« Lacrymogène : de lacrima, la larme, et gène, qui engendre » : un gaz lacrymogène est un gaz qui fait pleurer ceux qui le reçoivent, irrite les narines, brûle les yeux, fait suffoquer. Il est très pratique pour disperser les manifestations violentes, mais peut aussi être utilisé contre des enfants, des personnes âgées lors d’un match de football ou quand des citoyens s’expriment contre un système de contrôle social importé de Chine.
Le 28 mai, les dizaines de milliers de Britanniques et d’Espagnols venus à Paris pour la finale de la Ligue des Champions ont fait une série de découvertes qu’ils racontent maintenant à tous leurs proches : d’abord, le fait qu’en France des grèves des transports peuvent être organisées de manière ciblée pour gâcher un événement populaire, et ce y compris en mettant en danger les voyageurs. C’est ce que les syndicats à l’origine des grèves du RER B ont illustré, et qui leur a visiblement donné grande satisfaction puisqu’ils avaient annoncé dans la foulée reconduire la même grève la semaine suivante, le jour du match France-Danemark.
Ils ont ensuite réalisé que la police peut utiliser des gaz lacrymogènes contre les spectateurs d’un match de football – ce que de nombreuses images de téléphones ont illustré, mais qu’elle peut par contre voir des voyous agresser des visiteurs, leur voler leur téléphone, leur montre, les frapper… et ne pas intervenir.
Ils ont aussi découvert qu’on pouvait être attendu, à la sortie du plus grand événement sportif européen, par des centaines de jeunes « issus des quartiers difficiles », armés de machettes, de barres de fer, de battes de baseball, et ne pas être protégés.
Ils ont enfin constaté que le ministère de l’Intérieur français pouvait repousser la faute sur des supporters anglais, malgré l’évidence des erreurs massives commises par ses services dans la gestion de l’événement. Il est loin le temps où Emmanuel Macron, encore ministre de l’Économie, reconnaissait avec courage s’être trompé et s’en excusait publiquement. La durée du pouvoir, le confort des fauteuils et – peut-être – l’expérience enthousiasmante d’une population entièrement contrôlée par un passe sanitaire, ont changé les esprits. La doctrine officieuse en cours semble aujourd’hui considérer l’usage gouvernemental de la force comme un droit qui n’exige pas de particulière prudence, l’État ayant toujours raison.
Ceci entretient douloureusement le sentiment d’un pouvoir qui n’est plus totalement au service de son peuple et en fait subir les conséquences aux forces de l’ordre. Comment s’étonner que le message « anti-flics » de Jean-Luc Mélenchon trouve une si grande écoute quand le Stade de France a été encerclé et attaqué par des hordes de délinquants issus de l’immigration, que les forces de l’ordre ne l’avaient pas anticipé, n’y ont pas fait face et que le politique l’a dissimulé ? La volonté – justifiable – de ne pas stigmatiser des quartiers, des populations, des ethnies mais aussi celle – tactiquement – de ne pas confirmer les diagnostics de la droite identitaire est devenue intenable. Il n’y a plus de tapis assez grand sous lequel cacher la réalité de la disparition de l’État de droit dans certains espaces du territoire français.
Avec son déni persistant, le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin a fait plus en quelques jours pour ruiner l’image de son ministère que toutes les diatribes de l’extrême gauche. Si les spécialistes en communication du ministère de l’Intérieur considèrent avoir pu juguler la crise parce que les grands médias sont passés à un autre sujet, ils oublient qu’événement après événement, crise après crise, des couches sédimentaires de souvenirs et d’impressions s’épaississent dans la mémoire collective. D’un côté, des citoyens non-violents sont gazés, ou empêchés de se déplacer, stigmatisés, de l’autre des bandes organisées agissent dans une impunité totale, des visiteurs étrangers sont quotidiennement agressés dans les transports, sur les sites touristiques, dans les rues. L’image d’un pays dangereux, arrogant et sale remplace celui de la douce France et du Paris littéraire. Ne vous inquiétez cependant pas, en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées et des gaz lacrymo. Alors que déjà des médecins s’inquiètent dans la presse d’une petite remontée du nombre de cas de Covid, il ne faudra pas beaucoup en ajouter, une fois les élections législatives passées, pour préparer de nouvelles mesures de contrôle – strict celui-ci.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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