La confrontation stratégique à long terme, comme celle entre les États-Unis et la Chine, n’est pas le sujet des gros titres des journaux 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ni des prédictions instantanées. Lorsque de très grands et puissants systèmes politiques, économiques et culturels entrent en conflit, c’est seulement au cours de longues années qu’on peut se rendre compte des gains stratégiques ou des pertes dommageables qui résultent de ce long processus d’affrontement.
Il y a environ 30 ans, le Parti communiste chinois (PCC) et ses agences de renseignement se sont rendu compte que la domination dans le domaine de la diffusion de l’information numérique serait un avantage décisif dans le combat à long terme pour la domination mondiale. Je parle de la diffusion de l’information numérique, car la domination dans les équipements et infrastructures d’une telle diffusion donne au dominateur l’avantage de fournir, de refuser ou de subvertir le contenu – qu’il s’agisse de nouvelles, d’opinions ou de divertissements. Si on peut contrôler un système ou pouvoir le pénétrer facilement, le manipuler ou le corrompre, on peut secrètement collecter des données sur les utilisateurs, les espionner et, comme dans le cas du régime totalitaire du PCC, se livrer à un chantage personnel et discret afin de faire avancer ses propres stratagèmes politiques et économiques.
Bloquer la voie au PCC vers la domination dans la diffusion d’informations à l’échelle mondiale et de ses avantages est un objectif stratégique qui a conduit les États-Unis à interdire les équipements fabriqués par le géant des télécommunications chinois Huawei, dont la cible principale est les systèmes de communication numérique 5G.
Huawei fonctionne également comme une « société de cut-out » des agences de renseignement qui espionnent pour le compte du PCC. En août dernier, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a qualifié Huawei de « branche de l’État de surveillance du PCC ». Il a également fait allusion aux plans stratégiques du régime chinois lorsqu’il a annoncé de nouvelles mesures économiques et diplomatiques pour protéger la sécurité et la vie privée des Américains et « l’intégrité de notre infrastructure 5G contre l’influence malveillante de Pékin ».
L’Amérique a commencé à riposter il y a à peine trois ans. Malheureusement, avec sept à dix ans de retard, car Huawei s’est déjà ancré dans les réseaux numériques du monde entier.
Aujourd’hui, les systèmes de communication sans fil 5G de « prochaine génération » représentent un vrai champ de bataille pour l’information. La 5G a la capacité de connecter les téléphones portables, l’Internet et l’Internet des objets – tous les appareils numériques – ce qui pourrait inclure même le contrôle sur les barrages hydroélectriques.
Trois entreprises de pays démocratiques disposent de technologies 5G supérieures à celles de Huawei. Nokia en Finlande, Ericsson en Suède et Samsung en Corée du Sud sont les numéros 1, 2 et 3 mondiaux en matière de brevets de télécommunication standard et essentielle.
Cependant, Huawei dispose des atouts qui manquent à ses supérieurs intellectuels : l’argent du PCC, son influence politique et la puissance camouflée des espions et de la police du régime. Selon certaines sources, Huawei a reçu de 75 à 80 milliards de dollars de Pékin. Cet argent a servi à promouvoir les ventes de Huawei en garantissant le financement et en subventionnant les taux d’intérêt. Le système du « financement préférentiel » signifiait que Huawei pouvait offrir à un pays pauvre un système de communication trop bon marché pour être refusé.
Si un pays ou une entreprise rechigne à le faire, les espions et les diplomates du PCC identifieront le personnel des entreprises et les bureaucrates du gouvernement qui peuvent être bernés, soudoyés ou soumis à un chantage. Pékin influence également les entreprises non chinoises en utilisant des investissements acheminés par des sociétés à propriété opaque.
Bien que Nokia, Ericsson et Samsung soient des fournisseurs supérieurs, ils ne peuvent pas concurrencer un État-parti combinant des pouvoirs commerciaux, financiers, diplomatiques, médiatiques et d’espionnage pour soutenir les opérations de Huawei.
En février dernier, Bill Barr, le procureur général des États-Unis, a suggéré de former un consortium des entreprises privées des pays démocratiques pour fabriquer des équipements 5G. Il a recommandé aux sociétés américaines de faire équipe avec Nokia et Ericsson.
Cela doit se faire. L’attaque américaine sur Huawei est en fait une réponse au PCC qui utilise Huawei comme une arme dans sa lutte stratégique. Le PCC aime l’argent, mais son objectif final est la domination mondiale et pas de battre Nokia ou Ericsson pour obtenir un contrat.
L’offensive diplomatique et juridique des États-Unis contre Huawei progresse. Trois fournisseurs canadiens de 5G – dont Bell Canada – n’utiliseront pas ses équipements. En juillet, la Grande-Bretagne a décidé d’interdire et de retirer les produits Huawei de ses réseaux 5G. Malheureusement, cette interdiction ne prend effet qu’en 2021, et les opérateurs britanniques ont jusqu’en 2027 pour retirer les équipements Huawei déjà installés.
Bien que la chancelière allemande Angela Merkel s’oppose à l’interdiction pure et simple de Huawei, les législateurs allemands ont l’intention d’adopter une loi sur la sécurité des technologies de l’information qui restreindra les vendeurs à haut risque. Telefonica Deutschland a déjà décidé que son nouveau réseau 5G utilisera Ericsson parce que « le fournisseur suédois garantirait la sécurité » de ses services 5G.
C’est un petit pas vers la défaite du PCC.
Austin Bay est auteur, chroniqueur et professeur de stratégie et de théorie stratégique à l’Université du Texas. Son dernier livre s’intitule Cocktails from Hell: Five Wars Shaping the 21st Century (Cocktails de l’enfer : cinq guerres qui façonnent le XXIe siècle).
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