosenberg : Dans In the Name of the Pill, vous réexaminez les audiences exhaustives de Nelson en 1970 sur la pilule (Nelson Pill Hearings) menées par le sénateur du Wisconsin Gaylord Nelson. Alors que les risques étaient exposés à l’époque par les experts, pourquoi l’examen de la sécurité semble-t-il s’arrêter là ?
M. Gaskins : Je pense que les audiences du sénateur Nelson sont un moment important de l’histoire parce que ces audiences marquent l’une des rares fois où les compagnies pharmaceutiques n’ont pas eu de contrôle sur la situation. De plus, bon nombre des risques et des effets secondaires dont ils ont discuté sont encore plus pertinents aujourd’hui.
L’équipe du sénateur Nelson ainsi que certaines des féministes qui sont devenues des alliées au cours des audiences ont eu le sentiment d’avoir accompli leur mission. Ils ont attiré l’attention nationale sur les risques de la pilule. Les sociétés pharmaceutiques ont été contraintes d’inclure la toute première brochure d’information destinée aux patientes dans chaque emballage du médicament. Puis, de nouvelles formules ont été développées que les fabricants de médicaments prétendaient être plus sûres.
En fin de compte, les compagnies pharmaceutiques ont réussi à rendre la brochure pratiquement illisible pour le profane moyen. Il n’y avait aucune preuve scientifique réelle que les nouvelles formules étaient plus sûres, mais l’apparence qu’elles se conformaient et cherchaient des solutions plus sûres les a probablement aidées à détourner l’attention.
Mme Rosenberg : In the Name of the Pill contient des informations qui ressemblent à de mauvais médicaments ou même à des dissimulations. Pouvez-vous nous raconter le chapitre sur le « plasma vert » ?
M. Gaskins : Oui, il y a beaucoup à déballer dans le chapitre sur le plasma vert. Je vais essayer de vous donner les grandes lignes. Tout a commencé lorsqu’un groupe de médecins des temps modernes a reçu, dans une salle d’opération en Pennsylvanie, une unité de plasma d’une couleur verte saisissante. Le plasma est habituellement jaune clair. Ils ont rejeté le plasma et l’ont renvoyé, mais ils étaient très curieux, car ils n’avaient jamais rien vu de tel.
Ils ont découvert plusieurs études sur le plasma vert datant des années 1960. À cette époque, les médecins ont commencé à voir du plasma vert provenant de jeunes donneuses et ont déterminé que cela était causé par la pilule. Leurs études ont identifié la source de la couleur verte comme étant une surabondance de la céruplasmine, une protéine porteuse de cuivre. Ils ont appris que le plasma vert avait une propension beaucoup plus élevée à la coagulation. Mais toutes ces études ont mystérieusement pris fin en 1969. Les médecins de Pennsylvanie n’ont pu trouver aucune documentation pour les décennies suivantes.
La Croix-Rouge a fini par publier des directives visuelles, qui ont essentiellement supprimé le plasma vert des stocks des banques de sang. C’est pourquoi la plupart des cliniciens ne l’ont jamais vu.
Si le manque de curiosité intellectuelle des chercheurs depuis 1969 et la mise à l’écart du plasma vert ne suffisent pas, le chapitre poursuit en expliquant comment les personnes recevant des transfusions de sang de femmes développent souvent des problèmes de coagulation, connus sous le nom de syndrome de détresse respiratoire aiguë post-transfusionnel (transfusion related acute lung injury, TRALI). Le TRALI est devenu une telle préoccupation qu’au début des années 2000, le Royaume-Uni et les États-Unis ont adopté une politique à prédominance masculine pour les dons de plasma.
On commence à avoir l’impression que les pouvoirs en place ne veulent s’occuper que des choses qui attirent le plus l’attention.
Mme Rosenberg : Vous écrivez également que l’effet sur les bébés des mères qui prennent la pilule n’a pas été étudié.
M. Gaskins : Souvent, une jeune mère pèse le pour et le contre de prendre des contraceptifs hormonaux si elle allaite. Il est normal qu’elle s’inquiète de la façon dont ces médicaments puissants peuvent affecter son bébé. Si elle fait une recherche sur le Web, la plupart des réponses les plus fréquentes l’assurent que ces médicaments sont totalement sûrs pour elle et son bébé. En général, le seul avertissement est qu’elle doit attendre trois ou quatre semaines après l’accouchement pour commencer une contraception contenant des œstrogènes, en raison du risque de formation de caillots de sang.
Cependant, lorsque vous commencez à essayer de trouver la science derrière cette assurance que c’est sans danger pour le bébé, vous découvrez des études inadéquates avec des résultats douteux qui datent au moins de 40 ans.
Le fait est que ces médicaments réduisent effectivement la quantité de lait produite par la mère. Ces anciennes études ont montré que les médicaments modifiaient la composition du lait maternel, mais qu’elle restait acceptable. Et la partie qui fait peur est que plusieurs études de cas publiées ont raconté l’histoire de nourrissons, garçons et filles, qui ont développé une croissance mammaire bilatérale lorsque leur mère a commencé à prendre des contraceptifs hormonaux. Leurs seins sont revenus à la normale lorsque la mère a cessé d’allaiter.
Ces cas sont anecdotiques et datent également de plus de 40 ans mais, là encore, je me demande où est la curiosité intellectuelle ? Pourquoi les chercheurs n’essaient-ils pas de trouver une meilleure réponse pour les mères qui veulent savoir quel effet les contraceptifs hormonaux peuvent avoir sur leurs enfants ?
