Harris et Trump lancent des visions opposées sur le renforcement de l’économie américaine

Par Emel Akan, Jacob Burg & Andrew Moran
16 août 2024 20:01 Mis à jour: 21 octobre 2024 08:53

Alors que la course à la présidence de 2024 se resserre à seulement 80 jours du scrutin, la sécurité financière et l’inflation restent des questions primordiales pour les électeurs. Dans ce contexte, la vice-présidente Kamala Harris et l’ancien président Donald Trump présentent des visions opposées pour renforcer l’économie américaine.

Le 16 août, Mme Harris doit dévoiler un plan économique plus large qui aborde la question de l’accessibilité des prix pour les consommateurs, et notamment les efforts visant à restreindre les pratiques abusives.

Une fois élue, elle prévoit de proposer la toute première interdiction fédérale des « prix abusifs pratiqués par les entreprises dans les secteurs de l’alimentation et de l’épicerie », comme l’a déclaré sa campagne le 14 août.

Cette proposition fait suite à l’annonce par l’administration Biden, ce 15 août, d’un accord avec les laboratoires pharmaceutiques en vue de réduire les prix de dix des médicaments sur ordonnance les plus coûteux couverts par Medicare.

Trump a mis l’accent sur les prix et l’accessibilité dans sa tentative de retour à la Maison-Blanche.

Dans un discours prononcé le 14 août, l’ancien président s’est engagé à réduire les coûts de l’énergie en donnant la priorité au forage du pétrole et du gaz naturel. Il a également déclaré qu’il demanderait à son cabinet de « vaincre » l’inflation et de faire baisser les prix à la consommation. Lors d’une conférence de presse tenue le 15 août, il a souligné les coûts de l’épicerie et la demande d’énergie américaine.

Les données du département du Travail publiées cette semaine ont montré que l’inflation annuelle a ralenti pour passer sous la barre des 3 % pour la première fois depuis mars 2021. Ce rapport arrive à un moment crucial pour Biden et Harris, qui cherchent à faire passer le sentiment des électeurs de négatif à positif.

« Le rapport d’aujourd’hui montre que nous continuons à faire des progrès dans la lutte contre l’inflation et la réduction des coûts pour les ménages américains », a déclaré Biden dans un communiqué le 14 août.

Malgré l’atténuation des pressions inflationnistes, les consommateurs sont toujours confrontés à la hausse des prix, à l’augmentation des taux d’emprunt et au ralentissement du marché de l’emploi.

Dans l’ensemble, les prix ont augmenté de plus de 20 % depuis l’entrée en fonction de Biden en janvier 2021. Selon les données du Bureau américain des statistiques du travail, les prix de l’essence ont augmenté de près de 50 %, tandis que les prix de l’alimentation et du logement ont augmenté de 22 % chacun.

Un panneau affiche le prix de l’essence dans une station-service de Chicago, le 21 mai 2024. (Scott Olson/Getty Images)

En outre, le marché de l’emploi américain a connu un ralentissement significatif le mois dernier, le département du Travail ayant rapporté le 2 août que seuls 114.000 emplois avaient été créés. Le taux de chômage a également augmenté, passant de 4,1 % à 4,3 %, soit le niveau le plus élevé depuis octobre 2021.

Cette nouvelle surprenante a ébranlé les marchés, entraînant une chute brutale des principaux indices boursiers, qui ont fini par regagner leurs pertes dans les jours qui ont suivi la publication du rapport.

Il existe également des signes de ralentissement potentiel dans l’industrie manufacturière, une nouvelle enquête réalisée par la Banque fédérale de réserve de New York (Empire State) suggérant que l’activité commerciale dans l’État s’est affaiblie. Le rapport fait état d’une baisse des nouvelles commandes, d’une stagnation des livraisons et d’une chute de l’emploi, tandis que les heures de travail s’amenuisent.

Comme les consommateurs, les entreprises sont également confrontées à des coûts élevés, qu’il s’agisse de la main-d’œuvre, de l’énergie ou des matériaux. L’indice des prix à la production (IPP), qui mesure les prix payés par les entreprises pour les biens et les services, a augmenté de 25 % depuis janvier 2021.

Dans un sondage réalisé par The Economist/YouGov entre le 11 et le 13 août, 74 % des personnes interrogées ont déclaré que l’emploi et l’économie constituaient un problème « très important » pour le pays. En outre, l’inflation et les prix ont été considérés comme le problème le plus important par une majorité de 24 % des personnes interrogées.

Ce sondage confirme des études antérieures, qui ont montré à plusieurs reprises que l’économie est la préoccupation la plus pressante des Américains à l’approche des élections de novembre.

Alors que les électeurs se rendront aux urnes dans trois mois, les deux campagnes vantent leurs stratégies pour lutter contre la crise de l’accessibilité financière aux États-Unis.

L’économie selon Mme Harris

Afin de consolider son message économique, Mme Harris a organisé un événement commun avec Biden le 15 août dans le Maryland, au cours duquel ils ont discuté des progrès réalisés en matière de réduction des coûts des médicaments sur ordonnance.

Tous deux ont pris la parole lors du rassemblement du Prince George’s County Community College, le premier événement de ce type depuis que Biden s’est retiré de la course à la présidence et a soutenu Mme Harris le 21 juillet.

Ils ont fait l’éloge de leur administration, qui a réussi à conclure un accord avec les entreprises pharmaceutiques pour réduire les prix de dix médicaments de prescription utilisés dans le traitement des insuffisances cardiaques, des caillots sanguins, du diabète, de l’arthrite et de la maladie de Crohn.

