Un juge d’instruction a été désigné mardi pour identifier les auteurs des tags d’étoiles de David bleues en région parisienne et comprendre leurs intentions, la piste d’une commande venue de l’étranger n’étant « pas exclue » à ce stade.
Selon un communiqué de presse de la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, publié mardi, ce marquage pourrait avoir « été réalisé à la demande expresse d’une personne demeurant à l’étranger ». « L’enquête va désormais se poursuivre dans le cadre d’une instruction judiciaire, tant pour identifier les auteurs que pour analyser l’intention ayant guidé cette opération », a-t-elle ajouté.
Plusieurs dizaines d’étoiles de David bleues apposées au pochoir avaient été découvertes un mardi matin, le 31 octobre, sur des façades d’immeubles du XIVe arrondissement parisien et dans d’autres endroits de Paris et en banlieue. La Première ministre Élisabeth Borne avait dénoncé des « agissements ignobles », y voyant comme de nombreuses personnalités politiques des actes antisémites.
Dans un premier temps, trois enquêtes avaient été ouvertes à Bobigny, Nanterre et Paris, pour dégradation du bien d’autrui aggravée par la circonstance qu’elle a été commise en raison de l’origine, la race, l’ethnie ou la religion. Les trois ont finalement été regroupées à Paris lundi.
« Possibles ramifications à l’étranger »
Selon Mme Beccuau, grâce notamment à la vidéosurveillance, les investigations ont permis d’établir que « ces inscriptions ont été faites par un homme et une femme, au cours d’un parcours unique, en présence d’une troisième personne qui a photographié ces dégradations ». L’homme et la femme soupçonnées des tags ont quitté la France dès le 31 octobre après-midi, selon le parquet.
Les investigations ont néanmoins permis de rapprocher ces faits d’une autre enquête, celle portant sur des faits commis quatre jours auparavant : le 27 octobre, un homme et d’une femme, nés en juin 1990 et décembre 1994 en Moldavie, ont été interpellés dans le 10e arrondissement de Paris.
« Un riverain les avait vus taguer une étoile bleue au pochoir, effacée le jour-même. Ils avaient déclaré avoir agi sur la commande d’un tiers et contre rémunération, ce qu’attestait une conversation en russe dans leur téléphone », a détaillé Mme Beccuau. La procédure judiciaire a été classée parce qu’ils ont été placés en centre de rétention administratif en vue de leur expulsion. Selon le parquet, « les recherches téléphoniques permettent de penser que les deux couples d’auteurs ont été en relation avec la même tierce personne ».
Dans cette affaire, selon une source proche du dossier, les enquêteurs ont émis rapidement l’hypothèse de « possibles ramifications à l’étranger », avec un fort questionnement sur « le rôle d’une main étrangère derrière cette action ».
Une « affaire atypique »
Dimanche, sur BFMTV, le préfet de police Laurent Nuñez a évoqué une « affaire atypique par rapport aux autres actes antisémites » et chiffré le nombre d’appositions de cette étoile à 250. Il a confirmé qu’une « équipe d’auteurs qui semble plutôt bien se coordonner » était dans le viseur des enquêteurs, et avait « la volonté que ces étoiles soient vues ». L’équipe aurait visé « certains immeubles où ne vivait pas de membres de la communauté juive », selon Laurent Nuñez.
La procureure de Paris a confirmé que ces étoiles bleues avaient été marquées « sur des façades de manière manifestement indifférente à ce que les bâtiments abritaient ». « Il est nécessaire de poursuivre les investigations sur le caractère antisémite de l’intention des auteurs de ces dégradations, notamment au regard du contexte géopolitique et de son retentissement en France », a-t-elle cependant souligné.
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