Alexis Tsipras, le chef de l’opposition de gauche en Grèce, a annoncé jeudi sa décision de quitter la direction de son parti Syriza, quatre jours après sa cuisante défaite face à la toute puissante droite Nouvelle-Démocratie de Kyriakos Mitsotakis.
Ancien Premier ministre en pleine crise financière et migratoire entre 2015 et 2019, et aux rênes de son parti depuis 2009, Alexis Tsipras, 48 ans, a décidé de jeter l’éponge et annoncé des élections au sein de son parti au cours desquelles il ne sera pas candidat.
« Besoin de renouvellement et d’importantes réformes »
« Il y a des moments où il faut prendre des décisions cruciales », a dit ému Alexis Tsipras dans une déclaration aux médias à Athènes après une réunion du bureau exécutif de son parti.
« Un chapitre se ferme et un nouveau doit être ouvert pour notre parti » qui « a besoin de renouvellement et d’importantes réformes », a-t-il affirmé devant les journalistes à Zappeion, le bâtiment officiel des conférences de presse dans le centre d’Athènes.
Είναι ορισμένες στιγμές που καλείσαι να πάρεις κρίσιμες αποφάσεις απέναντι σε όσους σε πίστεψαν και απέναντι στον εαυτό σου. Αυτές τις αποφάσεις δεν τις παίρνω εν θερμώ. Οι αποφάσεις μου ξεπερνούν τον δικό μου ορίζοντα. Το βράδυ των εκλογών είπα πως ο ΣΥΡΙΖΑ έκλεισε τον κύκλο του…
— Αλέξης Τσίπρας – Alexis Tsipras (@atsipras) June 29, 2023
Dès dimanche soir, à l’annonce de premiers résultats partiels des législatives, Alexis Tsipras avait admis un « résultat négatif » pour son parti et évoqué « la nécessité de prendre des décisions difficiles ».
Syriza n’a recueilli que 17,84% des suffrages (48 sièges au Parlement), soit plus de 20 points d’écart avec la Nouvelle-Démocratie (ND) ne parvenant même pas à maintenir son score de 20% lors du précédent scrutin le 21 mai.
Son parti arrive en deuxième position après la droite ND qui a réussi son meilleur score de dernières décennies avec 40,55% des suffrages en s’assurant 158 sièges de députés sur les 300 que compte le parlement monocaméral grec.
« Poursuivre la bataille »
Lors du précédent revers du 21 mai, Alexis Tsipras avait reconnu avoir songé à démissionner, mais il a finalement décidé de « poursuivre la bataille ».
De nombreux analystes avaient alors estimé que ses jours à la tête de Syriza apparaissent désormais comptés. « J’ai l’habitude de ne pas prendre de décisions dans le feu de l’action », a dit ému jeudi le pugnace quadragénaire, qui avait incarné l’espoir de la gauche anti-austérité en Europe lors de son élection au pouvoir en Grèce en janvier 2015 en pleine crise financière. « J’ai pris le temps de réfléchir pendant trois jours pour décider avec sang-froid », a-t-il précisé.
Après un bras-de-fer avec les créanciers, UE et FMI, qui avaient alors agité la menace de la sortie du pays de l’euro, l’ancien Premier ministre avait dû se plier à leurs dictats pour une austérité stricte avant de réussir la sortie du pays de la crise et la reprise économique.
Rompant alors avec les durs de son parti, cet ancien communiste et « outsider » à l’époque d’une vie politique grecque dominée par de grandes familles s’ouvre au centre-gauche et réussit à nouveau à remporter les élections de septembre 2015.
« Quand j’ai été élu à la tête du parti, à l’âge de 34 ans, Syriza était un petit parti de gauche (…) avant de devenir la principale formation progressiste en Grèce », a rappelé jeudi Alexis Tsipras, premier leader au pouvoir de la gauche radicale dans son pays et l’Europe.
Un « voyage difficile »
Toutefois son revirement politique lui a coûté la perte de nombreux de ses sympathisants avant sa première défaite face à la droite de Kyriakos Mitsotakis aux législatives de 2019.
« Ce voyage difficile qu’on a fait avait des compromis et des décisions difficiles, des traumatismes et des usures », a-t-il reconnu.
Il a souligné que « la priorité maintenant était le nouveau Syriza, la qualité de notre démocratie, la résistance à la ND et le front contre l’extrême droite et le néofascisme qui a trouvé sa place au nouveau Parlement ».
Avec l’effondrement du Syriza, les élections de dimanche ont été marquées par un glissement à droite du Parlement grec et l’élection de députés de trois petites formations nationalistes ou d’extrême-droite.
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