Mme Rosenberg : En 2009, Bayer a dû diffuser des publicités rétractant des promesses antérieures selon lesquelles sa pilule contraceptive, Yaz, éliminerait l’acné et réduirait le syndrome prémenstruel. Ce genre de commercialisation « hors indication » de la pilule, qui revendique des avantages non reconnus par la FDA, a-t-il cessé ?
M. Gaskins : Pas du tout. Il y a plusieurs exemples de prescription hors indication qui sont très courants. Lorsqu’une jeune fille atteint la ménarche [ses premières menstruations], son cycle est irrégulier. Ses règles peuvent être abondantes ou imprévisibles parce qu’elle n’a pas encore atteint la maturité. Les médecins en profitent pour la mettre sous contraception afin de « réguler » ses règles. Puis, lorsque les femmes vieillissent et approchent de la périménopause, la pilule est à nouveau recommandée pour « réguler » les règles, bien qu’elles soient à un âge où les risques sont encore plus prononcés.
L’ironie, c’est que la contraception ne régule pas les règles dans les deux cas, parce qu’elle arrête leur cycle. Le saignement mensuel n’est même pas une période, c’est un sevrage de la pilule.
Plusieurs médecins font croire à leurs patientes que la contraception hormonale est le seul traitement disponible pour le syndrome des « ovaires polykystiques (SOPK) » ou l’endométriose, alors que ce n’est pas du tout un traitement. Elle n’a rien de thérapeutique. Elle peut atténuer une partie de la douleur ou soulager certains symptômes, mais ne fait rien pour traiter le problème sous-jacent.
Par conséquent, cette prescription excessive de stéroïdes dans la régulation des naissances chez les très jeunes femmes a créé une épidémie d’infertilité. De nombreuses femmes m’ont dit qu’elles avaient pris la pilule pendant 10 ou 20 ans, pour découvrir par la suite que c’était inutile, car elles étaient infertiles. Elles sont stupéfaites lorsque je leur dis que la contraception a peut-être contribué à leur infertilité. Il s’agit d’un phénomène appelé « oversuppression syndrome/syndrome de trop de suppression ». En arrêtant la production naturelle d’hormones du corps pendant aussi longtemps, le système s’atrophie et laisse la femme infertile.
Mme Rosenberg : Vous écrivez que les risques de la pilule sont régulièrement minimisés par les médecins, y compris les problèmes du foie et de la vésicule biliaire ains que les changements oculaires potentiellement graves.
M. Gaskins : Je pense que les médecins minimisent les risques de la contraception en général. Cela vaut également pour les stérilets en cuivre. Il y a beaucoup d’effets secondaires et de complications qui vont de pair avec tous ces produits mais, dans l’ensemble, les médecins ont tendance à ne pas les prendre au sérieux lorsqu’une femme essaie d’en discuter avec eux.
Les contraceptifs hormonaux ont été associés à toutes sortes de maladies, des accidents vasculaires cérébraux au cancer du sein en passant par le glaucome et la sclérose en plaques. Mais de nombreux médecins qui prescrivent des contraceptifs en savent très peu sur ces complications.
Une partie du problème réside dans le cloisonnement de la médecine occidentale. Par exemple, il existe des tas d’études sur les effets thromboemboliques des contraceptifs hormonaux, mais la plupart de ces études sont publiées dans des revues destinées aux pneumologues et aux cardiologues, et non aux gynécologues. Les médecins ont également un emploi du temps surchargé. Ils n’ont pas le temps de se tenir au courant des dernières avancées scientifiques. Malheureusement, cela signifie qu’ils comptent souvent sur les représentants des compagnies pharmaceutiques pour les tenir « informés ».
Mme Rosenberg : Depuis les premières inquiétudes au sujet de la sécurité de la pilule, les fabricants de médicaments ont laissé entendre que leurs produits étaient plus sûrs. Le sont-ils vraiment ?
M. Gaskins : Lorsque vous avez un produit qui est sur le marché depuis aussi longtemps que la pilule, nous avons tendance à supposer qu’il est sûr, sans vraiment creuser davantage. Nous avons également été conditionnés en tant que consommateurs à penser que toute reformulation d’un produit est « nouvelle et améliorée ».
Il n’est donc pas surprenant que nous supposions que les nouvelles méthodes d’accouchement ou les contraceptifs de nouvelle génération doivent être plus sûrs. En réalité, les risques de certaines complications, comme les adénomes hépatiques ou les calculs biliaires, sont plus élevés avec les hormones de troisième et quatrième génération. À titre d’exemple, Bayer a versé plus de 1,02 milliard de dollars pour régler plus de 10 000 poursuites en justice liées à des caillots de sang pour le Yaz et le Yasmin. Bayer a versé 21 millions de dollars supplémentaires pour régler des milliers de poursuites liées à la vésicule biliaire.
Il existe également de nouveaux dispositifs comme le NuvaRing. Une étude a récemment révélé que les femmes utilisant ce dispositif sont deux fois plus susceptibles de développer un caillot de sang que les femmes utilisant d’autres formes de contrôle des naissances et six fois plus susceptibles que les femmes n’utilisant aucun contrôle des naissances.
Et puis, il y a l’injection de Depo, qui supprime le système immunitaire de la femme et la rend plus vulnérable à l’infection par le VIH de son partenaire. Il s’agit d’un effet secondaire unique qui n’a été associé à aucune autre formule ou dispositif.
Une version audio approfondie de In the name of the Pill est désormais disponible, avec de nouveaux contenus sur les dispositifs modernes et les dangers peu discutés que les scientifiques ont associés aux différentes formes de contrôle des naissances.
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