Un cessez-le-feu temporaire entre le gouvernement et les talibans, initiative sans précédent décrétée samedi, suscite l’espoir que des pourparlers de paix puissent enfin se tenir en Afghanistan, 17 ans après que les insurgés ont été chassés du pouvoir par une coalition internationale. Les talibans ont toujours mis le retrait total des forces étrangères du pays comme une précondition à toute discussion, ce qui enraie fortement les efforts de paix.
Un coalition internationale menée par les Etats-Unis pénètre en Afghanistan le 7 octobre 2001, quelques semaines après les attaques du 11 septembre perpétrées par Al-Qaïda, en quête de leur leader Oussama Ben Laden. Mais en 2003, l’Irak concentre toutes les attentions. Les talibans, chassés du pouvoir, se retirent dans leurs bastions du sud et de l’est du pays, d’où ils peuvent facilement se rendre dans les zones tribales pakistanaises. Progressivement, il se regroupent.
En février 2007, la poussée talibane se matérialise quand ils attaquent une base américaine, tuant 24 personnes, alors que le vice-président américain Dick Cheney s’y trouve. Le président Barack Obama décide d’envoyer 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan. La force dirigée par L’OTAN comptera au maximum 150.000 militaires à la fin de l’été 2010.
En mai 2011, des forces spéciales américaines tuent Oussama Ben Laden au Pakistan. Obama annonce le retrait de 33.000 troupes américaines d’ici la mi-2012. Les espoirs de dialogue s’estompent avec l’assassinat en septembre 2011 de Burhanuddin Rabbani – un ancien président, devenu l’émissaire de paix du président Hamid Karzai -, que des responsables afghans attribuent aux talibans.
Les talibans ouvrent un bureau au Qatar en juin 2013 pour y mener des négociations discrètes avec les Etats-Unis. Mais l’initiative prend fin un mois plus tard, après qu’ils se sont déclarés ambassade non officielle d’un gouvernement en exil, à la colère d’Hamid Karzai. En décembre 2014, L’OTAN met fin à sa mission de combat en Afghanistan, transmettant le relais sécuritaire aux forces afghanes, qui accusent déjà des pertes et un niveau de désertion importants.
Des négociations de paix entre Kaboul et les talibans afghans démarrent en juillet 2015 au Pakistan. Là encore, elles périclitent rapidement après la révélation que le mollah Omar, le fondateur des talibans, est mort deux ans plus tôt, les insurgés ayant caché son décès. Les années suivantes, la sécurité se détériore en Afghanistan, en partie du fait du groupe Etat islamique, qui s’y est installé en 2015. Kaboul devient l’endroit le plus dangereux du pays. Les pertes civiles atteignent des records.
En février cette année, le président Ashraf Ghani propose d’ouvrir des pourparlers de paix avec les talibans, incluant une éventuelle reconnaissance de leur mouvement comme parti politique. Les talibans l’ignorent, reprenant de plus belle leurs attaques. Le 31 mai, le Pentagone affirme que des cadres du gouvernement afghan négocient une interruption des combats avec les talibans. Quelques jours plus tard, le 7 juin, Ashraf Ghani annonce ce qui semble être un cessez-le-feu unilatéral avec eux pour l’Aïd-el-Fitr, qui célèbre la fin du ramadan.
Samedi, les talibans annoncent leur propre cessez-le-feu pour les trois premiers jours de l’Aïd. Leur communiqué ne répond pas directement à l’offre du président afghan, mais les dates concordent. D’après un analyste occidental à Kaboul, cette mesure, accueillie avec joie mais prudence par de nombreux Afghans, vise à « bâtir la confiance » entre les deux parties. Il est toutefois impossible de prédire si elle mènera quelque part.
DC avec AFP
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