Depuis 2018, le régime chinois utilise la technologie pour imposer une nouvelle forme de totalitarisme jamais vue dans le passé. Le système de « crédit social », basé sur l’utilisation des données personnelles et la surveillance de masse, est la tyrannie technologiquement la plus avancée que nous ayons connue.
En France, depuis le 9 août, le passe sanitaire via l’application TousAntiCovid est devenu obligatoire pour tous les Français. Décrit comme une atteinte à nos libertés par le Défenseur des droits, le passe sanitaire est-il une version française allégée de ce fameux « crédit social » chinois, voué à évoluer dans le futur ? Le régime chinois a-t-il réussi à importer son modèle autoritaire en Occident ?
Le système de crédit social, un outil au service du totalitarisme chinois
En Chine, le système de crédit social vise à surveiller à grande échelle le comportement de chaque individu en utilisant internet, les caméras de surveillance et les techniques de reconnaissance faciale et vocale. Les courriels, les transactions en ligne, les posts de chaque citoyen, leurs déplacements, leur choix de lecture, leurs amis, etc, tout est enregistré dans une base de données centralisée où un algorithme attribue une « note de crédit social », continuellement mise à jour.
Dans ce système, ceux qui obtiennent les points de « crédit » les plus élevés bénéficient d’un meilleur accès à l’emploi, aux universités, aux transports, aux commerces, aux loisirs, etc., tandis que ceux qui obtiennent les notes les plus faibles se heurtent à des restrictions dans leur vie quotidienne.
La délation des « mauvais comportements », faire l’éloge du gouvernement, donner son sang, y sont par exemple récompensés par des points. Ne pas traverser au passage piéton, critiquer le parti unique sur les réseaux sociaux ou défendre les droits de l’homme, etc. y sont sanctionnés par une perte de points. Et ceux dont les notes sont les plus basses sont considérés comme une menace pour le Parti unique et risquent d’être arrêtés à titre préventif puis envoyés dans des établissements pénitenciers de « rééducation ».
Teng Biao, avocat chinois des droits de l’homme, explique à Epoch Times que ce système de crédit social fait partie d’une série de mesures prises par le parti communiste chinois (PCC) dans le but d’accroître sa surveillance sur l’ensemble de la société et renforcer son régime totalitaire: « Dans le passé, il y avait le totalitarisme nazi et le système totalitaire de Mao Zedong, mais un système totalitaire alimenté par l’Internet et la technologie contemporaine n’a jamais existé », commente Teng Biao. « Le Parti communiste fait maintenant le premier pas vers l’introduction d’un système totalitaire de haute technologie, en utilisant des notations de crédit, en surveillant et en enregistrant chaque détail de la vie quotidienne des gens. »
Le développement du système de crédit social prend ses racines dans le sentiment de lutte du PCC et sa peur de perdre le pouvoir en Chine. Pour resserrer son emprise sur le peuple chinois, le Parti a renforcé ces dernières années son contrôle sur tous les aspects de la société en imposant l’utilisation des technologies dans la vie quotidienne des Chinois.
Le passe sanitaire actuellement imposé en France
« Ce passe sanitaire ne saurait être prolongé au-delà de la date du 15 novembre » déclarait, le 25 juillet, Olivier Véran devant l’Assemblée Nationale. Deux mois plus tard, le porte-parole du gouvernement dit vouloir « maintenir la possibilité de recourir » à ce mécanisme « jusqu’à l’été 2022 » – au-delà de l’élection présidentielle.
« Le passe sanitaire a été mis en place dans le cadre d’une loi d’urgence, et il a démontré son efficacité. Aujourd’hui, il pourrait rentrer dans le droit commun, comme le carnet de vaccination pour les enfants ou le permis de conduire, c’est-à-dire comme un outil qu’on doit avoir sous la main, et qu’on peut sortir en cas de besoin », déclarait au même moment Anne Genetet, députée d’Asie-Océanie-Europe orientale et porte-parole du groupe LREM, sous-entendant qu’il pouvait être permanent et même évoluer vers d’autres aspects.
Selon Cyrille Dalmont, chercheur associé à l’Institut Thomas More, interviewé par le Figaro,« quatorze mois auront suffi pour passer d’une simple application de suivi de l’épidémie, facultative et basée sur le volontariat, à un passe sanitaire obligatoire et nécessaire à l’exercice de plusieurs de nos libertés fondamentales (liberté d’aller et venir, liberté du travail, liberté du commerce et de l’industrie, liberté d’association). »
En France aujourd’hui, si votre passe sanitaire n’est pas à jour, vous risquez d’être licencié de votre entreprise, vous ne pourrez plus aller au restaurant, au cinéma ou au théâtre, ni dans les grands centres commerciaux ou au musée. Si vos enfants de plus de 12 ans n’ont pas leur passe sanitaire à jour, ils ne pourront plus aller à l’école. Vous ne pourrez pas aller à l’hôpital pour voir un proche ou pour une opération (sauf aux urgences). Pour les personnes déjà vaccinées, il vous faudra probablement certifier d’une 3e dose dans les prochaines semaines pour être « à jour » et une question démocratique majeure se pose pour les élections présidentielles de 2022, si seuls les « bons » citoyens auront accès aux bureaux de vote et pourront voter.
