Israël pleure samedi la mort de trois otages tués « par erreur » par ses propres soldats dans la bande de Gaza, où l’armée multiplie les raids aériens malgré les pressions de son allié américain pour plus de retenue.
La nouvelle a secoué Israël vendredi soir : trois otages israéliens « identifiés par erreur » comme une « menace » ont été tués par des soldats opérant à Choujaiya, dans le nord de la bande de Gaza.
« Lors de combats à Choujaiya (nord), l’armée a identifié par erreur trois otages israéliens comme une menace. En conséquence, les soldats ont ouvert le feu dans leur direction et ils ont été tués », a indiqué le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, à la télévision. Ils se sont « soit échappés ou ont été abandonnés » par leurs geôliers, a-t-il ajouté, promettant une « enquête transparente ».
Le nom du troisième otage tué par erreur lors de l’incident a été approuvé pour publication par sa famille.
Alon Shamriz, enlevé du kibboutz Kfar Aza par l’organisation terroriste du Hamas le 7 octobre.
— Tsahal (@Tsahal_IDF) December 15, 2023
« Une insupportable tragédie »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a aussitôt regretté « une insupportable tragédie » qui plonge « tout l’État d’Israël dans le deuil », tandis qu’à Washington la Maison Blanche évoquait une « erreur tragique ».
Les victimes sont Yotam Haïm, un batteur de Heav Metal de 28 ans, et Samer al-Talalqa, un Bédouin de 25 ans, tous deux enlevés au kibboutz Nir Am lors de l’attaque meurtrière de l’organisation terroriste Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, précise un communiqué de l’armée. La famille du troisième otage tué n’a pas souhaité que son identité soit rendue publique. Leurs corps ont été rapatriés en Israël.
L’armée souligne qu’ils ont trouvé la mort « dans une zone de combat active » dans laquelle ses soldats livrent « une bataille continue depuis plusieurs jours » face aux combattants du Hamas. Elle a fait part de ses « profonds regrets » aux familles de victimes, ajoutant que « sa mission est de localiser les disparus et de ramener les otages chez eux ».
Ces décès portent à 22 le nombre d’otages dont la mort a été confirmée par l’armée sur les quelques 250 personnes emmenées de force par le Hamas dans la bande de Gaza le 7 octobre. 110 otages ont été libérés, et 129 restent captifs sans qu’il soit possible de savoir s’ils sont vivants.
Des familles demandent un accord Israël-Hamas
Peu après cette annonce, des familles d’otages et des sympathisants ont défilé avec des photos de captifs devant le ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv pour demander un accord immédiat en vue de leur libération.
« Chaque jour, un otage meurt », pouvait-on lire sur une affiche alors qu’un drapeau israélien placé dans la rue a été aspergé de peinture rouge évoquant du sang. « Le seul moyen de libérer les otages vivants est la négociation », a déclaré sur place Motti Direktor, un manifestant de 66 ans. « Nous sommes ici après une soirée bouleversante, et je meurs de peur. Nous exigeons un accord maintenant », a déclaré Merav Svirsky, dont le frère Itay est otage à Gaza.
Après l’annonce de la mort des trois otages, le site Axios a indiqué que David Barnea, le chef du Mossad, les services secrets extérieurs israéliens, doit rencontrer ce week-end le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. La rencontre, en Europe, doit porter sur la libération d’otages, poursuit Axios sans préciser le lieu de cet entretien ni le nombre de captifs qui pourraient être libérés parmi les quelque 129 estimés toujours retenus à Gaza.
Un journaliste d’Al Jazeera tué à Gaza, un autre blessé
Si Israël est endeuillé samedi, le Qatar et Gaza le sont aussi après le décès de Samer Abou Daqa, caméraman d’Al Jazeera tué dans une frappe aérienne israélienne à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza, selon la chaîne qatarie.
Le chef de bureau d’Al Jazeera à Gaza, Waël Dahdouh, qui avait perdu son épouse et deux de ses enfants au début de la guerre, a lui été blessé au bras par des éclats d’obus et transféré dans un hôpital de Khan Younès. « Nous étions en reportage, nous avions filmé, nous avions terminé et nous étions avec la défense civile mais alors que nous revenions, ils nous ont frappés avec un missile. Tant que je respire, il n’y a pas de problème. Dieu nous aide, c’est tout », a déclaré à l’AFP Waël Dahdouh.
Plus de 60 journalistes et employés de médias sont morts depuis le début de la guerre Israël-Hamas, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). « Les équipes de Gaza, en particulier Waël et Samer, ont joué un rôle crucial pour révéler l’ampleur des destructions et des horreurs des atrocités israéliennes », a estimé Al Jazeera.
Après plus de deux mois de guerre et un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, les conditions de vie à Gaza sont cauchemardesques pour les civils palestiniens acculés dans des zones toujours plus petites, estime l’ONU.
Un point d’entrée « temporaire » pour l’aide humanitaire
Israël a autorisé vendredi l’ouverture « temporaire » d’un nouveau point d’entrée pour l’aide humanitaire à Gaza assiégée, tout en poursuivant d’intenses frappes aériennes malgré les pressions américaines pour plus de retenue.
La décision d’autoriser l’aide humanitaire à entrer à Gaza par le terminal de Kerem Shalom vise à décongestionner celui de Rafah, unique point d’entrée de vivres et de médicaments, alors qu’Israël resserre l’inspection des camions acheminant de l’aide. Quelque 1,9 million d’habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l’ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois face aux bombardements et aux combats qui s’étendent.
Tout en saluant l’ouverture du terminal de Kerem Shalom, le représentant de l’OMS pour les territoires palestiniens occupés, a estimé qu’il faut « travailler » à l’accès des camions de vivres et médicaments à toute la bande de Gaza. L’aide reste pour l’instant largement concentrée sur Rafah.
Des « combats acharnés » dans le nord de Gaza
Tôt samedi, le Hamas a fait état de « combats acharnés » dans le secteur de Jabaliya (nord) tandis et de frappes aériennes et de tirs d’artillerie intenses à Khan Younès, nouvel épicentre des combats dans le sud du territoire. La veille, à Rafah, Bakr Abu Hajjaj avait survécu à l’une de ses frappes. « Tout est détruit, cela fait 70 jours que nous subissons cette guerre et cette destruction », se désole-t-il, interrogé par l’AFP.
De passage en Israël jeudi et vendredi, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan a demandé aux responsables israéliens de passer à court terme à une phase de « plus faible intensité ». Dans un signe de crispation inédit face à l’ampleur des pertes palestiniennes, le Président américain Joe Biden avait d’ailleurs dénoncé des bombardements « aveugles », prévenant son allié israélien qu’il risquait de perdre son soutien international.
La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna est attendue samedi au Liban et dimanche en Israël pour tenter d’éviter un embrasement régional à l’heure de tensions croissantes à la frontière libano-israélienne et en mer Rouge où les terroristes yéménites Houthis, proches du Hamas, menacent le trafic maritime.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.