Les investisseurs sont appelés à la rescousse pour sauver Kookaï : le tribunal de commerce de Paris a jugé jeudi que la trésorerie de l’entreprise était insuffisante pour financer son plan de continuation proposé, ouvrant la voie à son rachat.
De potentiels repreneurs peuvent désormais déposer des offres de reprise de cette célèbre enseigne française qui a inventé les « Kookaïettes », ces « jeunes femmes impertinentes et cruelles avec les hommes », présentées dans des campagnes de pub remarquées.
Kookaï « considère cette cession comme une opportunité de rebondir et consolider son modèle économique, notamment via des investisseurs institutionnels que l’entreprise recherche activement », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Placée en redressement judiciaire en février dernier, l’entreprise avait bénéficié d’une période d’observation de six mois. Celle-ci a « permis de geler les dettes, d’assainir les comptes et de travailler à un plan de continuation » présenté au tribunal au cours de l’été, a précisé la direction à l’AFP.
Le chiffre d’affaires « en perte de vitesse »
Mais le chiffre d’affaires ayant « été en perte de vitesse » en raison d’une conjoncture défavorable dans le prêt-à-porter au mois d’août en France, le tribunal a décidé de placer la société en cession, a-t-elle détaillé. Cette décision doit « permettre à l’entreprise de financer ce plan de relance, de payer les salaires et d’éviter la liquidation » grâce à l’ouverture du capital à de potentiels investisseurs.
Kookaï détient une centaine de magasins en France et est notamment présent en Espagne, en Suisse, aux États-Unis et en Australie. Lancée en 1983 en France, la marque a été rachetée en 2017 par l’homme d’affaires australien Rob Cromb au groupe Vivarte (qui comprenait alors Caroll, Minelli, La Halle, Naf Naf, Chevignon…), liquidé en 2021. En 2022, Kookaï affichait un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros, en hausse de 18% par rapport à 2021, mais en baisse de 25% par rapport à 2019.
De multiples difficultés ont mené au redressement judiciaire puis, désormais, à une possible cession de l’entreprise. Kookaï a « subi de plein fouet la crise du Covid-19 et l’effondrement du marché du prêt-à-porter moyen-de-gamme en France » et « s’est vite faite rattraper par les concurrents étrangers que sont Zara, H&M ou plus récemment SheIn », a déclaré l’entreprise dans son communiqué de presse.
« Même si de nombreuses marques se sont retrouvées dans la même situation ces derniers mois », Kookaï estime qu’« avec des collections renouvelées chaque semaine et des produits haut-de-gamme à prix abordables (la marque) aura toujours une place dans l’univers du prêt-à-porter mais aussi dans le cœur des françaises ».
Une violente crise du prêt-à-porter
Le secteur du prêt-à-porter en France est secoué depuis plusieurs mois par une violente crise. Camaïeu, Burton of London, Gap France, André, San Marina, Kaporal, Don’t Call Me Jennyfer, Du Pareil au Même, Sergent Major, Naf Naf… Ces marques bien connues des consommateurs français ont souffert d’un cocktail détonnant : pandémie, inflation, hausse des coûts de l’énergie, des matières premières, des loyers et des salaires ou encore concurrence de la seconde main et de la fast fashion.
Il a été fatal pour certaines marques, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec, à la clé, le licenciement des 2100 salariés qui avait fortement marqué les esprits. Certaines sont en redressement judiciaire, comme Naf Naf ou Burton of London. Sans en arriver là, d’autres encore réduisent la voilure, taillant dans les effectifs et fermant des magasins, comme Princesse Tam Tam, Comptoir des Cotonniers (groupe Fast Retailing) ou Pimkie.
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