Des centaines d’exilés ont été évacués jeudi de lieux de vie autour de Calais et Dunkerque, où ils campent dans des conditions exécrables avec l’espoir de gagner le Royaume-Uni, une « mise à l’abri » selon les préfectures, dénoncée comme « forcée » par les associations.
À Loon-Plage près de Dunkerque (Nord), comme dans les principaux campements de Calais (Pas-de-Calais), des dizaines de bus ont été mobilisés pour emmener les migrants vers des centres d’accueil à l’écart du littoral.
Selon le préfet du Pas-de-Calais Jacques Billant, à Calais, 300 migrants « volontaires » sur les quelque 800 que compte la ville actuellement, ont été « pris en charge (…) dans une trentaine de départements ».
Objectifs:
➡️ mettre fin aux conditions de vie indignes observées sur ces campements.
➡️proposer une mise à l’abri à tous les volontaires grâce à la mobilisation de la solidarité nationale.
➡️sauver des vies: soustraire les personnes migrantes aux réseaux criminels de passeurs. pic.twitter.com/CNjpHPjMBw— Préfet Pas-de-Calais ???? (@Prefet62) November 30, 2023
Ces opérations simultanées visaient selon lui à « proposer une mise à l’abri de tous les migrants situés dans les campements du littoral dans le Nord et le Pas-de-Calais » pour mettre fin à leurs « conditions de vie indignes, accentuées ces dernières semaines par les précipitations importantes ». Dans les campements détrempés par les pluies record de novembre, les températures sont actuellement négatives la nuit.
Majoritairement des Soudanais et des Érythréens
À Calais dans la matinée, des équipes de nettoyage fourraient dans des camionnettes des tentes et des couettes. Des exilés, majoritairement Soudanais et Érythréens, parfois en sandales malgré le froid, erraient à proximité, certains dans l’espoir de récupérer un téléphone ou une paire de chaussures abandonnés dans l’urgence de l’évacuation. « L’objectif est de sauver les vies », a souligné François-Xavier Bieuville, sous-préfet de Dunkerque, alors que les tentatives de traversées se poursuivent malgré les conditions météo.
Plusieurs ont encore eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, un gendarme a été blessé jeudi dans le Boulonnais lors d’une opération liée à une tentative de traversée clandestine. Deux personnes ont péri dans la Manche le 22 novembre, lorsque leur embarcation a fait naufrage à quelques centaines de mètres du rivage.
Les associations dénoncent pour leur part des « expulsions forcées ». « On reçoit des appels de nombreuses familles qui sont dans les bus dans l’Essonne ou en direction du sud, Avignon, Montpellier, et qui nous contactent parce qu’elles ne comprennent pas où elles vont, et ne veulent pas aller là-bas » a pointé une coordinatrice de l’association Utopia56.
L’évêque d’Arras Mgr Olivier Leborgne, qui s’est rendu près d’un campement évacué à Calais, a souligné que les expulsions se font sans prévenir les exilés, ni effectuer de diagnostic social ou recueillir leur consentement à la « mise à l’abri », déplorant que « la seule porte d’entrée (soit) sécuritaire ». « Est-ce qu’on peut respecter le droit ? », a-t-il lancé, rappelant les propos du pape à Marseille sur le risque de « naufrage de civilisation » dans la peur et l’indifférence opposées au phénomène migratoire.
Selon Juliette Delaplace du Secours catholique, certains migrants ont été poursuivis ou contraints de monter dans les bus. La présidente de l’association, Véronique Devise, qui était également sur place jeudi, a demandé « une ouverture du plan grand froid de façon plus souple », pour héberger les migrants sur le littoral.
Le Secours catholique appelle également à multiplier les lieux d’accueil de jour, notamment pour faciliter l’accès au droit des migrants et une meilleure protection de l’enfance. L’association compte saisir la Défenseure des droits de la situation de personnes vulnérables, familles avec jeunes enfants ou femmes enceintes, obligées de rester dehors.
Yassin Omar, un Soudanais de 18 ans arrivé à Calais il y a quatre mois, a raconté à l’AFP que lui et ses compagnons soudanais dormaient quand la police est arrivée vers 5h00. Certains ont été pris par la police, « on ne sait pas où ils les ont emmenés », a-t-il indiqué. « Quand je suis revenu sur le camp, je n’ai pas retrouvé mon sac, ma couverture, rien. Je ne comprends pas pourquoi la police fait ça. »
Un des campements évacués, celui de la Turquerie, près de Calais, avait déjà été évacué le 10 octobre, ainsi qu’en mai et en juin derniers.
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