ANALYSE – En refusant de voter la censure du gouvernement Bayrou, le PS a choisi de ne pas suivre la même stratégie que le parti de Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise a acté « l’interruption par le Parti socialiste du Nouveau Front populaire ». Et si la déchirure entre les socialistes et les Insoumis marquait le retour sur le devant de la scène politique du parti historique de la gauche de gouvernement ?
Au grand dam de LFI, le bureau politique du PS annonçait le 3 février qu’il ne fera pas tomber le gouvernement de François Bayrou. « Par seul esprit de responsabilité et dans l’intérêt du pays et des Françaises et Français, nous prenons la décision de ne pas censurer le gouvernement au moment où la France attend de disposer d’un budget », écrivait la formation politique mitterrandienne dans un communiqué publié le même jour.
C’était chose faite le mercredi suivant lors de l’examen des deux motions déposées par les Insoumis sur les textes budgétaires. Seuls 6 députés socialistes sur 66 ont voté la première motion de censure et aucun n’a voté la seconde.
Les deux formations politiques de gauche se sont ensuite échangées des mots durs. En meeting à Angers le jour du vote, Jean-Luc Mélenchon a fustigé la « bassesse des fausses oppositions ».
La France insoumise est allée jusqu’à publier sur les réseaux sociaux un visuel associant le PS et le RN. « 2 censures non-votées par le PS et le RN : les nouvelles alliances », pouvait-on lire sur l’image qui a été par la suite retirée.
En réaction à ce visuel, le député socialiste de l’Essonne Jérôme Guedj a même déclaré qu’il « n’y aura plus jamais d’alliance » entre les socialistes et les Insoumis.
Mais si cette séquence politique semble avoir montré que la rupture entre LFI et le PS était bel et bien consommée, il se pourrait que les socialistes en soient aussi sortis vainqueurs et renforcés.
D’ailleurs, le parti d’Olivier Faure a été le principal interlocuteur de François Bayrou, notamment à gauche lors des négociations sur le projet de loi de finances 2025. Ce dernier a même revendiqué des « victoires » face au gouvernement à la fin du mois de janvier, que ce soit en matière d’éducation avec la non-suppression de 4000 postes d’enseignants, de politique de la ville, de retraites ou de santé avec une augmentation du budget de la Santé d’1,2 milliard d’euros.
Il est probable qu’en prenant le rôle du négociateur, le PS ait récupéré une forme de leadership à gauche et que La France insoumise, campant sur sa stratégie de censure se soit isolée et affaiblie. Peut-être que la méthode radicale des Insoumis, à défaut de les faire exister politiquement, les a enfermés et rendus inaudibles.
Un vent favorable depuis les européennes
Mais ce renforcement de la maison socialiste semble également s’inscrire dans une tendance de fond qui dépasse le simple cadre du divorce récent entre le PS et LFI.
L’année dernière, à l’issue des élections européennes, le parti dirigé entre 1997 et 2008 par François Hollande renouait, à l’échelle nationale, avec les scores à deux chiffres. La liste PS/Place publique menée par l’essayiste Raphaël Glucksmann était arrivée en troisième position et avait récolté 13,8 % des suffrages, plus du double du résultat de 2019 (6,1 %).
Le score réalisé lors des dernières élections européennes se trouve aussi très loin du faible pourcentage de voix récoltées par Benoît Hamon en 2017 (6,3 %) et la très lourde défaite d’Anne Hidalgo à la dernière élection présidentielle (1,7 %) et semble avoir marqué le début d’un basculement progressif en faveur du PS.
Un basculement appuyé par un bloc central épuisé et fragilisé, enchaînant les déceptions électorales depuis les élections législatives de juin 2022 et la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, un sondage réalisé par l’IFOP pour le quotidien L’Opinion publié ce mercredi confirme cette tendance de « renaissance » du PS après des années de déclin au profit du parti de Jean-Luc Mélenchon.
Dans l’hypothèse où la formation politique socialiste alliée à Place publique enverrait seule des candidats dans le cadre d’élections législatives anticipées, elle enregistrerait presque le même nombre de voix que le reste du Nouveau Front populaire, soit 13 % contre 14 % pour la France insoumise, le Parti communiste et les Écologistes. D’ailleurs, le PS n’est pas non plus très éloigné du bloc central. Toujours selon cette enquête, l’alliance entre Renaissance, Horizons, le MoDem et l’UDI ne convaincrait que 15 % des électeurs.
Mais si les socialistes semblent s’être revigorés, l’ancien adversaire de la droite du spectre politique, les Républicains, avec lequel, ils formaient les deux grands partis de gouvernement de la Ve République, pourrait lui aussi avoir droit à son retour en grâce. Le 2 février, la candidate LR Kristell Niasme remportait la mairie de Villeneuve-Saint-Georges face au député LFI Louis Boyard. Une semaine plus tard, Élisabeth de Maistre permettait à la droite de reprendre la 9e circonscription des Hauts-de-Seine perdue en 2017.
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