Dans un entretien publié ce mercredi 27 novembre par « Le Figaro », l’ancien proviseur du lycée Maurice Raval, menacé de mort en février pour avoir demandé à des élèves de retirer leur voile, est longuement revenu sur cette affaire qui l’a contraint malgré lui à démissionner.
Il peine encore à comprendre comment les évènements ont pu s’enchaîner de la sorte. Plusieurs fois menacé de mort pour avoir demandé à des élèves de retirer leur voile, Philippe Le Guillou, l’ancien proviseur du lycée Maurice Ravel, dans le XXe arrondissement de Paris, est revenu auprès de nos confrères du Figaro sur l’incident qui l’a conduit à la démission pour sa propre sécurité.
Le 28 février 2024, Philippe Le Guillou demande à plusieurs élèves de retirer leur voile au sein de l’établissement scolaire. Une seule s’opposera catégoriquement à son ordre. Le lendemain, plusieurs menaces de mort avaient été publiées en ligne, dont celle d’Ibni-Akram Assoumani, un homme de 27 ans, qui avait appelé à « brûler vif » le proviseur sur le réseau social X. Ce dernier a été condamné à 600 euros d’amende et à un stage de citoyenneté, sans inscription au casier judiciaire.
« Il a été reconnu coupable, c’est important », s’est satisfait l’ex-proviseur, avant de reconnaître : « Après le tollé général et les nombreux messages d’amis et de collègues que j’ai reçus, j’ai compris que cette peine était faible et qu’elle envoyait un message négatif au personnel de l’Éducation nationale. » Mi-mars, un autre individu, interpellé dans le cadre de cette affaire, a été relaxé à Lisieux (Calvados). Néanmoins, le parquet a fait appel.
En ce qui concerne sa démission, celle-ci n’était pas prévue au programme. « C’était une demande du rectorat. Il ne me disait pas explicitement que j’étais en danger mais voulait s’assurer du risque zéro. Selon moi, cette recommandation avait plus à voir avec la mort de Dominique Bernard [professeur de lettres assassiné le 13 octobre 2023 à Arras (Pas-de-Calais)] qu’avec le danger réel de ma situation. »
« Certains déclaraient vouloir me couper la tête »
Les menaces de certains élèves ont profondément marqué celui qui a passé 44 ans dans l’Éducation nationale, dont 30 comme personnel de direction. « Seulement 48 heures après l’évènement, il y a eu un blocus devant la cité scolaire », a-t-il expliqué, en affirmant être rapidement devenu « le sujet principal » de cette manifestation : « Il y avait des pancartes « Le Guillou démission », « lycéenne frappée, proviseur en danger », « les lycéens s’organisent contre leur proviseur raciste et islamophobe » ». « On m’a même rapporté que certains déclaraient vouloir me couper la tête. On voit le lien que l’on peut faire avec Samuel Paty… »
Pour ne pas que la situation dans les établissements scolaires empire, l’homme de 64 ans appelle tout le personnel éducatif (professeurs, surveillants, proviseurs…) à « ne surtout pas fléchir. Mais pour y arriver, il faut que les professeurs et les proviseurs soient soutenus par leur hiérarchie. » « Si je dois résumer, avant, les atteintes à la laïcité étaient un problème parmi d’autres. Aujourd’hui, c’est l’un des principaux maux de l’école. Il y a une volonté d’entrisme de certains extrémistes », a encore ajouté l’ancien fonctionnaire.
Pour le moment, le proviseur confie vouloir conserver une certaine forme d’anonymat. « J’ai même renoncé à un projet de livre car la maison d’édition imposait que je montre mon visage sur la couverture. Tout cela est pesant. Je ne crains pas une fatwa mais je crains de tomber sur un dingue qui me reconnaîtrait par hasard. »
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