Mi-août, le ministère de la Justice et le ministère des Ressources humaines (un super ministère qui regroupe plusieurs pôles dont celui de l’Éducation) ont annoncé leur intention de mettre fin à la filière universitaire consacrée à l’étude de la théorie du genre.
Si l’amendement proposé par le gouvernement est adopté par l’Assemblée, les élèves qui ont déjà entamé un cursus universitaire consacré à l’étude de la théorie du genre pourront le terminer, mais aucun nouvel étudiant ne sera autorisé à commencer un nouveau cycle à compter de l’an prochain.
Le ministère des Ressources humaines estime que cette filière controversée ne présente aucun intérêt pour les entreprises et qu’elle ne permet donc pas aux étudiants de s’insérer correctement sur le marché de l’emploi.
L’institution publique considère ainsi que les fonds alloués à cette filière par les universités seraient mal employés.
En outre, pour Zsolt Semjén, vice-Premier ministre de la Hongrie, la théorie du genre correspond à une idéologie et non à une science.
« Personne ne veut employer un ‘spécialise du genre’ et ces études ne sont donc pas nécessaires », a déclaré le numéro deux du gouvernement.
László Kövér – président de la Chambre des députés et membre du Fidesz, le parti du Premier ministre Hongrois Viktor Orban – est même allé plus loin en comparant la théorie du genre aux pseudo-sciences défendues par les membres du Parti national-socialiste allemand dans les années 1930.
Le parlementaire estime qu’il ne s’agit pas d’une science, mais bien d’une fausse sociologie combinée à une fausse biologie.
Les membres de la coalition gouvernementale – qui rassemble le Fidesz et le Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP) – dénoncent régulièrement la mainmise de la gauche sur l’enseignement, la culture et les médias.
La disparition programmée de l’enseignement de la théorie du genre en Hongrie s’inscrit d’ailleurs dans un mouvement de réformes culturelles plus global amorcé par le gouvernement de Viktor Orban.
Nombreux sont ceux parmi les députés de la coalition au pouvoir qui voient dans la théorie du genre, « une logique communiste ou le principe de la lutte des classes est transposé au combat entre les hommes et les femmes ».
Mais pour l’opposition, qui dénonce une atteinte à l’autonomie des universités et une nouvelle étape franchie par le gouvernement « dans sa guerre contre la science et l’enseignement », il s’agit au contraire d’un amendement inutile censé protéger les Hongrois d’un danger qui n’existe pas.
Seules deux universités hongroises proposent un cursus diplômant en théorie du genre actuellement.
Il s’agit de l’Université d’Europe Centrale (CEU) créée à l’initiative de George Soros en 1991, et de l’université publique Loránd Eötvös (ELTE) fondée au 17e siècle. Toutes les deux sont situées à Budapest.
13 étudiants se sont inscrits cette année en études de genre en Hongrie : 11 à l’ELTE et 2 à la CEU.
La CEU propose toutefois deux cursus différents qui débouchent soit sur l’obtention d’un diplôme hongrois, soit sur celle d’un diplôme américain.
Si l’amendement proposé par le gouvernement est adopté par les députés, le diplôme américain ne devrait pas être affecté.
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