La vice-présidente Kamala Harris prononce un discours aux côtés du président Joe Biden au Prince George’s Community College à Largo, dans le Maryland, le 15 août 2024. (Anna Moneymaker/Getty Images)

« Nous avons changé notre façon de voir l’économie », a déclaré Biden à ses partisans dans le Maryland.

Il a laissé entendre que Trump et les républicains du Congrès augmenteraient les coûts pour les familles de la classe moyenne tout en réduisant les impôts des milliardaires et des grandes entreprises.

Il a critiqué le concept de l’économie de ruissellement, notant que même certains présidents démocrates ont accepté l’idée que lorsque les riches s’en sortent bien, les bénéfices finissent par atteindre le reste de la société.

« Je n’ai pas vu un seul centime ruisseler jusqu’à la table de cuisine de mon père », a-t-il déclaré en vantant les mérites de son propre programme qui, selon lui, est axé sur la croissance de l’économie à partir du milieu vers l’extérieur et du bas vers le haut.

Les nouveaux prix des médicaments, qui entreront en vigueur en 2026, devraient permettre aux personnes âgées et aux autres bénéficiaires de Medicare d’économiser 1,5 milliard de dollars en frais directs au cours de la première année du programme, selon la Maison-Blanche.

L’événement organisé dans le Maryland a donné un aperçu de l’objectif poursuivi par la campagne de Mme Harris au cours des prochaines semaines : tenir les entreprises responsables de l’augmentation des prix. Mme Harris a souligné que, pendant des années, les grandes sociétés pharmaceutiques ont gonflé le coût de médicaments vitaux, les faisant souvent payer plusieurs fois le coût de production afin d’augmenter leurs profits. Ce message devrait être un thème récurrent dans les discours de campagne de Mme Harris.

« Il y a deux ans, en tant que vice-présidente, j’ai été fière d’exprimer le vote décisif qui a donné à Medicare le pouvoir de négocier et qui a permis au président de l’adopter », a-t-elle déclaré à ses partisans dans le Maryland, en faisant référence à la loi sur la réduction de l’inflation, qui a été promulguée en août 2022.

Le 16 août, lors d’un discours prononcé en Caroline du Nord, Mme Harris devrait demander au Congrès d’adopter une interdiction fédérale des prix abusifs dans le cadre de son plan économique visant à réduire les coûts, y compris les factures d’épicerie.

Elle devrait également souligner son engagement à faire en sorte que tous les Américains, et pas seulement les personnes âgées, puissent payer moins cher leurs médicaments sur ordonnance dans les années à venir.

La vision de Trump

La campagne de Donald Trump a mis l’accent sur les prix élevés et la production d’énergie lors de deux événements organisés le 15 août : la conférence de presse de Donald Trump dans son club de Bedminster, dans le New Jersey, et un rassemblement à New Kensington, en Pennsylvanie, organisé par son colistier, le sénateur JD Vance (Parti républicain – Ohio).

Debout à côté d’une table où se trouvaient des produits d’épicerie, notamment du café, des céréales, des bagels et du bacon, Trump a déclaré que les Américains de tous les jours devaient faire face à des prix excessivement élevés pour des dépenses courantes.

« Les prix des produits d’épicerie ont grimpé en flèche », a déclaré Trump, citant les coûts élevés du pain, du beurre, des préparations pour nourissons, des œufs et d’autres produits d’épicerie.

Le candidat républicain à la présidence, l’ancien président Donald Trump, tient une conférence de presse à l’extérieur du Trump National Golf Club Bedminster à Bedminster, N.J., le 15 août 2024. (Adam Gray/Getty Images)

Trump a critiqué le projet de Mme Harris visant à ce que le gouvernement fédéral limite les prix abusifs et a suggéré que cette mesure entraînerait des pénuries alimentaires et des augmentations de prix à long terme au lieu de réductions.

Au-delà de l’inflation, la ligne d’attaque centrale de la campagne sur la crise de l’accessibilité est la production d’énergie. Trump et Vance ont abordé ce sujet dans leurs deux discours, l’ancien président affirmant qu’il ferait « immédiatement baisser les prix » en augmentant la production de forage de pétrole et de gaz naturel.

Vance a abondé dans ce sens, soulignant les efforts des travailleurs du secteur de l’énergie dans l’ouest de la Pennsylvanie.

« Permettons à ces gens d’extraire le pétrole du sol », a déclaré Vance, en faisant référence au pétrole et au gaz naturel.

Vance a déclaré que l’augmentation de la production d’énergie crée des « opportunités économiques pour les gens » en réduisant le coût de fabrication et en facilitant le chauffage des maisons pendant l’hiver, ce qui laisse plus d’argent dans les poches des consommateurs pour d’autres dépenses.

Trump et Vance ont tous deux critiqué l’administration Biden-Harris sur la production d’énergie et ont suggéré que les deux ont donné la priorité à un programme qui limite le forage et la fracturation hydraulique.

Les États-Unis ont atteint un record de 13.300 barils pour la production de pétrole brut la semaine dernière, en hausse par rapport au précédent record de 13.000 barils atteint en février 2020 sous l’administration Trump. Les données suggèrent que la production de pétrole a régulièrement augmenté après avoir chuté pendant la pandémie de Covid-19.

Trump a également critiqué Mme Harris pour son vote décisif en faveur de l’adoption par le Sénat américain de la loi sur le plan de sauvetage américain, un projet de loi de relance économique de 1900 milliards de dollars destiné à soutenir la reprise après la pandémie, mais qui a également été lié à des augmentations de l’inflation.

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