Hong Kong était soumis à des pressions internationales croissantes jeudi en raison d’un projet de loi controversé sur l’extradition qui a plongé l’ancienne colonie britannique dans ses pires violences politiques depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
La police a fait usage mercredi de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes pour disperser les foules descendues dans la rue pour exiger du gouvernement qu’il renonce à son projet de loi visant à permettre les extraditions vers la Chine continentale.
Bloquant les artères principales en plein cœur de ce haut lieu de la finance mondiale, les protestataires ont paralysé la circulation et lancé divers projectiles sur les forces de l’ordre, dont des barres de fer et des pavés. Ils ont également tenté de faire irruption dans le Conseil législatif (LegCo) qui a dû renoncer à examiner le projet de loi en deuxième lecture.
Cette mobilisation faisait écho à l’immense mouvement pro-démocratie de l’automne 2014 qui avait paralysé des quartiers entiers de la mégapole pendant plus de deux mois. Les manifestants qui exigeaient l’élection du chef du gouvernement local au suffrage universel n’avaient pas arraché la moindre concession à Pékin.
Le texte suscite les critiques de pays occidentaux ainsi qu’une levée de boucliers de Hongkongais qui redoutent une justice chinoise opaque et politisée, et pensent que cette réforme nuira à l’image internationale et l’attractivité du territoire semi-autonome.
L’Union européenne vient d’ajouter sa voix à ce concert de préoccupations.
Elle « partage plusieurs inquiétudes soulevées par les citoyens de Hong Kong » et demande que les droits des manifestants soient « respectés ». Le texte a « des conséquences potentielles considérables pour Hong Kong et sa population, pour les citoyens européens et étrangers, ainsi que pour la confiance des entreprises à Hong Kong », a prévenu l’UE.
L’Etat de droit et le système judiciaire hérités du colonisateur britannique sont un facteur essentiel de la réussite économique de la place financière, où la Bourse ouvrait encore en baisse jeudi au lendemain d’un net recul.Le territoire de sept millions d’habitants avait déjà été le théâtre dimanche de la plus importante manifestation jamais organisée depuis 1997, celle-ci ayant réuni selon les organisateurs un million de personnes.
Malgré cette mobilisation exceptionnelle, les autorités hongkongaises refusent d’en rabattre et de retirer leur texte, même si on ignore pour l’heure quand pourraient reprendre les débats au LegCo. La cheffe de l’exécutif local, Carrie Lam a dénoncé des « émeutes organisées ». « Les émeutes qui touchent une société pacifique en ignorant la loi et la discipline sont inacceptables pour toute société civilisée ».
Les violences ont fait 79 blessés, dont deux dans un état grave.
« En termes de violences politiques, c’est la journée la plus grave depuis la rétrocession », a commenté l’analyste politique Dixon Sing, mettant en exergue les armes inédites utilisées par les forces de l’ordre et la détermination des manifestants. L’opposition au projet réunit un large spectre, avocats, organisations juridiques influentes, capitaines d’industrie, chambres de commerce, journalistes, militants et diplomates occidentaux.
Selon les autorités, le texte vise à combler un vide juridique et empêcher que la ville ne soit un refuge pour certains criminels. Elles assurent que des garde-fous existent en matière de liberté d’expression et que la loi ne visera pas les opposants politiques à la Chine. Mais les opposants craignent que les gens ne se retrouvent piégés par la justice chinoise, qu’il s’agisse des habitants de Hong Kong ou de ceux qui ne font que transiter par son aéroport.
La communauté internationale est inquiète. La Première ministre britannique Theresa May a jugé « vital » que le projet de loi n’empiète pas sur les dispositions de l’accord ayant présidé à la rétrocession. Londres est préoccupé « par les effets potentiels de ces propositions, compte tenu en particulier du grand nombre de citoyens britanniques vivant à Hong Kong », a-t-elle dit.
Au termes de cet accord conclu avec Londres, Hong Kong jouit d’une semi-autonomie et de libertés n’existant pas en Chine continentale et ce, en théorie, jusqu’en 2047. Le système « Un pays, deux systèmes » prévoit en particulier la liberté d’expression et l’indépendance de la justice.
Le président américain Donald Trump a espéré quant à lui que les manifestants trouveraient « une solution avec Pékin ». « Je comprends les raisons de ces manifestations. Mais je suis sûr qu’ils vont trouver une solution, j’espère qu’ils seront capables de trouver une solution avec la Chine ».
Après avoir évacué les rues par la force mercredi, les policiers semblaient déterminés à conserver le contrôle de la région semi-autonome. Les autorités ont fait fermer jeudi plusieurs voies de circulation ainsi qu’une station de métro proche du siège des organes de pouvoir. Un luxueux centre commercial situé à proximité était également fermé.
D.C avec AFP
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