Des milliers de Hongrois se sont rassemblés devant le bâtiment du Parlement à Budapest pour protester contre le projet d’une université chinoise d’ouvrir un campus dans la capitale hongroise. Les opposants ont exprimé leurs inquiétudes quant aux restrictions de la liberté académique et à l’influence politique de Pékin dans le pays d’Europe de l’Est.
Le 5 juin, une foule de manifestants s’est dirigée vers le Parlement hongrois en brandissant des pancartes demandant : « ARRÊTER LA CHINE », « TRAHISON », « NON À FUDAN », « SOUTIEN À L’ÉDUCATION HONGROISE ».
En avril, un accord stratégique a été signé entre le gouvernement hongrois et l’université Fudan de Shanghai, l’une des meilleures universités chinoises. Selon cet accord, l’université créerait un campus à Budapest d’ici 2024, et les Hongrois investiraient massivement dans le projet. Auparavant, le gouvernement avait prévu de construire un village de dortoirs pour les étudiants hongrois dans la ville.
Le campus proposé sera, s’il est construit, la seule antenne étrangère de l’université et la première de la Chine parmi les 27 États membres de l’UE.
Les critiques accusent le parti Fidesz (Fédération des jeunes démocrates-Alliance civique hongroise) du Premier ministre hongrois Orbán Viktor de faire plaisir à Pékin, craignant que le campus chinois ne nuise à la qualité de l’enseignement supérieur du pays et ne contribue à promouvoir l’influence de Pékin dans l’ancien pays communiste – et dans l’UE.
Le 5 juin, Gergely Karácsony, maire de Budapest, a qualifié le projet Fudan de « suicide moral final et complet » du parti Fidesz.
Le maire a également tweeté le 2 juin qu’il accueille favorablement « les universités étrangères qui ne sont pas liées à des idéologies étatiques oppressives, qui sont transparentes » et qui ne sont pas désavantageuses pour les contribuables hongrois.
Des images diffusées sur Twitter par Radio Free Europe/Radio Liberty ont montré qu’au moins trois plaques de rue situées à proximité de l’emplacement prévu du campus ont été rebaptisées Dalai-Láma Út (route du Dalai Lama), Szabad Hongkong Út (route de la liberté de Hong Kong) et Ujgur Mártírok Út (route des martyrs ouïghours) – les manifestants rappelant ainsi le bilan du régime chinois en matière de droits humains au Tibet, à Hong Kong et au Xinjiang.
Le 5 juin, un internaute portant le nom d’utilisateur dora1234view a déclaré : « Ce qui s’est passé en Hongrie montre que le totalitarisme se répand et qu’il est bien soutenu. Cela montre que [l’] UE est en danger.
« Il est temps d’agir », a-t-elle averti. « Sans conséquences, le totalitarisme contrôlera l’UE. »
En Chine continentale, les autorités communistes surveillent de près les universités et les collèges nationaux. On trouve des caméras de surveillance dans chaque salle de classe. Les voix dissidentes des enseignants ou des étudiants sont susceptibles d’être signalées aux administrateurs ou à la police par leurs pairs si elles sont considérées comme des remarques graves « anti-Chine » ou « anti-Parti ».
Selon la loi chinoise, chaque université ou collège, public ou privé, doit prêter allégeance au PCC. Les postes de direction des écoles sont presque toujours occupés par des communistes clairement identifiés.
Historiquement, l’université Fudan était l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus prestigieux de Chine. Cependant, le Parti communiste chinois (PCC) a commencé à placer l’école et bien d’autres sous son contrôle direct depuis son arrivée au pouvoir par la force en 1949, et y a mis en avant ses idéologies communistes.
En 1952, le dirigeant chinois de l’époque, Mao Zedong, a nommé Chen Wangdao, le premier traducteur chinois du texte intégral du Manifeste du Parti communiste, au poste de président de l’université Fudan.
Le Manifeste du Parti communiste, écrit par Karl Marx et Friedrich Engels en 1848, est idolâtré comme le premier document programmatique des communistes.
Le contrôle idéologique du PCC sur l’université Fudan a été si étendu qu’une école de marxisme a été créée en 2014, dans le but de cultiver de jeunes talents pour le parti au pouvoir.
En 2019, l’université Fudan a attiré l’attention pour sa constitution universitaire révisée controversée. Notamment, la « liberté de pensée » a été supprimée dans la dernière édition, tandis que « adhérer à la direction du PCC » a été ajouté et mis en évidence dans la mise à jour. En outre, le concept d’ « indépendance académique » a été rendu beaucoup moins important dans le document.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.