« Non mais j’ai trop chaud! »: obligatoire depuis lundi dans certaines rues, le port du masque peine à s’imposer à Paris où les agents de la Ville s’essaient à la pédagogie avant de commencer les verbalisations.
« Monsieur ! Le masque, ça se porte comme ça ! », s’exclame un agent en mimant à un poissonnier de couvrir son nez. Avec deux autres inspecteurs de sécurité de la voie publique, il arpente le quartier populaire de Château-Rouge dans le XVIIIe arrondissement, entre les boucheries aux vitrines débordantes d’abats et les étals bigarrés de fruits exotiques, pour « faire de la pédagogie ». « C’est important car la zone est très densément peuplée ».
Le masque est obligatoire dans la plupart des rues du quartier depuis lundi, mais d’après l’un des membres de l’équipe, « les gens disent qu’il fait trop chaud, qu’ils sont asthmatiques, qu’ils respirent mal, ils veulent prendre l’air en sortant du métro, fumer… »
Selon lui, le port du masque est respecté par « à peine 50% des gens », même s’il reconnaît lui-même qu’il y a « un manque d’information ». « Regardez ce panneau d’affichage numérique, il pourrait servir à diffuser des consignes. »
Les réactions sont variées. Si un commerçant proteste – « Non mais j’ai trop chaud ! » -, une passante se félicite de porter le masque « depuis le confinement. » Certains restent indifférents aux injonctions. « Dans deux semaines, on commence les verbalisations : 135 € d’amende. Quand on touche au porte-monnaie, les gens s’adaptent », prédit un agent.
Les passants ne semblaient pas mieux informés mardi, rue Montorgueil, artère commerçante et cossue du IIème arrondissement. « Je ne savais pas, je n’ai pas fait attention », s’excuse Laurène Lahnine, qui s’empare d’un masque dans sa poussette en passant devant les restaurants et commerces de bouche de la rue pavée.
Parmi les passants, « c’est du 50/50 », estime Maxence Evrard, serveur au restaurant Bianco. « Les policiers font de la prévention, ils sont passés cinq ou six fois cet après-midi, mais ce n’est affiché nulle part. Alors quelqu’un qui n’habite pas là ou qui est un touriste… »
« Je dirais qu’environ 50% des gens portent le masque et ce n’est pas sûr que ça s’améliore. Avec beaucoup d’amendes peut-être », abonde Maxime Guignard, de la boucherie Tribolei, plus loin dans la rue.
« Ils ne sont pas au courant ? On a tous une télé quand même ! Moi je porte le masque 14 heures par jour, les autres le peuvent aussi. Ils veulent reconfiner les restaurants ou quoi ? « , s’emporte Laurent Capitaine, serveur au Café du Centre.
« J’ai cherché les rues concernées sur internet. Ce n’est en place que depuis lundi, c’est normal que les gens ne sachent pas, il n’ y a pas d’affichage. Moi je sais car j’habite à côté », confie une riveraine masquée qui ne souhaite pas être nommée.
« Je viens de rentrer de vacances, je n’étais pas au courant » reconnaît Bessem Mezdari, qui tient les Halles Montorgueil. « Je ne savais pas, je n’ai rien vu pour prévenir », s’étonne aussi Clovis Mulatier, touriste en provenance de Tahiti.
A la mairie, on estime qu’il faut un peu de temps pour que cette mesure rentre dans les mœurs parisiennes.
« Il y a forcément un travail d’information et de sensibilisation à faire avant que la population prenne le réflexe de porter le masque à l’extérieur », estime Nicolas Nordman, adjoint à la maire de Paris en charge de la sécurité, qui assure que des panneaux signalétiques seront bientôt installés dans chacune des rues concernées.
« On veut d’abord être dans une démarche de pédagogie et de responsabilisation. Il y aura ensuite une deuxième phase de verbalisation mais on n’a pas le sentiment qu’il y aura un rejet de la mesure qui en appelle à la responsabilité de chacun », estime l’élu.
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