Pour Gérald Darmanin, « il est temps de dire aux forces du capital, aux patrons, d’augmenter les salaires et de mieux rémunérer les travailleurs ».
Le problème ne serait donc pas tant lié à l’inflation – les Français ayant déjà connu des augmentations de prix dans les années 60, 70 et 80 – mais à la redistribution des richesses au sein des entreprises. Voici une habile pirouette intellectuelle par laquelle le ministre de l’Intérieur décharge l’État de ses responsabilités en faisant porter le poids de la situation actuelle au secteur privé.
Pourtant, lorsqu’on considère la rémunération des enseignants de l’Éducation nationale par rapport aux autres pays européens, les conditions de travail des personnels hospitaliers, ou encore les travailleurs non déclarés au ministère de la Justice (plus de 40.500 collaborateurs non déclarés selon un rapport de 2014), l’État français n’a pas vraiment de leçons à donner au secteur privé. Tout d’abord parce qu’il n’a pas accès à l’information nécessaire pour prétendre mieux gérer les entreprises que les patrons eux-mêmes, et encore moins la sphère économique dans toute sa complexité. Ensuite parce que l’État a aussi sa part de responsabilité dans la situation actuelle : certes, l’inflation n’est pas qu’un phénomène purement monétaire (cf. guerre en Ukraine), mais elle a tout de même été alimentée par les déficits publics et les politiques des banques centrales pendant plusieurs années, et dont l’État a été le premier bénéficiaire.
Rappelons qu’à l’Éducation nationale, le salaire moyen des enseignants français est inférieur de 7% à la moyenne des pays membres de l’OCDE en début de carrière, et de 22% en milieu de carrière. Dans l’hôpital public, la loi Rist, entrée en vigueur le 3 avril 2023, impose le plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires, et organise sciemment une pénurie dans les services en tension (urgences et anesthésies). Les exemples se cumulent : dans le domaine de la recherche, l’État a déjà été épinglé pour avoir eu recours à des CDD à la chaîne. Au moins, l’avantage avec le marché libre, c’est que les mauvais patrons du secteur privé finissent tôt ou tard par être sanctionnés et risquent de disparaître alors que l’État, lui, est en situation de monopole.
Article écrit par Élodie Messéant. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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