Un « dispositif expérimental » de traduction simultanée corse/français a été mis en place jeudi à l’Assemblée de Corse, suite à la décision de la justice administrative de juger inconstitutionnel l’usage du corse dans l’hémicycle.
« Ce dispositif est expérimental, avec des moyens limités car déployés à titre exceptionnel », indique la Collectivité de Corse dans un communiqué. « Il vise à proposer un premier test, afin de disposer d’un retour d’expérience dans la perspective de la mise en place d’un dispositif de traduction simultanée des débats plus pérenne », ajoute-t-elle.
Pendant ces deux jours de session, diffusée en direct sur le site internet de l’Assemblée et sur sa page Facebook, six traducteurs vont se relayer pour traduire du corse au Français mais aussi du français au corse les déclarations des élus qui s’expriment alternativement et selon leur choix dans les deux langues.
Le dispositif de traduction simultanée opérationnel
Jeudi matin, la traduction était effective malgré des décalages notamment lors des interventions, exclusivement en corse, du président autonomiste du conseil exécutif, Gilles Simeoni, a constaté l’AFP. Ce dispositif a été mis en place suite à la décision du tribunal administratif, rendue le 10 mars, établissant que l’usage de la langue corse dans les débats à l’Assemblée de Corse était contraire à la Constitution.
Selon cette décision consultée par l’AFP, « l’article 2 de la Constitution du 4 octobre 1958 » prévoit « que l’usage du français s’impose aux personnes morales de droit public et aux personnes de droit privé dans l’exercice d’une mission de service public ». Selon le tribunal, « l’article 16 du règlement intérieur du conseil exécutif de Corse, ainsi que l’article 1er du règlement intérieur de l’Assemblée de Corse », en prévoyant « que le corse est au nombre des langues des débats », « méconnaissent les dispositions de l’article 2 de la Constitution ».
Le corse interdit dans l’hémicycle de l’île : « impensable » pour les nationalistes
Cette décision avait suscité une vive opposition dans les rangs nationalistes. « Accepter cette situation est pour nous impensable », avaient regretté dans un communiqué commun le président autonomiste du conseil exécutif, Gilles Simeoni, et la présidente autonomiste de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, précisant avoir formé un appel contre ce jugement.
« Le rapporteur spécial des Nations unies sur les questions relatives aux minorités, M. Fernand de Varennes a qualifié cette décision de probablement contraire au droit international puisque discriminatoire », a indiqué jeudi en corse Mme Maupertuis en annonçant que le responsable onusien serait présent vendredi dans l’hémicycle « en tant qu’observateur ».
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