« Halte à la taxe » : la filière hippique n’a pas assuré les courses jeudi, pour raison de grève

Par Epoch Times avec AFP
8 novembre 2024 09:48 Mis à jour: 8 novembre 2024 10:00

Plusieurs centaines de professionnels de la filière du cheval venus de toute la France ont manifesté à Paris jeudi pour protester contre un projet de taxation des paris hippiques, toutes les courses du jour ayant été annulées pour leur permettre de prendre part au mouvement.

Le cortège, parti en début d’après-midi de la place Denfert-Rochereau, a fini son parcours place Vauban à côté des Invalides en fin de journée, réunissant selon les organisateurs « entre 8000 et 10.000 personnes ».

Menés par les chevaux du cascadeur équestre et dresseur italien Mario Luraschi, les manifestants brandissaient des pancartes « Halte à la taxe », « Filière hippique en danger » et « Sauvons nos emplois », au son des sifflets et des vuvuzelas.

Parmi eux, des personnalités du hippisme comme l’entraîneur et driver Jean-Michel Bazire ou le jockey Clément Lefebvre, et aussi plusieurs députés dont Eric Woerth (Oise) ou Christophe Blanchet (Calvados).

« On n’est pas contre le gouvernement »

« On a réagi contre des amendements mortifères mais on n’est pas contre le gouvernement. On est conscient des problèmes budgétaires de la France actuellement mais on cherche un partenariat avec l’Etat qui nous aide à nous developper, et pas avec des surtaxes qui nous étouffent », indique à l’AFP Thibault Lamare, entraîneur de trotteurs et porte-parole des professionnels de la filière hippique.

C’est un amendement du gouvernement au projet de budget de la Sécurité sociale qui a mis le feu aux poudres la semaine dernière, prévoyant notamment d’augmenter la taxe sur les produits brut des jeux des paris hippiques, de 6,9% à 7,5% dans le réseau physique (PMU, hippodromes) et de 6,9% à 15% pour les paris en ligne.

La filière, qui évalue à « 35 millions d’euros par an » cette hausse de taxation, est financée par les courses et les paris.

« Des frais de 2500 euros par mois »

« Quand vous avez des chevaux, vous avez des frais. Le vétérinaire, les frais de pension, l’entraineur, le jockey, en moyenne c’est 2500 euros par mois. Vous les remboursez plus ou moins si votre cheval arrive dans les 5 premiers et touchez une allocation », explique à l’AFP Patrick Widloecher, 74 ans, propriétaire de 3 chevaux à Lamorlaye (Oise) venu manifester.

« Si les paris sont surtaxés, ils vont baisser, et les propriétaires auront moins d’allocations. Moi j’ai 3 chevaux, je pourrais me retrouver avec 2 », déplore-t-il.

Pour Thibault Lamare, « il est impératif de faire comprendre ce que représente notre filière. Le PMU est tenu par deux associations, tous les bénéfices servent à alimenter notre filière agricole. C’est un modèle français mondialement envié ».

Si l’amendement a depuis été retiré, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin se déclarant défavorable à un alourdissement de la taxation des paris hippiques, la filière craint qu’il ne revienne dans les débats au Sénat.

« Je pense que ce ne sera pas repris dans le 49.3, nous avons un gouvernement qui a parfaitement coopéré (…) vous pouvez compter sur nous (députés). La filière a été détruite en Allemagne et en Italie, la France doit être le fleuron de l’Europe dans ce domaine-là », a lancé au micro Éric Woerth à la fin de la manifestation, intervenant aux côtés d’autres politiques et des dirigeants des associations professionnelles.

Un amendement attendu vendredi

« Le PMU est régi par des lois très anciennes que nous demandons à faire évoluer pour améliorer les possibilités de création de jeux et améliorer le retour », a-t-il indiqué à l’AFP.

Un amendement attendu vendredi doit donner un nouveau périmètre aux jeux hippiques en permettant notamment d’introduire la possibilité de parier après le départ de la course, a développé Jean-Pierre Barjon, président de la Société LeTrot.

Fait rarissime, les courses ont été annulées jeudi dans les trois hippodromes où elles étaient prévues, un manque à gagner de 3 millions d’euros pour la filière, afin de permettre aux professionnels d’aller manifester.

« C’était une belle réussite, il y a eu du monde! C’est l’avenir de notre profession et de nos campagnes qui est en jeu », assure Christelle David, éleveuse près d’Alençon dans l’Orne.

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