POLITIQUE

Gouvernement Barnier : les tiraillements persistent au sein du camp présidentiel

septembre 21, 2024 9:50, Last Updated: septembre 21, 2024 10:00
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Après l’éclaircie de la veille, des nuages se sont à nouveau amoncelés vendredi sur la formation du gouvernement Barnier : le camp présidentiel reste tiraillé face à une équipe jugée trop droitière, le MoDem allant jusqu’à laisser planer le doute sur sa participation.

Même s’il devrait voir le jour ce week-end, l’exécutif de coalition naît donc dans la douleur, et la mauvaise humeur risque de teinter durablement le soutien du « bloc central », habitué depuis sept ans à gouverner sans partage.

Le MoDem, qui réclamait un équilibre allant des sociaux-démocrates à la droite, est le plus vocal sur ses réserves. « Le flotteur gauche n’y est pas. Il n’y a pas de signe tangible que ce gouvernement n’appliquera pas qu’une politique de droite », a protesté son porte-parole Bruno Millienne. Les députés MoDem sont « à 80% contre la participation » au gouvernement, a-t-il assuré à l’AFP.

Une réunion du groupe parlementaire devait trancher cette question épineuse vendredi après-midi. François Bayrou, patron du parti centriste, va « apaiser et trouver un consensus », voulait croire un cadre. D’autant qu’avec le ministère des Affaires étrangères promis à Jean-Noël Barrot et la Santé pour Geneviève Darrieussecq, le MoDem n’est pas mal loti.

Jeudi, deux semaines après sa nomination et alors que la révolte grondait dans les rangs macronistes, le Premier ministre avait fini par réunir tous les partis du centre et de droite susceptibles de le soutenir pour dissiper les tensions. Opération réussie : dans la foulée, Gabriel Attal, chef des députés du parti présidentiel, se targuait d’avoir arraché l’engagement « vital » qu’il n’y aurait pas de « hausse d’impôts sur les classes moyennes ». Et Michel Barnier pouvait aller à l’Élysée pour proposer à Emmanuel Macron son gouvernement.

« Pas habitués aux coalitions »

Il revenait de loin : deux jours plus tôt, le chef de l’État et ses troupes avaient retoqué une première ébauche qui penchait encore plus du côté des Républicains, et le ton était monté entre le centre et la droite.

« Le moment de tension, c’était normal, on n’est pas habitués aux coalitions », relativise un proche du président de la République. « Si on avait gagné les élections, ça se saurait. Il faut aussi faire face à la réalité », abonde un macroniste de la première heure qui se réjouit de voir ses amis sur des portefeuilles « structurants » comme l’Économie, le Travail ou l’Écologie.

Mais les grincements de dents ont rapidement repris, notamment dans l’aile gauche de la macronie. Visant d’abord la présence de personnalités jugées très à droite, comme Bruno Retailleau, attendu au ministère de l’Intérieur, et Laurence Garnier, initialement fléchée vers la Famille mais dont le cas a suscité une « alerte » d’Emmanuel Macron lui-même, en raison de ses positions contre le mariage homosexuel ou l’inscription de l’IVG dans la Constitution.

« On n’a levé aucune ambiguïté »

Le macroniste de la première heure s’attend d’ailleurs à « quelques pertes » dans le groupe présidentiel à l’Assemblée nationale, Ensemble pour la République (EPR), qui a déjà subi trois défections depuis les législatives. Mais au-delà, c’est tout le bloc central qui rumine. Plusieurs membres d’EPR préviennent qu’à part sur le budget, le groupe s’accordera une « liberté de vote » sur tous les sujets et notamment celui, sensible, de l’Aide médicale d’État pour les sans-papiers que certains à droite veulent supprimer. « La sortie du gouvernement restera toujours une option », menace l’un d’eux.

Avec un seul ministre de plein exercice attendu, Horizons, le parti d’Édouard Philippe, pourtant enthousiaste à la nomination de Michel Barnier, estime ne pas avoir « été bien traité », dit un de ses cadres. Un responsable de Renaissance, le parti présidentiel, égratigne aussi un Barnier « très présomptueux ». « Il est arrivé en nous faisant comprendre : ‘vous êtes des nullos, je vais redresser la barre’ », peste-t-il.

Surtout, met en garde un autre dirigeant de l’ex-majorité, malgré la réunion de jeudi, « on n’a levé aucune ambiguïté » sur la politique qui sera menée. « Aucune. Sur l’immigration, les impôts, la bioéthique… », énumère-t-il, estimant que les priorités listées par le Premier ministre, avant sa déclaration de politique générale le 1er octobre, n’étaient qu’une série de banalités.

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