Le désamour entre La France insoumise et la police n’a jamais été aussi fort, alors que la mobilisation contre la réforme des retraites reprend dans la rue mardi, et avec elle les critiques des mélenchonistes sur le maintien de l’ordre.
Le député LFI Antoine Léaument essuyant des coups de matraque en manifestation : l’image a été abondamment relayée sur les comptes Insoumis le 13 avril. Cette situation, dans ses tenants et aboutissants, dit beaucoup du rapport des Insoumis à la police. L’élu de l’Essonne faisait alors partie d’un groupe LFI « d’observation des opérations du maintien de l’ordre ».
Antoine Léaument a décidé de ne pas porter plainte parce qu’il « refuse de faire porter sur un individu (le policier concerné) la responsabilité politique » de la gestion du maintien de l’ordre. Car LFI l’assure : sa critique systématique de la police n’a en soi rien d’agressif vis-à-vis des hommes et femmes revêtant l’uniforme – qu’elle a appelés à rejoindre la bataille des retraites.
C’est en revanche un marqueur assumé pour s’adresser aux habitants des quartiers populaires, à la gauche qui manifeste et aux abstentionnistes anti-système. « On est attendus au tournant par les gens, au moins pour défendre l’honneur de ceux qui se sont fait embastiller, dénoncer les violences policières en manifestation et les exactions dans les quartiers populaires », explique à l’AFP le député Ugo Bernalicis, chargé des questions de sécurité à LFI.
Propos « inacceptables, à la limite de la diffamation »
La méthode est de frapper fort. Après la mort à Paris d’une jeune femme à la suite d’un refus d’obtempérer d’un automobiliste, Jean-Luc Mélenchon a tweeté, pendant la campagne des élections législatives de 2022 : « La police tue et le groupe factieux Alliance justifie les tirs et la mort pour ‘refus d’obtempérer’ ».
À gauche, socialistes, communistes et même certains LFI ont considéré que la phrase allait faire perdre inutilement des voix. L’épisode a fini d’exacerber les tensions avec les syndicats de police après plusieurs sorties polémiques au fil des ans. « Ces propos étaient inacceptables, à la limite de la diffamation », grimace Éric Henry, délégué national d’Alliance, l’un des syndicats majoritaires des gardiens de la paix. « Le rôle d’un élu c’est de rassembler, de lutter contre toute forme de fracture et d’œuvrer au rapprochement police – population », estime-t-il.
La déclaration « alimente et entretient la haine anti-flic, avec un raccourci terrible et très réducteur », abonde Grégory Joron, secrétaire général d’Unité SGP Police. « Cela désinhibe les moins intelligents et les conforte dans l’idée que la police est leur ennemi », insiste le syndicaliste. Un dirigeant Insoumis admet en privé que si LFI arrivait au pouvoir, elle aurait un sérieux problème d’entente à régler avec l’institution.
Vent en poupe pour la police de proximité
Mais pour l’heure, Ugo Bernalicis, lui, ne cherche pas la réconciliation avec la « composante virile, musclée, brutale de la police ». Les comportements racistes, les violences policières ? « Il y a une minorité agissante et une majorité silencieuse complaisante » parmi les policiers. Les Insoumis doivent grossir le trait pour faire entendre certaines positions inconfortables, revendique le député du Nord : « Il faut en passer par la case polémique, sinon vous disparaissez de l’échiquier ».
Cette virulence masque néanmoins un « rêve » pour une « police républicaine », dixit Jean-Luc Mélenchon. LFI préconise une police de proximité dotée de 60.000 agents, placés sous la double autorité du maire et du préfet. La police judiciaire verrait ses effectifs doubler avec 12.000 fonctionnaires, centrés sur la lutte contre les chefs de bandes criminelles.
Éric Henry chez Alliance, donne néanmoins une rare piste de réconciliation : « élargir la police de proximité avec le retour des services publics dans les quartiers où tout a été enterré ».
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