Dette publique : S&P abaisse la note souveraine de la France de AA à AA-

Par Epoch Times
1 juin 2024 10:15 Mis à jour: 1 juin 2024 10:19

À neuf jours des élections européennes, la France a subi vendredi la première dégradation de sa note souveraine par S&P depuis 2013, l’agence de notation sanctionnant les déficits publics du pays et ne croyant pas à ce stade au rétablissement des comptes promis d’ici la fin du mandat d’Emmanuel Macron en 2027.

La note est passée du troisième cran « AA » au quatrième « AA-« . Une dégradation qui ne devrait pas conduire à augmenter les taux auxquels la France emprunte, mais qui n’en reste pas moins une évaluation indépendante des finances publiques françaises, le pays s’éloignant encore de l’Allemagne, notée d’un triple A, le maximum.

Le dérapage surprise du déficit public pour 2023, à 5,5% du PIB (Produit intérieur brut), au lieu de 4,9% attendus, n’a pas joué en la faveur du gouvernement, malgré une série de réformes qui permettraient selon lui de revenir dans les clous.

L’agence de notation salue certes l’adoption de réformes (retraites, assurance chômage) depuis qu’Emmanuel Macron est au pouvoir, mais elle estime que la dette publique française en proportion du PIB ne va pas cesser d’augmenter, pour atteindre 112% du PIB d’ici 2027 – contre 109,9% en 2023 « en raison des déficits plus importants que prévus en 2023-2027 ».

À l’instar du FMI, S&P ne croit pas que le déficit sera ramené sous 3% du PIB en 2027, comme le gouvernement le prévoit (2,9%), et table même sur 3,5% à cette date. « Sans mesures supplémentaires de réduction du déficit budgétaire, nous pensons que les réformes ne seront pas suffisantes pour permettre au pays d’atteindre ses objectifs budgétaires », note l’agence. Ainsi à plus long terme, la question de la soutenabilité de la dette demeure posée.

Le gouvernement avait reçu un premier avertissement en décembre 2022, quand S&P avait placé la France sous « perspective négative ». La note souveraine juge de la capacité d’un pays à payer ses dettes.

« Pas de conséquences notables »

Le ministre de l’Économie et des Finances a réagi en affirmant que les dépenses et le creusement des déficits depuis le Covid-19 en valaient la peine, puisqu’ils avaient permis de sauver l’économie française. « Notre stratégie reste la même : réindustrialiser, atteindre le plein-emploi et tenir notre trajectoire pour revenir sous les 3% de déficit en 2027 », a déclaré Bruno Le Maire dans une interview au Parisien, en assurant que rien ne changerait dans le quotidien des Français. « Nous restons à un niveau de notation très bon. C’est comme si nous étions passés de 18 à 17 sur 20 ! Notre dette trouve facilement preneur sur les marchés. La France garde une signature de haute qualité, une des meilleures au monde », a-t-il déclaré.

Cette décision « ne devrait pas avoir de conséquences économiques notables », a estimé dans une note l’économiste d’Asterès Sylvain Bersinger. Pour lui, le juge de paix reste le taux d’emprunt d’un État sur les marchés.

Alors que la liste de la majorité est à la traîne dans les sondages pour le scrutin européen du 9 juin, les oppositions ont saisi l’occasion pour éreinter la politique gouvernementale. « La gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents qu’arrogants a mis notre pays dans de très graves difficultés cumulant records d’impôts, de déficit et de dettes », a écrit Marine Le Pen, cheffe des députés du Rassemblement national, sur X.

« Voilà où nous mène la piteuse gestion des finances publiques du duo Macron Le Maire ! », a écrit sur X Éric Ciotti, président des Républicains, suivi de près par la présidente LR de la région Île-de-France Valérie Pécresse qui appelle au « courage » et à la  « bonne gestion » pour une « remise en ordre dans nos comptes ».

Le président insoumis de la commission des Finances de l’Assemblée nationale Éric Coquerel a averti de son côté que le gouvernement allait « se servir de cette décision pour justifier de nouvelles coupes budgétaires ».

L’argument a effectivement été saisi par le ministre aux Comptes publics Thomas Cazenave : « cette révision de la note de la dette française par S&P ne fait que traduire un impératif que nous connaissons déjà : celui de poursuivre le rétablissement de nos finances publiques », affirme-t-il dans une déclaration transmise à l’AFP.

La France mieux notée que l’Espagne ou l’Italie

La France décroche désormais du groupe composé notamment de la Belgique et du Royaume-Uni, mais reste mieux notée que l’Espagne ou l’Italie. Avec un double A même suivi d’un signe moins, la capacité de la France à honorer les échéances de sa dette reste cependant « très forte » selon les critères de l’agence de notation.

S&P note la France depuis 1975. C’est la première agence à avoir retiré à l’Hexagone son emblématique « triple A » en 2012, meilleure note possible et symbole d’une excellente gestion, dont un petit cercle bénéficie encore à l’instar de l’Allemagne et de l’Australie.

En avril, les deux autres principales agences internationales, Moody’s et Fitch, n’ont pas modifié la note française. La première note la France « Aa2 », soit l’équivalent d’un « AA » pour S&P, la seconde est déjà au stade de « AA- » depuis avril 2023.

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