Épidémie de bactéries mangeuses de chair au Japon : les experts partagent leurs conseils de prévention

Par Shan Lam et JoJo Novaes
4 septembre 2024 01:24 Mis à jour: 11 septembre 2024 00:50

Alors que le Japon voit affluer les touristes internationaux pendant les vacances d’été, les autorités sanitaires sont confrontées à une épidémie d’infections causées par ce que l’on appelle communément les « bactéries mangeuses de chair ».

Dans l’émission Health 1+1 , Xiaoxu Sean Lin, expert américain en virologie et microbiologiste, a évoqué les symptômes, les caractéristiques et les méthodes de prévention de ce type d’infections.

La « bactérie mangeuse de chair » dont on a récemment parlé dans les médias est en fait le streptocoque du groupe A (SGA), ou syteptococcus pyogène a expliqué Sean Lin. Dans les cas graves, cette infection libère des enzymes qui dissolvent les muscles et les tissus conjonctifs, d’où son nom. Ces cas graves peuvent conduire à des pathologies comme le syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS), dont le taux de mortalité peut atteindre 30 % ».

Au 30 juin, le Japon avait signalé 1144 cas de SCTS depuis le début de l’année, selon un rapport du journal japonais Yomiuri Shimbun. Il s’agit du nombre de cas le plus élevé depuis près de 25 ans. Les statistiques gouvernementales montrent qu’au cours des cinq dernières années, le nombre annuel de cas de STSS a généralement été inférieur à 1000. En 2019, 894 cas ont été recensés, puis 622 en 2021. Cependant, le nombre a de nouveau augmenté, avec 941 cas signalés en 2023.

Le nombre d’infections graves à streptocoques du groupe A aux États-Unis a augmenté au cours de la dernière décennie, selon les données des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Au cours des cinq dernières années, les États-Unis ont enregistré entre 20.000 et 27.000 cas d’infections invasives à streptocoques du groupe A chaque année, entraînant entre 1800 et 2400 décès par an.

L’augmentation des infections à streptocoques du groupe A est liée à la pandémie de Covid-19, qui a affaibli le système immunitaire de nombreuses personnes, a déclaré Sean Lin. Avec l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie, les gens sont maintenant réexposés à un plus grand nombre d’agents pathogènes. Les personnes dont le système immunitaire est affaibli courent un plus grand risque de développer des infections graves dues aux streptocoques du groupe A, une bactérie.

Selon l’Institut Pasteur, Il y a une recrudescence réelle des infections invasives à streptocoques  du groupe A dans les pays industrialisés et notamment en Europe. En France, ces infections invasives sont en augmentation depuis 2000.

Le taux de mortalité des infections invasives à streptocoques A est estimé à environ 10 %, toutes pathologies confondues.

Symptômes du syndrome du choc toxique streptococcique

• Les premiers symptômes du SCTS sont les suivants :

• Fièvre et frissons.

• Douleurs musculaires.

Nausées et vomissements.

 Des symptômes graves peuvent apparaître dans les 24 à 48 heures suivant l’infection initiale, notamment :

• Hypotension artérielle.

• Tachycardie (rythme cardiaque rapide).

• Tachypnée (respiration rapide).

• Insuffisance organique : l’insuffisance rénale peut se manifester par une incapacité à uriner, tandis que l’insuffisance hépatique peut provoquer des hémorragies ou des ecchymoses importantes, ainsi qu’une jaunisse (jaunissement de la peau et des yeux).

Le STSS survient lorsque des protéines toxiques du streptocoque du groupe A pénètrent dans la circulation sanguine et déclenchent une réponse systémique, a expliqué Sean Lin. Ces protéines peuvent induire une tempête de cytokines, entraînant une dilatation généralisée des vaisseaux sanguins et une chute soudaine de la pression artérielle. Il peut en résulter un état de choc et une insuffisance de l’apport sanguin à divers organes.

Une fois que le STSS s’est développé, il peut progresser rapidement, provoquant des symptômes graves et pouvant entraîner la mort. Un diagnostic et un traitement précoces sont essentiels, a déclaré Sean Lin. La bonne nouvelle est que le streptocoque du groupe A présente une faible résistance aux antibiotiques, ce qui rend de nombreux antibiotiques efficaces.

Caractéristiques de la fasciite nécrosante

La fasciite nécrosante est une affection qui peut résulter d’une infection par un streptocoque du groupe A. Le fascia, qui se trouve entre la peau et les muscles, sert à protéger le tissu musculaire. Si les bactéries pénètrent par une plaie cutanée, elles peuvent rapidement se propager le long du fascia, selon Sean Lin.

Les patients atteints de fasciite nécrosante présentent généralement des rougeurs, des gonflements et des douleurs dans la zone touchée. Un signe clinique plus révélateur est que même les zones de la peau sans rougeur ou gonflement visible sont douloureuses au toucher, ce qui indique que l’infection bactérienne se propage rapidement et peut bientôt conduire à une nécrose des tissus.

Un traitement rapide est essentiel dans le cas de la fasciite nécrosante, note Sean Lin. Si le tissu se nécrose, un débridement (retrait du tissu affecté) est nécessaire. Cette procédure est douloureuse et entraîne une convalescence longue et difficile, avec des cicatrices. Dans les cas les plus graves, une amputation peut être nécessaire.

Méthodes de traitement et de prévention

Les médecins traitent principalement les infections à streptocoques du groupe A avec des antibiotiques comme la pénicilline et la clindamycine, a déclaré Sean Lin. Dans les cas les plus graves, l’immunoglobuline intraveineuse peut être utilisée comme traitement d’urgence.

Selon le ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, les antibiotiques constituent la première ligne de défense, mais ils sont souvent insuffisants à eux seuls et une intervention chirurgicale d’urgence est nécessaire pour éliminer les tissus nécrosés.

Il n’existe actuellement aucun vaccin permettant de prévenir efficacement les infections à streptocoques du groupe A.

Les jeunes enfants, les personnes âgées de plus de 50 ans et les diabétiques sont considérés comme des groupes à haut risque en raison de leur système immunitaire plus faible, ce qui les rend plus vulnérables aux infections à streptocoques du groupe A, a continué Sean Lin.

Le risque d’infection par le streptocoque du groupe A augmente avec l’âge. Les données montrent que le taux d’infection est de 8,3 cas pour 100.000 personnes dans la tranche d’âge 50-64 ans, qu’il passe à 10,4 cas dans la tranche d’âge 65-74 ans, à 11,2 cas dans la tranche d’âge 75-84 ans et qu’il atteint 15,2 cas dans la tranche d’âge 85 ans et plus.

Le streptocoque du groupe A se transmet généralement par des gouttelettes respiratoires ou par contact direct avec des plaies infectées, a expliqué Sean Lin.

Pour prévenir l’infection par cette « bactérie mangeuse de chair », il recommande les mesures suivantes :

• Maintenir une bonne hygiène : porter des masques et se laver les mains fréquemment.

• Donner la priorité à la santé : se reposer suffisamment, avoir une alimentation équilibrée et renforcer le système immunitaire.

• Protéger les plaies ouvertes : éviter de se baigner sur les plages ou dans les piscines si on a des plaies cutanées.

• Manipuler les fruits de mer en toute sécurité : ne consommer que des fruits de mer bien cuits et porter des gants pour manipuler les crustacés afin d’éviter les coupures et de réduire le risque d’infection.

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