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Gilets jaunes: la question de la suite du mouvement posée

novembre 18, 2018 21:10, Last Updated: novembre 18, 2018 21:38
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Après avoir mobilisé samedi autant que certaines grandes manifestations syndicales récentes, la question de la suite du mouvement des « gilets jaunes » et de la réaction du gouvernement en l’absence d’interlocuteur identifié ou de structure centrale reste grande ouverte.

Près de 288 000 personnes se sont rassemblées samedi dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, un « succès » selon des experts des mouvements sociaux, surpris de voir cet événement parti des réseaux sociaux et organisé en dehors des partis politiques ou des syndicats, attirer autant de monde.

Le 9 octobre, lors de la dernière mobilisation interprofessionnelle nationale à l’appel de syndicats, dont la CGT, FO et Solidaires, 300 000 personnes avaient battu le pavé dans toute la France, selon les organisateurs, 160 000 selon le ministère de l’Intérieur.

Le 26 mai, lors d’une mobilisation inédite organisée par des partis politiques, des associations et des syndicats – qu’ils ont qualifiée de « marée populaire » contre la politique d’Emmanuel Macron – entre 250 000 et 280 000 personnes avaient répondu à l’appel dans toute la France, un peu plus de 93 000 selon le ministère de l’Intérieur.

Emmanuel Macron, en déplacement en Allemagne, ne s’est pas exprimé. Des blocages se poursuivaient dimanche.

Pour le moment, « on ne peut parler de mouvement social car il faut que cela s’inscrive dans la durée », souligne Stéphane Sirot, historien des mouvements sociaux.

Et comment installer un tel mouvement dans le temps ? Compliqué de le dire, répondent les experts, tant les « gilets jaunes » sont difficilement comparables avec des initiatives populaires précédentes comme les « bonnets rouges », en 2013.

Pour que le mouvement puisse durer, « il va nécessairement falloir que des porte-parole se coordonnent pour discuter des modalités des mobilisations à venir », estime le sociologue Alexis Spire dans le Journal du dimanche.

« L’existence des réseaux sociaux permet d’organiser des mobilisations en marge de toute organisation », rappelle-t-il, mais l’exemple de Nuit debout a aussi montré, selon lui, que « le mouvement peut s’éteindre presque aussi vite qu’il est apparu ».

Chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), Guy Groux qualifie pour sa part de « joyeux désordre » le mouvement pour l’instant, estimant aussi prématuré de savoir jusqu’où il va aller, en l’absence pour le moment de responsables ou de structure centrale « qui communique à la presse ou au pouvoir public de manière cohérente ».

Faut-il vraiment identifier un leader ? Stéphane Sirot relativise, estimant que si le mouvement s’installe, il va « forcément y avoir des leaders qui s’improviseront », notamment ceux qui ont déjà une expérience de militantisme syndical, politique ou associatif.

Et si la mobilisation dure, « nous aurons pour la première fois en France un mouvement social construit à partir des réseaux sociaux », contrairement aux « bonnets rouges » ou Nuit debout, souligne l’historien.

Il y avait alors « un minimum d’organisation au départ venant de militants avec une colonne vertébrale idéologique ou un passé militant ». Il fait plutôt un parallèle avec les « printemps arabes qui ont souvent démarré de manière spontanée via les réseaux sociaux ».

Côté syndicat, l’ampleur de la mobilisation n’a pas laissé indifférent Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. Lui qui avait refusé d’associer son syndicat à la mobilisation de samedi à cause de la présence de l’extrême droite, a appelé le soir-même Emmanuel Macron et Édouard Philippe à « réunir très rapidement les syndicats, les organisations patronales, les associations pour construire un pacte social de la conversion écologique ».

Un appel « judicieux » à renouer avec les corps intermédiaires que l’exécutif à tendance à contourner, analyse Guy Groux.

Mais pour ce chercheur, l’émergence des gilets jaunes montre plus généralement « une véritable faillite » de ces corps intermédiaires (syndicats, patronat, associations), « qui n’ont pas anticipé à ce genre d’événement et ne se sont pas attachés à l’organiser« .

Parmi les « gilets jaunes », « il y a des artisans, des petits entrepreneurs : que fait l’Union des producteurs agricoles (UPA) ou la La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) ? », pointe-t-il, en référence aux représentations patronales des artisans et des petites et moyennes entreprises (PME).

D. S avec AFP

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