Un rapport du Sénat va plus loin dans le contrôle de la population française
Un rapport du Sénat, présenté début juin par la délégation sénatoriale à la prospective, s’appuie sur les mesures prises par plusieurs pays asiatiques – dont la Chine, pour envisager l’évolution du passe sanitaire en France.
Drones, portiques à l’entrée des métros avec reconnaissance faciale et caméras thermiques, boîtier porté autour du cou émettant un son de 85 décibels pour faire respecter les distanciations (non retenu mais pouvant être « simplement » remplacé par un smartphone, selon le rapport), etc. l’épidémie de Covid-19 nourrit une imagination féconde sur les différents moyens de restreindre nos libertés.
Dans ce rapport, les sénateurs ont étudié par exemple comment imposer à une personne positive au Covid une quarantaine avec un bracelet électronique, une « désactivation du titre de transports en commun, une détection automatique de la plaque d’immatriculation par les radars» et la géolocalisation de ses déplacements en cas de confinement. Les paiements par carte bancaire pourraient être également scrutés voir désactivés si vous ne respectez pas les règles et les amendes seront directement prélevées sur votre compte en cas d’ « infraction ».
Les auteurs du rapport précisent que si un individu « préfère malgré tout disposer de [s]a liberté d’aller et venir, il est légitime qu’[il]assume en contrepartie une fraction du surcoût payé par la société du fait de l’épidémie, par exemple sous la forme d’une petite hausse de mes cotisations sociales si le nombre ou la durée de [s]es sorties excède un certain seuil. » Les sénateurs précisent que ce surcoût serait bien entendu « très minime ».
Dans ces scénarios catastrophes, le passe sanitaire et son application TousAntiCovid serait l’outil pivot de cette surveillance généralisée de la population, croisant vos données judiciaires, financières et médicales, ainsi que votre géolocalisation et celle de vos proches. Pour « votre bien et celui d’autrui », le passe sanitaire aurait le contrôle sur tous les aspects de votre vie et pourrait punir vos « mauvais comportements » par des amendes dissuasives ou des restrictions de libertés.
Les auteurs décrivent le numérique comme un puissant antivirus au Covid, précisent qu’il s’agit bien sûr de prospectives et concluent qu’ « il n’y a malheureusement pas de mystère : plus les outils sont intrusifs, plus ils sont efficaces ». Bienvenue dans la rencontre du totalitarisme 2.0 et du génie français.
Une dérive pour les droits et les libertés, selon le Défenseur des droits
Le Défenseur des droits, Claire Hédon, a publié un avis le 20 juillet 2021 dans lequel elle tire la sonnette d’alarme quant aux atteintes des droits des citoyens que représente l’extension du passe sanitaire à toute la population.
L’extension du passe sanitaire, comme elle est prévue dans le projet de loi, présente des dérives d’autant plus marquées par l’accélération de la procédure voulue par le gouvernement, ce que regrette « vivement » Claire Hédon. Dans son avis, le Défenseur des droits, dont l’institution est chargée de veiller à l’égalité des droits des citoyens, pointe « l’ampleur des atteintes aux droits et libertés fondamentales prévues ». Parmi ces atteintes, il y a notamment des risques de discrimination et l’augmentation des inégalités, des risques d’atteinte à nos libertés et enfin le risque d’une surveillance généralisée.
Claire Hédon s’inquiète aussi des discriminations liées à l’emploi. Les salariés qui ne posséderaient pas le passe sanitaire pourraient se voir désavantagés par rapport aux autres. En outre, l’obligation vaccinale concernant certaines professions risque aussi d’entraîner la discrimination envers certains employés.
De plus, pour les non-vaccinés, l’accès aux transports, mais également à certains lieux, services ou activités, risque de « porter atteinte à la liberté d’aller et venir et à entraver la vie quotidienne de nombreuses personnes, alors même qu’une part importante des populations jeunes et/ou précaires n’a pas encore eu accès à la vaccination », indique l’avis publié par l’institution.
De surcroît, « outre un durcissement des conditions de contrôle de l’isolement, le projet de loi prévoit que les mesures d’isolement soient étendues aux personnes présentes sur le territoire », est-il précisé dans ce texte. Donc en cas de contamination par le Covid-19 à la suite d’un test de dépistage, cela entraînera une « mesure de placement et de maintien en isolement pour 10 jours dans le lieu d’hébergement déclaré lors de l’examen ». « Il est à craindre que ces dispositions, combinées à la possibilité de rendre payants les tests, aient pour effet de désinciter à se faire tester et ne freine la politique de dépistage massif, favorisant ainsi la circulation du virus », ajoute le Défenseur des droits.
Un avis qui n’a pas du tout été pris en compte par le gouvernement, ni par les assemblées ou par le Conseil constitutionnel.
Les fausses lanternes du modèle chinois
Si certains écoutent les sirènes du parti communiste chinois, vantant ses prouesses dans le maintien de l’ordre et le contrôle de l’épidémie, c’est qu’ils y ont soit oublié la nature totalitaire du régime chinois et la désinformation qui va avec. Le régime chinois n’est pas seulement profondément athée, mais il lutte par tous les moyens répressifs contre son propre peuple, contre la liberté de pensée, de conscience et d’expression de ses citoyens, en utilisant la technologie et la contrainte pour imposer sa pensée unique. Rien de puissant ni de transcendant, mais plutôt un régime aux abois utilisant les dernières pratiques barbares pour se maintenir au pouvoir grâce à la technologie.
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