General Electric (GE), empêtré dans des difficultés depuis deux ans, a annoncé mardi des mesures drastiques pour tenter d’enrayer l’hémorragie de sa division énergie (Alstom), qui lui a valu d’afficher une perte de 22,8 milliards de dollars au troisième trimestre.
A Wall Street, l’action plongeait de 11,30% à 9,91 dollars, au plus bas depuis 2009 en plein coeur de la crise financière. Fait rarissime pour une entreprise qui a toujours été considérée comme un placement de référence aux Etats-Unis, les actionnaires du conglomérat industriel ne percevront plus qu’un cent de dividende par titre, au lieu des douze qui leur avaient été promis il y a encore quelque temps.
« L’ampleur de la réduction est la preuve que les finances sont dans une position délicate« , observe Stephen Tusa, expert chez JPMorgan Chase.
C’est la première grande mesure du nouveau PDG Larry Culp, 55 ans, en poste depuis le 1er octobre avec la mission de redresser le géant américain. Et c’est seulement la troisième fois depuis la Grande dépression de 1929 que GE, qui a distribué plus de 150 milliards de dollars de dividendes depuis 2000, réduit la rémunération de ses actionnaires.
Cette décision, anticipée par de nombreux experts et actionnaires qui souhaitent voir GE réinvestir ses bénéfices dans ses activités, est due à des résultats trimestriels décevants, principalement à cause de lourdes charges d’un montant total de 22 milliards de dollars, dont la moitié porte sur des dépréciations d’actifs d’Alstom.
Le ministère américain de la Justice (DoJ) et le gendarme des marchés, la SEC, ont ouvert chacun une enquête sur ces charges, a révélé GE, qui était vu jusque-là comme l’un des baromètres de l’économie américaine.
« C’est à se demander si leurs livres de comptes sont transparents« , s’interroge Jim Corridore, analyste chez CFRA.
GE, né il y a 126 ans de la fusion d’Edison et de Thomson-Houston, est tombé dans le rouge au troisième trimestre, enregistrant une perte nette de 22,8 milliards de dollars, tandis que le chiffre d’affaires a diminué de 3,5% à 29,57 milliards.
« GE doit changer« , a déclaré Larry Culp lors d’une conférence téléphonique, ajoutant qu’il « est devenu clair que nous devons simplifier l’énergie« .
La division énergie ne parvient pas en effet à se remettre de la chute des prix de l’électricité de gros, de l’effondrement des commandes de turbines – qu’elle n’a pas su anticiper- et des surcapacités dues à une augmentation du nombre de fermetures de centrales thermiques et du développement des énergies renouvelables (solaire et éolien).
GE a continué à parier sur les énergies fossiles en rachetant par exemple en 2014 au plus fort les activités énergie de l’ex-fleuron français Alstom, la plus grosse acquisition de son histoire. Les difficultés se sont aggravées mi-septembre quand le groupe a confirmé des problèmes d’oxydation sur sa nouvelle génération de turbines, pourtant censée lui permettre de mieux braver la concurrence.
Pour repartir de l’avant, GE, qui fabrique le moteur d’avion LEAP avec le Français Safran, va scinder la division énergie en deux. Une première unité réunira les turbines à gaz et les services gaziers et une autre regroupera les générateurs à vapeur et électriques entre autres, a détaillé GE, un schéma qui n’a pas convaincu les milieux financiers.
GE veut également faire des économies en supprimant le siège de la division Energie où les problèmes persistent. Au troisième trimestre, les commandes ont par exemple chuté de 18%, les revenus de 33%, tandis que la perte opérationnelle est de 631 millions de dollars, contre un bénéfice de 464 millions il y a un an.
M. Culp a fait de la réduction de la dette, 115 milliards de dollars fin septembre, et d’un retour à la rentabilité dans les activités fragilisées sa priorité des cent premiers jours. Premier PDG choisi en externe, il s’est fait un nom en relançant le conglomérat industriel américain Danaher, qu’il a dirigé pendant quatorze ans jusqu’en 2014.
Son prédécesseur, John Flannery, limogé après seulement quatorze mois de règne, avait annoncé fin 2017 une cure d’austérité de 20 milliards de dollars de cessions d’actifs à la clé et des milliers de suppressions d’emplois à travers le monde.
Malgré les critiques de la classe politique française, GE a renoncé mi-juin à son engagement de créer un millier d’emplois d’ici fin 2018 en France. GE prévoit également de donner son indépendance à la division santé et de vendre sa participation de 62,5% dans le groupe de services pétroliers Baker Hughes.
HS avec AFP
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