Des milliers de Thaïlandais s’apprêtaient dimanche à rendre hommage, dans les rues de Bangkok écrasées de chaleur, au roi Maha Vajiralongkorn, couronné samedi, dans un pays qui reste profondément divisé après les législatives de mars.
Une grande parade régie par une chorégraphie ancestrale, avec le roi en son centre, devait débuter à 16H30 locales (09H30 GMT), une fois la température un peu retombée. Plus de mille militaires en costumes traditionnels devaient défiler autour du roi de 66 ans, transporté dans un palanquin doré porté à dos d’hommes, de temple en temple.
Le chef de la junte au pouvoir depuis le coup d’Etat de 2014, le général Prayut Chan-O-Cha, et le chef de l’armée, le général Apirat Kongsompong, marcheront derrière le palanquin royal. Un symbole fort envoyé au pays au lendemain de l’appel à « la paix » lancé par le roi. En ces jours de couronnement, fériés en Thaïlande, conservateurs ultra-royalistes et réformateurs d’opposition ont enterré la hache de guerre.
« Long live the king » (« Longue vie au roi »), proclamaient notamment Thaksin et Yingluck Shinawatra, ex-Premiers ministres vivant aujourd’hui en exil après des coups d’Etat de l’armée en 2006 et 2014 contre eux. Leur parti d’opposition clame la victoire aux législatives face à celui de la junte. Même consensus dans les journaux, qui publiaient la photo officielle du couronnement en Une, dans ce pays où critiquer publiquement la monarchie est impensable et puni de longues années de prison.
Dans l’édition de dimanche du Bangkok Post, il n’y avait quasiment pas d’articles, mais des pages entières de publicité achetées par les grands groupes du pays, affichant leur loyauté au roi et lui souhaitant « un règne long et heureux ». Les militaires ont alloué plus de 26 millions d’euros pour cette cérémonie et mobilisé pour dimanche des dizaines de milliers de fonctionnaires le long de la procession de plus de six kilomètres. Au total, plus de 200.000 personnes sont attendues par les autorités sur le parcours.
C’est pour les habitants du royaume une rare occasion d’approcher le roi, qui vit la plupart du temps à l’étranger et n’est vu habituellement que lors de cérémonies officielles à l’accès très limité, y compris pour les médias. « Je suis un sujet, pas un dignitaire ou un officiel… Je ne le vois qu’à la télévision » habituellement, témoigne Kanha Kitvej, une octogénaire ayant réservé son « spot » avant l’aube dimanche matin pour voir passer la procession.
L’événement est inédit dans le royaume depuis le sacre de Bhumibol Adulyadej en 1950. Ce dernier, qui détenait le record de longévité des monarques en exercice après avoir régné 70 ans, a légué à son fils une des plus grosses fortunes royales mondiales. Monté sur le trône au décès de son père Bhumibol Adulyadej en 2016, son couronnement avait été retardé afin de pouvoir respecter une période de deuil en l’hommage du roi défunt.
Réputé imprévisible, Maha Vajiralongkorn, divorcé trois fois, a crée la surprise en se remariant juste avant le couronnement avec sa compagne de longue date, une ancienne hôtesse de l’air élevée au titre de reine Suthida. Contrôle total sur les finances royales, purges, refonte de la Constitution: le roi de Thaïlande n’a pas attendu son couronnement pour remodeler la monarchie, prenant de court les observateurs qui le présageaient en roi peu investi.
Il est intervenu deux fois pendant la campagne des législatives, les premières depuis le coup d’Etat de 2014, opposant une fin de non-recevoir aux aspirations de sa sœur, la princesse Ubolratana, à se piquer de politique au côté de Thaksin Shinawatra. Et la veille du scrutin, il a exhorté les Thaïlandais à « soutenir les bonnes personnes » pour « empêcher le chaos », une déclaration perçue comme un soutien aux militaires. Mais la tension risque de remonter dès mercredi, jour de la publication des résultats définitifs des législatifs.
D.C avec AFP
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