L’agence de notation Fitch a maintenu la note de la France vendredi, mais en la plaçant sous « perspective négative », au lendemain de la présentation du projet de budget 2025 qui prévoit un effort de « 60 milliards d’euros » selon le gouvernement pour contenir l’envolée du déficit public.
Le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand a réagi aussitôt vendredi soir, en disant « prendre acte » de la décision de Fitch. Il a toutefois ajouté que « l’agence souligne la force de notre économie, vaste et diversifiée, l’efficacité de nos institutions et notre historique de stabilité macro-financière ».
Fitch accorde toujours un « AA- » à la France, soit l’équivalent d’un 17/20 (c’est-à-dire un 17 sur une échelle de 20 niveaux de notation), mais l’assortit d’une « perspective négative », ce qui veut dire qu’il envisage à l’avenir de dégrader cette note.
« Les risques liés à la politique budgétaire se sont accrus depuis notre dernier examen », explique Fitch, dont la note précédente sur la France remonte à avril. « Le dérapage budgétaire prévu cette année place la France dans une situation plus défavorable, et nous prévoyons désormais des déficits budgétaires plus importants, ce qui entraînera une forte augmentation de la dette publique pour atteindre 118,5 % du PIB d’ici 2028 », écrit Fitch dans son communiqué.
Et alors que le gouvernement compte ramener le déficit public français à 5% du PIB dès 2025 puis sous les 3% en 2029, l’agence Fitch n’y croit pas : elle a relevé ses prévisions de déficit public pour la France en 2025 et 2026 « à 5,4 % du PIB ».
La France « fait figure d’exception » en zone euro
« Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement respecte ses prévisions révisées de déficit à moyen terme pour ramener le déficit en dessous de 3% du PIB d’ici 2029 », explique-t-elle. « Une forte fragmentation politique et un gouvernement minoritaire compliquent la capacité de la France à mettre en œuvre des politiques d’assainissement budgétaire durables », souligne-t-elle.
La France a effectué de brutales révisions de sa prévision de déficit pour 2024, passant de 4,4% fin 2023 à 5,1% en avril puis 6,1% du PIB dans le projet de budget. Elle « fait figure d’exception » en zone euro, analyse le cabinet de recherche Oxford Economics. Et le pays « a peu de chances de réduire significativement son déficit dans les prochaines années », là où la plupart de ses voisins sont plus rigoureux, souligne-t-il. L’Espagne compte par exemple afficher un déficit public de 2,5% du PIB l’an prochain et l’Italie de 3,3%.
Pour prouver sa volonté et éviter un risque de « crise financière » selon les mots du Premier ministre Michel Barnier, le gouvernement a présenté jeudi un projet de budget pour 2025 qui prévoit « 60 milliards d’euros » d’efforts sous forme de réductions de dépenses et de hausses d’impôts afin de ramener le déficit public à 5%.
Le renchérissement inquiétant de la charge de la dette
D’ampleur « relativement inédite » selon le président du Haut Conseil des Finances publiques (HCFP) Pierre Moscovici, qui en a analysé les contours macroéconomiques, cette potion mêlant hausses d’impôts et baisses de dépenses pourrait remettre la France sur des rails moins glissants après une année 2024 qualifiée de « noire » jeudi. Mais elle risque aussi selon lui de peser sur la croissance l’an prochain, prévue aujourd’hui à 1,1% par le gouvernement, et de compliquer la réduction des déficits à l’avenir.
La France avait subi en juin une dégradation de sa note souveraine par S&P, passée du troisième cran « AA » au quatrième « AA-« . Il s’agissait de la première baisse depuis 2013 par cette agence de notation. Une rétrogradation a généralement pour effet de renchérir les taux d’emprunt obligataires. Le taux de l’OAT à dix ans, référence pour les comparaisons internationales, est déjà supérieur pour la France à celui de l’Espagne et du Portugal, des pays autrefois réputés plus dépensiers.
Ce renchérissement alourdit la charge de la dette, aujourd’hui deuxième poste budgétaire français, d’autant plus inquiétant que Paris a annoncé jeudi un programme record de 300 milliards d’euros d’emprunts sur les marchés l’an prochain. Après Fitch, l’agence de notation Moody’s, qui classe la France un cran au-dessus de ses consoeurs, donnera son diagnostic sur l’économie française le 25 octobre, avant S&P Global le 29 novembre.
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