Des milliers d’Ethiopiennes célèbrent une fête tigréenne à Khartoum

Par Epoch Times avec AFP
7 septembre 2022 13:56 Mis à jour: 7 septembre 2022 13:56

Vêtue d’une robe blanche, les cheveux délicatement tressés et les yeux parés de khôl noir, la jeune Éthiopienne Youdita Ihab s’apprête à célébrer la fête d’Ashenda dans la capitale soudanaise Khartoum, comme le faisaient ses ancêtres au Tigré ravagé par la guerre.

« C’est notre culture », dit à l’AFP Mme Youdita, 18 ans, née au Soudan. Sa famille est originaire du Tigré, région du nord de l’Éthiopie où s’affrontent le gouvernement fédéral et les autorités rebelles tigréennes depuis près de deux ans.

Eglise orthodoxe tewahedo éthiopienne

La fête d’Ashenda, du nom des hautes herbes vertes qui tapissent les berges des rivières, se tient généralement chaque année pendant environ une semaine en août. Elle marque la fin d’un jeûne de 15 jours observé par l’Eglise orthodoxe tewahedo éthiopienne, à l’issue duquel on sert de la nourriture traditionnelle, composée de ragoût de poulet et de galettes.

Pour les Tigréens vivant au Soudan, les célébrations d’Ashenda ont une saveur différente depuis la guerre.

Des femmes éthiopiennes, dont beaucoup portent des bandeaux aux couleurs du drapeau du Tigré, participent aux célébrations d’Ashenda au parc al-Qurashi dans la capitale soudanaise Khartoum, le 26 août 2022. Photo par ASHRAF SHAZLY/AFP via Getty Images.

« Les célébrations sont belles, mais nous ne pouvons pas être pleinement heureux en raison des massacres qui ont lieu au Tigré », explique à l’AFP Aziza Mostafa, une jeune femme de 21 ans.

En novembre 2020, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed envoyait des troupes pour renverser le gouvernement régional qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires de l’armée fédérale.

Déplacement de plus de deux millions de personnes

Le bilan de cette guerre meurtrière est inconnu. Mais elle a provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d’Éthiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.

De nombreux Tigréens ont trouvé refuge dans des camps du Soudan voisin tandis que le Tigré est largement coupé du reste de l’Éthiopie et privé des services essentiels (électricité, télécommunications, services bancaires, carburant…).

L’Éthiopienne Reem Suhail et Yudita Ihab portent des bandeaux aux couleurs du drapeau du Tigré,  à Khartoum, la capitale soudanaise, le 26 août 2022. Photo par ASHRAF SHAZLY/AFP via Getty Images.

Pendant les festivités à Khartoum, les femmes enfilent des ceintures d’herbe Ashenda tissées par-dessus des robes traditionnelles en coton blanc ornées de broderies colorées.

Bandeaux rouges et jaunes, couleurs du drapeau du Tigré

Elles sont des milliers à jouer du tambour au son de la musique traditionnelle, et beaucoup portent autour de la tête des bandes rouges et jaunes, couleurs du drapeau du Tigré.

« Les jeunes filles ont l’habitude de se coiffer en faisant cinq tresses pour souligner leur beauté pendant Ashenda », explique à l’AFP l’une des participantes aux célébrations, Naabali Kahtay.

Des filles éthiopiennes, participent aux célébrations d’Ashenda dans la capitale soudanaise Khartoum, le 26 août 2022. Photo par ASHRAF SHAZLY/AFP via Getty Images.

Si les festivités célèbrent les femmes, des hommes sont aussi présents.

« C’est notre identité et nous voulons l’exprimer malgré les difficultés que nous traversons » déclare Mme Naabali, qui dit avoir perdu le contact avec sa famille restée bloquée à Mekele, la capitale du Tigré, depuis plus d’un an.

Familles déchirées par la guerre

« Je ne sais pas s’ils sont morts ou vivants », se lamente-t-elle.

A l’image de celle de Mme Naabali, de nombreuses familles ont été déchirées par la guerre.

La reprise des combats, le 24 août, après cinq mois de trêve, menace à nouveau l’acheminement de l’aide alimentaire dont on besoin les six millions d’habitants du Tigré.

Mais beaucoup gardent l’espoir que la guerre prenne fin.

« Avec un peu de chance, l’année prochaine nous pourrons célébrer Ashenda au Tigré », espère Mme Naabali.

 

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