Une variété de banane génétiquement modifiée pour résister à la maladie de Panama, et baptisée QCAV-4, fait actuellement l’objet d’un examen par l’Université de technologie du Queensland en Australie afin d’être cultivée à des fins commerciales.
Sandra Cuthbert, PDG de Food Standards Australia New Zealand, a souligné dans un récent communiqué de presse que si la demande était approuvée, les produits dérivés de cette banane génétiquement modifiée (OGM) seraient autorisés à la vente.
La création de cette variété de banane est le résultat de recherches par le professeur James Dale de l’université technologique du Queensland (QUT), qui a dirigé le développement de la QCAV-4 avec son équipe. Il y a consacré vingt ans de sa vie.
Initialement soutenu par une subvention d’environ 10 millions de dollars de la Fondation Bill et Melinda Gates en 2014, leur projet de biofortification vise à l’origine à remédier à la carence en vitamine A des populations africaines en introduisant des bananes OGM dans des pays comme l’Ouganda.
Les critiques remettent en question la nécessité des bananes OGM
Toutefois, cette initiative ne fait pas l’unanimité, notamment en Ouganda, où des militants comme Bridget Mugambe, de l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique, doute de la nécessité d’une telle démarche.
Elle écrit : « Ce qui échappe à la Fondation Gates, c’est l’existence de diverses sources alternatives d’aliments riches en vitamine A qui sont faciles à planter et à obtenir en Ouganda. Le besoin de cette banane génétiquement modifiée riche en vitamine A est clairement présumé et pourrait malheureusement finir par détruire un aliment qui est au cœur même de notre tissu social ».
Des personnalités politiques ougandaises, telles que Nsaba Buturo et Joy Waako, s’opposent activement à l’introduction des OGM, invoquant des préoccupations liées à la souveraineté alimentaire et aux conséquences environnementales, et assimilant les OGM à une forme de colonisation susceptible de mettre en péril l’agriculture traditionnelle et les écosystèmes locaux.
Selon M. Buturo : « L’alimentation est le domaine dans lequel nous, les Africains, avons encore un certain degré de souveraineté, mais dès qu’ils nous l’enlèvent, nous serons finis ».
Joy Waako, députée ougandaise pour les personnes âgées, abonde dans ce sens : « Ces OGM ne sont pas compatibles avec nos semences traditionnelles, car ils abîment nos sols. Il faut ajouter des pesticides pour obtenir de bons rendements ».
L’insertion de gènes d’une banane de Papouasie-Nouvelle-Guinée dans la banane OGM destinée à l’Ouganda pourrait s’assimiler à de la biopiraterie potentielle, car les communautés autochtones n’ont ni été consultées ni bénéficié de son utilisation dans le projet d’OGM.
Les critiques ont également souligné que de nombreux cultivars de bananes riches en bêta-carotène existent déjà dans le monde, remettant en question la nécessité d’introduire une variété génétiquement modifiée.
En outre, des inquiétudes ont été soulevées quant à la sensibilité des bananes Cavendish aux maladies et à l’utilisation potentielle d’une grande quantité de produits chimiques pour protéger la culture.
Autres préoccupations
Ce projet actuel de banane OGM avec un gène marqueur antibiotique soulève des questions telles que : s’il y avait une monoculture commerciale de bananes Cavendish et qu’une nouvelle variante de la maladie de Panama apparaissait, que se passerait-il alors ?
La maladie de Panama existe dans le sol depuis des milliers d’années, mais lorsque les compagnies bananières ont planté des champs uniformes de Cavendish en Asie il y a 20 ans, elles ont déclenché la maladie.
L’université QUT argue que la commercialisation de la banane OGM n’est pas prévue dans l’immédiat.
Le professeur Dale a déclaré : « Si cettemaladie se développe [en Australie] comme elle l’a fait aux Philippines… nous avons cette banane dans notre poche et nous serons en mesure de l’utiliser ».
Le débat ne se limite pas à l’Ouganda mais touche également à des préoccupations plus larges, notamment le développement de super mauvaises herbes, l’augmentation de l’utilisation des pesticides et la domination de quelques entreprises sur le marché des semences OGM.
Les groupes d’opposition soulignent les risques potentiels associés aux OGM, tels que la résistance aux antibiotiques, les problèmes de santé, la contamination de l’environnement et le contrôle des pratiques agricoles par les entreprises.
Si les défenseurs des OGM affirment qu’ils permettent d’améliorer la qualité des aliments, de faciliter la culture, d’augmenter les rendements et de réduire la dépendance à l’égard des produits chimiques, les risques et les conséquences potentiels associés à la culture des OGM sont étroitement surveillés par l’autorité de régulation du génie génétique.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.